Cahiers Benjamin Fondane n° 21, « Entre mystique et philosophie. Retour à Titanic », Société d’études Benjamin Fondane, 2018
Ce vingt-et-unième cahier commence, après l’éditorial, par un texte plein de poésie, « Sinaïa », au début duquel Benjamin Fondane avoue : « Ce soir, je suis sentimental. ». Ainsi permet-il au lecteur de prendre son élan pour affronter l’inédit qui suit, plus austère, mais d’un intérêt qui mérite les études qu’il suscite.
« L’idée vulgaire que l’on se fait du mystique c’est qu’il a peu à partager avec le philosophe ; le second est un homme de savoir, le premier un homme de cœur. De toutes façons le second cherche la vérité, le premier le salut, la sainteté. L’un décrit Dieu, l’autre le cherche. Cela est vrai, et pourtant… le philosophe, s’il n’a pas l’élan du mystique, n’en a pas moins l’ “enthousiasme” ; il ne cherche pas le salut mais la solution ; il n’ambitionne pas la joie mais la béatitude ; s’il ne veut le repos, le sommeil, il veut néanmoins la tranquillité, la sérénité ; il ne cherche pas Dieu mais “le divin” ; et s’il ne devient pas Dieu, il ne devient pas moins le “divin”. ». Nous sommes là au cœur des « Notes sur la mystique », ce texte rédigé sans doute entre 1939 et 1941. Les analyses qui suivent sa restitution intégrale relèvent de l’éclairage sur sa forme et son contenu, notamment sur « la question de la foi » (Monique Jutrin), puis de la contextualisation (Margaret Teboul) et des parallèles ou références (Serge Nicolas, Alice Gonzi, Saralev Hollander, Gabriela Bal), voire de l’examen minutieux d’une brève formule, « vérité emancipata a Deo » (Auélien Demars), car « s’il n’est pas une vétille, le détail est la profondeur qui émerge en surface d’un texte ».
La deuxième partie du volume est consacrée à Titanic, dont le Cahier 12 avait commenté la genèse, et dans lequel, ici, Évelyne Namenwirth étudie la notion de temps, Agnès Lhermitte les « fraternités urbaines » et Heidi Traendlin « le bestiaire ». La reproduction d’un autre texte de Fondane sur Denis de Rougemont sert de base à Éric de Lussy pour développer la « contradiction cordiale » qui a marqué les rapports entre les deux écrivains. Puis il s’agit de « Fondane et Alendy » par Dominique Guedj. Un autre texte de Fondane, « Criza » (1922), est traduit et commenté (« lucidité, liberté d’esprit ») par Carmen Oszi, précédant un fort intéressant relevé des textes traduits en roumain par Fondane, dont l’édition, préparée par Roxana Sorescu, verra le jour sous peu, espérons-le.
Les « rencontres » de Peyresq, consacrées chaque été à Benjamin Fondane, deviennent l’« École de Peyresq », une école très libre, « un groupe d’êtres réunis par un esprit commun », suggère Monique Jutrin. Souhaitons que cette « école » produise longtemps encore les beaux Cahiers consacrés à l’écrivain.
Jean-Pierre Longre
Sommaire de ce numéro :
Éditorial
- Éditorial
- « Sinaia », Benjamin Fondane, traduit par Odile Serre
• Entre mystique et philosophie
- Notes sur la mystique, Benjamin Fondane
- Un texte apologétique, Monique Jutrin
- Fondane et la mystique dans les années trente et quarante, Margaret Teboul
- Lévy-Bruhl , les primitifs et la mystique, Serge Nicolas
- La question du Mal, Alice Gonzi
- D’un détail pélagien chez Fondane, Aurélien Demars
- La voix juive : la valeur de vie, Saralev Hollander
- Échos de Plotin, Gabriela Bal
- En marge des notes sur la mystique, Benjamin Fondane
• Retour à Titanic
- Présentation, Monique Jutrin
- Titanic, un temps particulier ?, Evelyne Namenwirth
- Fraternités urbaines dans Titanic,, Agnès Lhermitte
- Le bestiaire de Titanic,, Heidi Traendlin
• Études
- Compte rendu de Politique de la personne, Benjamin Fondane
- Fondane et Rougemont : « une contradiction cordiale », Eric de Lussy
- Fondane et Allendy, Dominique Guedj
• Domaine roumain
- « La crise », Benjamin Fondane
- La crise de l’esprit au lendemain de la Grande Guerre, Carmen Oszi
- Textes traduits en roumain par Fondane, Roxana Sorescu
• En mémoire
- Isi Zultak
- Claude Hampel
- André Montagne
- Eve Griliquez
• Informations
• Bibliographie sélective
• Collaborateurs
http://www.benjaminfondane.com
http://jplongre.hautetfort.com/tag/benjamin+fondane
http://livresrhoneroumanie.hautetfort.com/apps/search?s=Fondane&search-submit-box-search-236757=OK
Luminitza C. Tigirlas, Noyer au rêve, préface de Xavier Bordes, Éditions du Cygne, 2018
Lionel Duroy, Eugenia, Julliard, 2018
Marion Le Roy Dagen, Xavier-Marie Bonnot, L'enfant et le dictateur, Belfond, 2018
Elena-Brânduşa Steiciuc, Francophonie & diversité, Editura Universităţii « Ştefan cel Mare » Suceava, 2017.
Présidente de l’ARDUF (Association Roumaine des Départements Universitaires Francophones),
Radu Bata, Survivre malgré le bonheur, Jacques André éditeur, 2018
Irina Teodorescu, Celui qui comptait être heureux longtemps, Gaïa, 2018
Eugène Ionesco, Le blanc et le noir, Gallimard, L’imaginaire, 2017
Les questions que se pose l’auteur à propos de cette œuvre graphique sont celles qu’il se pose à propos de son œuvre écrite. Les commentaires qui relient les images sont parcourus de réflexions non seulement sur le dessin, mais aussi sur la vie et la mort, sur le remords, sur la foi et la religion, sur le théâtre (qui « parle trop » !), sur le silence et le besoin de sérénité. Et la sincérité toujours, qui permet à l’auteur d’insister sur ses propres contradictions – contradictions et dualité qui, en fait, nourrissent son œuvre : « Je me contredis tout le temps, j’affirme tantôt ceci, tantôt cela. » : blanc et noir, oui et non, bien et mal, tragique et comique, avec ces aveux : « Dès ma première pièce de théâtre, je me suis pris à vouloir écrire la tragédie du langage : ce fut comique. […] Tout ce que je dis est double. […] Il y a peu de choses qui séparent l’horrible du comique. ». C’est écrit à propos du théâtre, mais les lithographies qui composent ce livre en sont une illustration expressive, et un aveu de plus.
Marin Karmitz, Caroline Broué, Comédies, Fayard, 2016
Journal
L’intranquille
L’Année Francophone Internationale
Le Haïdouc
Revue Europe n°1061-1062, septembre-octobre 2017. Tristan Tzara, Kurt Schwitters.
Isabelle Scherer, La fuite des poulets roumains, Librinova, 2017
Richard Edwards, Chroniques de Roumanie, Transboréal, 2017
Richard Edwards, Bucarest, 77, boulevard Dacia, photos de Tomo Minoda, dessins de Matei Branea, éditions Non Lieu, 2016