Livres Rhône RoumanieRecension des publications franco-roumaines2024-03-08T19:00:01+01:00All Rights Reserved blogSpiritHautetforthttp://livresrhoneroumanie.hautetfort.com/livresrhôneroumaniehttp://livresrhoneroumanie.hautetfort.com/about.htmlUne enfance en Moldavie soviétiquetag:livresrhoneroumanie.hautetfort.com,2024-03-08:64886852024-03-08T19:00:01+01:002024-03-08T16:07:00+01:00 Lorina Bălteanu, Cette corde qui m’attache à la terre , traduit du...
<p style="text-align: justify;"><strong><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif;"><img id="media-6517240" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://livresrhoneroumanie.hautetfort.com/media/02/02/2139006381.jpg" alt="Roman, Moldavie, Roumanie, Lorina Bălteanu, Marily Le Nir, Éditions des Syrtes, Jean-Pierre Longre" width="107" height="178" />Lorina Bălteanu, <em>Cette corde qui m’attache à la terre</em>, traduit du roumain par Marily le Nir<span style="color: black;">, <span style="font-family: 'Verdana',sans-serif; background: white;">Éditions des Syrtes,</span> </span>2024</span></strong></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif;">Années 1960-1970. En brefs épisodes, une fillette raconte sa vie quotidienne dans un village où se mêlent traditions rurales et contraintes plus ou moins explicites dues au régime en vigueur – le pays qui est devenu en 1991 la République de Moldavie étant alors intégré à l’URSS. Cela pour l’environnement extérieur. Mais il y a plusieurs couches de lecture dans cette narration menée avec une grande finesse : les relations familiales, avec les frères et sœurs, les parents (« Maman veut que Papa soit comme elle le veut, elle »), les grands-parents, si différents les uns des autres, sans oublier la famille éloignée ; les relations avec d’autres enfants et des figures marquantes du village, la guérisseuse, la bibliothécaire, le « beau garçon » qui « a fait le malheur de bien des filles », et surtout de celle qu’il a épousée, le milicien, Ileana qui a mauvaise réputation…</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif;">Et surtout, la vie intérieure de la fillette qui manifeste un sens aigu de l’observation tout en se laissant aller à des désirs d’ailleurs, qui fait preuve d’une intelligence précoce alliée à une fraîche naïveté enfantine. Elle combat les soucis de la vie et les petites ou grandes vexations en rêvant et en s’appropriant lucidement ses rêves : « Moi, j’aime tous mes rêves et je ne veux pas les mélanger avec ceux de mes frères. » Parmi les incitations, il y a surtout la « tante Muza », qui vit à Bucarest et dit connaître Paris. « Je parcours le monde en pensée, avec elle, parfois je vais encore plus loin, là où elle n’est pas encore parvenue, et même la voix fâchée de maman ne peut pas me faire revenir. » En fait, les gestes familiers et les petites préoccupations de la vie quotidienne sont essentiellement tournés vers l’hypothétique départ, espoir et lucidité mêlés : « La nuit, quand l’envie de partir me reprend, je sors ma lampe de poche de sous l’oreiller et, à sa lumière, je recompte mes sous à l’insu de tous. Il n’y en a pas encore assez. Moi, je veux partir loin et, pour ça, il m’en faut encore plus. »</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif;">Il n’y a apparemment rien d’exceptionnel dans ce livre. Vie familiale, vie sociale, vie scolaire, échappées réelles et imaginaires… Mais Lorina Bălteanu qui, née en Moldavie et vivant à Paris, connaît bien le contexte de son sujet, sait parfaitement camper des ambiances et montrer les vicissitudes de la vie à travers les mots d’une enfant qui n’hésite pas à dire ce qu’elle a à dire, qui n’a pas froid aux yeux – des yeux qu’elle a vifs et acérés (d’ailleurs la plupart du temps elle « rêve les yeux ouverts »). Et si la matière narrative est puisée dans un réel historiquement et géographiquement précis, l’autrice la transforme en un récit dont la portée est à la fois générale et profondément humaine. C’est là le véritable art du roman. </span></p><p align="right"><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif;">Jean-Pierre Longre</span></p><p><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif;"><a href="https://editions-syrtes.com">https://editions-syrtes.com</a> </span></p><p><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif;">Parution le 22 mars 2024</span></p>
livresrhôneroumaniehttp://livresrhoneroumanie.hautetfort.com/about.htmlNouveau manuel de survie poétiquetag:livresrhoneroumanie.hautetfort.com,2024-02-09:64844382024-02-09T11:57:45+01:002024-02-09T11:57:45+01:00 Radu Bata, L’amertume des mots doux , « adages ma non...
<p style="text-align: justify;"><strong><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif;"><img id="media-6510892" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://livresrhoneroumanie.hautetfort.com/media/00/01/83056006.jpg" alt="poésie, adages, images, francophone, roumanie, radu bata, gwen keraval, rodica costianu, éditions unicité, Jean-Pierre Longre" width="116" height="163" />Radu Bata, <em>L’amertume des mots doux</em>, « adages ma non troppo », <span style="font-family: 'Verdana',sans-serif; color: #3d3d3d; background: white;">Éditions Unicité, 2024</span></span></strong></p><p style="background: white; text-align: justify;"><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif; color: #3d3d3d;">Les multiples talents littéraires de <a href="http://jplongre.hautetfort.com/tag/radu+bata"><span style="color: #0066cc;">Radu Bata</span></a> ne sont plus à démontrer. Mais pour le plaisir de l’inventaire et pour le rafraîchissement de la mémoire, on peut en rappeler quelques-uns. Inventeur des « poésettes » destinées à mettre la poésie à la disposition de qui en veut, traducteur et propagateur de la poésie roumaine dans le monde francophone, avec à son actif et jusqu’à ce jour trois (3 !) volumes de <em><span style="font-family: 'Verdana',sans-serif;">Blues roumain</span></em>, prolifique compositeur de recueils de textes brefs et denses, que modestement il a intitulés, par exemple, <em><span style="font-family: 'Verdana',sans-serif;">Mine de petits riens</span></em>, mais qui, s’ils sont effectivement une mine, ne sont pas rien, il poursuit maintenant avec un titre aussi oxymorique que prometteur, <em><span style="font-family: 'Verdana',sans-serif;">L’amertume des mots doux</span></em>. Double promesse tenue.</span></p><p style="background: white; text-align: justify;"><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif; color: #3d3d3d;">Doux ou amers, doux et en même temps amers, les mots sont quoi qu’il en soit de la fête. Passés à la moulinette de l’imagination (voir l’illustration fantastique de couverture par Gwen Keraval) et de leur musique propre, ils font feu de tout bois entre terre et ciel, entre océan et soleil, entre amour et mort, entre horizon et nuages, ces nuages chers à l’auteur et qui, avec « l’air de la mer », permettent de « tenir / dans ce monde qui expire. » Les nuages et, bien sûr, la poésie (car oui, malgré ses dénégations, Radu Bata est bien un poète), authentique « manuel d’entraînement / pour survivre en milieu hostile. » Car il ne faut pas s’y tromper, si fête des mots il y a (on y reviendra), le vertige du temps, l’espoir et le désespoir, le « désert des hommes », l’incessant sentiment de l’exil, « chemin qui ne finit jamais » ou « mariage blanc avec une veuve noire » – tout cela laisse à penser que l’amertume est le moteur de la moulinette.</span></p><p style="background: white; text-align: justify;"><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif; color: #3d3d3d;">Mais Radu Bata ne s’en laisse pas compter, et chez lui l’invention est une arme de combat, qui sous la douceur cache une redoutable efficacité. S’il est resté fidèle aux mots de sa langue natale, ceux de sa langue d’adoption n’ont pas de secrets pour lui, et il en joue sans vergogne : polysémie, jeux sonores, associations verbales, images surprenantes, mystérieuses résonances lexicales que soulignent les dessins de Rodica Costianu, tracés en courbes suggestives au fil de la plume… Et n’oublions pas l’humour, dont l’auteur a un sens aigu et dont il ne s’est jamais départi, exorcisant ainsi, entre autres, l’angoisse du « désamour » et de l’errance permanente. Voyez le dernier texte, un poème intitulé « Mon parcours professionnel dit avec des fleurs ». Tout un programme… Évidemment, le chroniqueur aurait envie de multiplier les citations ; mais il ne serait plus chroniqueur. Alors il se contentera de finir ainsi : « Le poète est devin / il sait de quoi sont faits les ciels de demain » ; ou, si l’on préfère : « L’écrivain est un globe-trotter / qui tourne autour de son nombril ». Poète ou écrivain, les deux en fait, il est toujours en mouvement, et c’est à ce prix qu’il survit et nous aide à survivre.</span></p><p align="right"><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif;">Jean-Pierre Longre</span></p><p><a href="http://www.editions-unicite.fr/"><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif; color: #0066cc; background: white;">www.editions-unicite.fr</span></a> <span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif;"> </span></p><p><a href="http://jplongre.hautetfort.com/tag/radu+bata"><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif;">Radu Bata</span></a></p><p> </p>
livresrhôneroumaniehttp://livresrhoneroumanie.hautetfort.com/about.htmlL’insoumission des motstag:livresrhoneroumanie.hautetfort.com,2023-10-27:64681082023-10-27T10:02:03+02:002023-10-27T10:02:03+02:00 Luminitza C. Tigirlas, Le dernier cerceau ardent , Éditions du Cygne,...
<p style="text-align: justify;"><strong><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif;"><img id="media-6485292" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://livresrhoneroumanie.hautetfort.com/media/00/00/2728621694.jpg" alt="Poésie, francophone, Moldavie, Roumanie, Luminitza C. Tirgilas, Éditions du Cygne, Jean-Pierre Longre" width="109" height="169" />Luminitza C. Tigirlas, <em>Le dernier cerceau ardent</em>, Éditions du Cygne, 2023</span></strong></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif;">Ce recueil est composé de quatre parties d’inégale longueur : « Au fil du a », bref ensemble de poèmes numérotés de (a) à (a3), où semble dominer la vie domestique et familiale (la mère, le père, les enfants) ; « Saigner un trou à la faux », aux poèmes numérotés de I à IX, et dans lesquels apparaissent des motifs religieux (« Dieu maternel ») mêlés parfois à des considérations linguistiques ; « Dieu-Haleur », la section la plus longue, dans laquelle ce mystérieux Dieu, secondé (ou contrecarré ?) par un non moins mystérieux « Aiguilleur-du-Ciel-sonneur », opère des mouvements divers dans l’espace, dans le temps, dans le langage ; les derniers poèmes, réunis sous le titre « en boule des mots je m’enroule », répondent à ce qu’annonce ce titre, avec significativement un texte dédié à Gherasim Luca et à son recueil poético-épistolaire <em>Levée d’écrou</em>, et appellent à l’insoumission. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif;">Ce qui précède n’est qu’une tentative un peu vaine d’analyse d’un recueil qui résiste à tout essai de ce type. La poésie de <a href="http://livresrhoneroumanie.hautetfort.com/tag/luminitza+c.+tigirlas">Luminitza C. Tigilras</a> est exigeante, riche de connotations, et pour la lire il faut simplement se laisser porter par la « partition » que nous proposent les vers et les proses, et avec l’autrice bifurquer aux « aiguillages de la rive », passer du Prut (« Pyreta ») à la Camargue, de « l’Est [qui] s’allonge langoureusement sur sa rive d’origine » à l’Ouest indéfinissable (« OùEst »), s’insurger « face à Lucifer »… Tout cela se décline en jeux verbaux (le « soufre » et la « souffrance », « Onde », « Monde », « Démon », « foie », « folie », « foi » etc.), en onomatopées musicales ou affolées, laissant passer des allusions à la Moldavie (« Ungheni, ville de la rive Est », le jeu de la « tzurca »…). D’autres thèmes, d’autres images, d’autres chocs sonores sont à découvrir dans ce beau recueil, « Lave en éclat de fusion et de rire / mélange subtil d’ire et de sanglot ». </span></p><p align="right"><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif;">Jean-Pierre Longre</span></p><p><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif;"><a href="http://www.editionsducygne.com">http://www.editionsducygne.com</a></span></p>
livresrhôneroumaniehttp://livresrhoneroumanie.hautetfort.com/about.htmlLes massacres et les silencestag:livresrhoneroumanie.hautetfort.com,2023-09-28:64634182023-09-28T12:19:35+02:002023-10-04T12:17:00+02:00 Lionel Duroy, Mes pas dans leurs ombres , Miallet-Barrault, 2023...
<p style="text-align: justify;"><strong><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif;"><img id="media-6478180" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://livresrhoneroumanie.hautetfort.com/media/02/00/3297655445.jpeg" alt="Roman, Histoire, francophone, Roumanie, Lionel Duroy, Miallet-Barrault, Jean-Pierre Longre" width="102" height="163" />Lionel Duroy, <em>Mes pas dans leurs ombres</em>, Miallet-Barrault, 2023</span></strong></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif;">Son nom de famille est Codreanu, et pourtant Adèle, dont les parents ont émigré en France à l’époque de Ceauşescu, ne s’est jamais vraiment intéressée à la Roumanie. C’est à l’occasion d’un reportage à Bucarest, où l’envoie son rédacteur en chef, que la journaliste va découvrir l’histoire de son pays d’origine, ainsi que le passé trouble de son ascendance : son grand-père, qui fut un haut responsable communiste, n’a-t-il pas été auparavant un militant de l’extrême-droite antisémite sous le général Antonescu ? C’est en tout cas ce que vont lui révéler des habitants de Iaşi, la ville de sa famille.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif;">Prise de passion pour ses recherches sur les massacres de Juifs, dans les années 1940, entre la Roumanie, la Moldavie et l’Ukraine, confortée par la lecture des livres d’Aharon Appelfeld et d’Edgar Hilsenrath, elle va parcourir les lieux de ces massacres et se poser des questions sur leur oubli : « Découvrant au même moment ce qu’avait été l’existence des Roumains sous le communisme (dont je n’avais rien voulu savoir de la part de mes parents) et le massacre des Juifs par ces mêmes Roumains, je confondais les époques, passais de l’une à l’autre comme si elles étaient liées. J’ai cherché à comprendre pourquoi mon cerveau établissait ce lien et je suis parvenue à me le formuler : des Juifs avaient été tués sous le régime fasciste du général Antonescu (combien ? je n’en savais rien) et ils l’avaient été une deuxième fois sous le régime communiste par l’interdiction de se souvenir d’eux, par l’effacement de leurs noms des mémoires et des livres d’histoire. »</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif;">Périple historique (le livre donne beaucoup de précisions sur les lieux et les dates), il s’agit aussi d’un périple individuel et initiatique : les découvertes faites par Adèle bousculent sa vie sentimentale (elle se sépare de son mari, trouve un nouvel amour en Moldavie), sexuelle (sa frénésie d’exploration du passé rejaillit en quelque sorte sur ses désirs charnels), familiale, puisqu’elle dévoile à son père le passé de son grand-père, probablement complice de massacres de Juifs (« En plus d’être un menteur, ton père était probablement un salaud, peut-être même un assassin […]. Je me demande même si, au fond, tu le savais mais préférais que cela reste enfoui ») et citoyenne, puisque la Moldavie et la Roumanie, malgré le passé tu, malgré tout, semblent devenir son propre pays. Lionel Duroy, qui avec <em>Eugenia</em> avait déjà fait des pogroms (celui de Iaşi en particulier) un thème dramatique, historique et romanesque, élargit ici le champ de vision, en passant toujours par les yeux et les mots d’une héroïne à fleur de peau. </span></p><p align="right"><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif;">Jean-Pierre Longre</span></p><p><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif;"><a href="http://www.mialletbarrault.fr">www.mialletbarrault.fr</a></span></p>
livresrhôneroumaniehttp://livresrhoneroumanie.hautetfort.com/about.htmlLa mémoire et la paroletag:livresrhoneroumanie.hautetfort.com,2023-09-27:64633262023-09-27T19:56:32+02:002023-09-27T19:56:32+02:00 Cahiers Benjamin Fondane n° 26, « Vie et survie »,...
<p style="text-align: justify;"><strong><em><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif; color: windowtext;"><img id="media-6478084" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://livresrhoneroumanie.hautetfort.com/media/00/02/863528654.jpg" alt="REVUE, FRANCOPHONE, ROUMANIE, BENJAMIN FONDANE, JEAN-PIERRE LONGRE" width="111" height="163" />Cahiers Benjamin Fondane</span></em></strong><strong><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif; background: white;"> n° 26, « Vie et survie », 2023</span></strong></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif; color: windowtext;">Le jeune Fundoianu avait la plume déjà alerte et acide, déjà familière du second degré engagé. En témoignent deux textes critiques, « Le 1<sup>er</sup> mai socialiste » (1916, traduit par Carmen Oszi) et « Interview d’un Cubain » (1921, traduit par Hélène Lenz), tous deux pertinemment et savamment commentés par Aurélien Demars : le premier « ironise à propos de la fête du 1<sup>er</sup> mai alors que fait rage la Première Guerre mondiale », le second, interview imaginaire d’un citoyen cubain, est une charge contre l’enseignement de l’époque en Roumanie, qui asservit les consciences au lieu de libérer l’imagination et de se mettre « au service de l’enfant et de son émancipation ». </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif; color: windowtext;">Pour importantes et originales qu’elles soient, ce ne sont là que quelques pages de ce cahier, qui réunit encore une fois des articles de recherche riches et variés sur la poésie (Monique Jutrin et Agnès Lhermitte, ponctués par les « Lettres de Fondane à Seghers »), sur la philosophie (Monique Teboul, Sylvain Saura, Evelyne Namenwirth, Jean Dhombres), sur le cinéma (Érix de Lussy, avec le scénario inédit de <em>Roméo et Juliette au XXème siècle</em>), sur les relations entre Benjamin Fondane et Jean Paulhan (Serge Nicolas)…</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif; color: windowtext;">Comme le rappelle Agnès Lhermitte (« Fondane en corbeau »), le poète « redoutait que se perde sa mémoire, sa parole. Il « brigu[ait] » de « naviguer dans l’esprit des hommes », mais craignait de n’être plus qu’« un bouquet d’orties sous [leurs] pieds ». Voilà qu’en 1922, il reparait au cinéma, sous les espèces d’un corbeau. » Les « Cahiers », fidèlement, régulièrement, ravivent « sa mémoire, sa parole ». </span></p><p align="right"><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif;">Jean-Pierre Longre</span></p><p align="right"><strong><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif;"> </span></strong></p><p style="background: #F7F7F7;"><span style="color: #000000; background-color: #ffffff;"><span style="font-size: 10pt; font-family: Verdana, sans-serif; background-color: #ffffff;">S</span><span style="font-size: 10pt; font-family: Verdana, sans-serif; background-color: #ffffff;">ommaire du numéro</span></span></p><p style="background: #F7F7F7;"><span style="font-size: 10pt; font-family: Verdana, sans-serif; color: #000000; background-color: #ffffff;"><br /><span style="font-family: Verdana, sans-serif; background-image: initial; background-position: initial; background-size: initial; background-repeat: initial; background-attachment: initial; background-origin: initial; background-clip: initial;">Éditorial</span><br /><span style="background-image: initial; background-position: initial; background-size: initial; background-repeat: initial; background-attachment: initial; background-origin: initial; background-clip: initial;"><a style="color: #000000; background-color: #ffffff; text-decoration: underline;" href="http://benjaminfondane.com/un_article_cahier-Vie_et_survie_de_Benjamin_Fondane-840-1-1-0-1.html">- Vie et survie de Benjamin Fondane</a></span><br /><br /><span style="font-family: Verdana, sans-serif; background-image: initial; background-position: initial; background-size: initial; background-repeat: initial; background-attachment: initial; background-origin: initial; background-clip: initial;">• Poésie</span><br /><span style="background-image: initial; background-position: initial; background-size: initial; background-repeat: initial; background-attachment: initial; background-origin: initial; background-clip: initial;">- Vie et survie : «Ce bouquet d’orties»<a style="color: #000000; background-color: #ffffff; text-decoration: underline;" href="http://benjaminfondane.com/auteur-Monique_Jutrin-28-1-1-0-1.html">, Monique Jutrin</a></span><br /><span style="background-image: initial; background-position: initial; background-size: initial; background-repeat: initial; background-attachment: initial; background-origin: initial; background-clip: initial;">- Où (nous) mènent Tristan et Yseut ?, Agnès Lhermitte<a style="color: #000000; background-color: #ffffff; text-decoration: underline;" href="http://benjaminfondane.com/auteur-Agn%C3%A8s_Lhermitte-128-1-1-0-1.html">, Agnès Lhermitte</a></span><br /><span style="background-image: initial; background-position: initial; background-size: initial; background-repeat: initial; background-attachment: initial; background-origin: initial; background-clip: initial;">- Lettres de Fondane à Seghers</span><br /><br /><span style="font-family: Verdana, sans-serif; background-image: initial; background-position: initial; background-size: initial; background-repeat: initial; background-attachment: initial; background-origin: initial; background-clip: initial;">• Philosophie</span><br /><span style="background-image: initial; background-position: initial; background-size: initial; background-repeat: initial; background-attachment: initial; background-origin: initial; background-clip: initial;">- Traces de la présence de Fondane dans les premiers colloques des intellectuels juifs de langue française<a style="color: #000000; background-color: #ffffff; text-decoration: underline;" href="http://benjaminfondane.com/auteur-Margaret__Teboul-37-1-1-0-1.html">, Margaret Teboul</a></span><br /><span style="background-image: initial; background-position: initial; background-size: initial; background-repeat: initial; background-attachment: initial; background-origin: initial; background-clip: initial;">- À propos de l’issue : «il suffit d’une brèche»<a style="color: #000000; background-color: #ffffff; text-decoration: underline;" href="http://benjaminfondane.com/auteur-Sylvain_Saura-154-1-1-0-1.html">, Sylvain Saura</a></span><br /><span style="background-image: initial; background-position: initial; background-size: initial; background-repeat: initial; background-attachment: initial; background-origin: initial; background-clip: initial;">- Quand Fondane cite, le monde bascule<a style="color: #000000; background-color: #ffffff; text-decoration: underline;" href="http://benjaminfondane.com/auteur-Evelyne_Namenwirth-42-1-1-0-1.html">, Evelyne Namenwirth</a></span><br /><span style="background-image: initial; background-position: initial; background-size: initial; background-repeat: initial; background-attachment: initial; background-origin: initial; background-clip: initial;">- Sur l’écriture philosophique de Benjamin Fondane<a style="color: #000000; background-color: #ffffff; text-decoration: underline;" href="http://benjaminfondane.com/auteur-Jean_Dhombres-137-1-1-0-1.html">, Jean Dhombres</a></span><br /><br /><span style="font-family: Verdana, sans-serif; background-image: initial; background-position: initial; background-size: initial; background-repeat: initial; background-attachment: initial; background-origin: initial; background-clip: initial;">• Dossier Fondane –Paulhan</span><br /><span style="background-image: initial; background-position: initial; background-size: initial; background-repeat: initial; background-attachment: initial; background-origin: initial; background-clip: initial;">- Fondane, Paulhan, et la rhétorique<a style="color: #000000; background-color: #ffffff; text-decoration: underline;" href="http://benjaminfondane.com/auteur-Serge_Nicolas-43-1-1-0-1.html">, Serge Nicolas</a></span><br /><span style="background-image: initial; background-position: initial; background-size: initial; background-repeat: initial; background-attachment: initial; background-origin: initial; background-clip: initial;">- Notes de Fondane sur <em><span style="font-family: 'Verdana',sans-serif;">Les Fleurs de Tarbes</span></em></span><br /><br /><span style="font-family: Verdana, sans-serif; background-image: initial; background-position: initial; background-size: initial; background-repeat: initial; background-attachment: initial; background-origin: initial; background-clip: initial;">• Cinéma</span><br /><span style="background-image: initial; background-position: initial; background-size: initial; background-repeat: initial; background-attachment: initial; background-origin: initial; background-clip: initial;">- Fondane scénariste à la Paramount<a style="color: #000000; background-color: #ffffff; text-decoration: underline;" href="http://benjaminfondane.com/auteur-Eric_de_Lussy-34-1-1-0-1.html">, Eric de Lussy</a></span><br /><span style="background-image: initial; background-position: initial; background-size: initial; background-repeat: initial; background-attachment: initial; background-origin: initial; background-clip: initial;">- Roméo et Juliette (scénario inédit)<a style="color: #000000; background-color: #ffffff; text-decoration: underline;" href="http://benjaminfondane.com/auteur-Benjamin_Fondane-24-1-1-0-1.html">, Benjamin Fondane</a></span><br /><br /><span style="font-family: Verdana, sans-serif; background-image: initial; background-position: initial; background-size: initial; background-repeat: initial; background-attachment: initial; background-origin: initial; background-clip: initial;">• Dossier roumain</span><br /><span style="background-image: initial; background-position: initial; background-size: initial; background-repeat: initial; background-attachment: initial; background-origin: initial; background-clip: initial;"><a style="color: #000000; background-color: #ffffff; text-decoration: underline;" href="http://benjaminfondane.com/un_article_cahier-Le_premier_mai_socialiste-852-1-1-0-1.html">- Le premier mai socialiste</a><a style="color: #000000; background-color: #ffffff; text-decoration: underline;" href="http://benjaminfondane.com/auteur-B.__Fundoianu-46-1-1-0-1.html">, B. Fundoianu</a><a style="color: #000000; background-color: #ffffff; text-decoration: underline;" href="http://benjaminfondane.com/auteur-Carmen_Oszi-29-1-1-0-1.html">, traduit par Carmen Oszi</a><a style="color: #000000; background-color: #ffffff; text-decoration: underline;" href="http://benjaminfondane.com/auteur-Aur%C3%A9lien_Demars-91-1-1-0-1.html">, commentaire par Aurélien Demars</a></span><br /><span style="background-image: initial; background-position: initial; background-size: initial; background-repeat: initial; background-attachment: initial; background-origin: initial; background-clip: initial;">- Interview d’un Cubain<a style="color: #000000; background-color: #ffffff; text-decoration: underline;" href="http://benjaminfondane.com/auteur-B.__Fundoianu-46-1-1-0-1.html">, B. Fundoianu</a><a style="color: #000000; background-color: #ffffff; text-decoration: underline;" href="http://benjaminfondane.com/auteur-H%C3%A9l%C3%A8ne__Lenz-47-1-1-0-1.html">, traduit par Hélène Lenz</a></span><br /><span style="background-image: initial; background-position: initial; background-size: initial; background-repeat: initial; background-attachment: initial; background-origin: initial; background-clip: initial;">- Leçon d’absurdie<a style="color: #000000; background-color: #ffffff; text-decoration: underline;" href="http://benjaminfondane.com/auteur-Aur%C3%A9lien_Demars-91-1-1-0-1.html">, Aurélien Demars</a></span><br /><br /><span style="font-family: Verdana, sans-serif; background-image: initial; background-position: initial; background-size: initial; background-repeat: initial; background-attachment: initial; background-origin: initial; background-clip: initial;">• Notes et comptes rendus</span><br /><span style="background-image: initial; background-position: initial; background-size: initial; background-repeat: initial; background-attachment: initial; background-origin: initial; background-clip: initial;"><a style="color: #000000; background-color: #ffffff; text-decoration: underline;" href="http://benjaminfondane.com/un_article_cahier-Fondane_en_corbeau-855-1-1-0-1.html">- Fondane en corbeau</a></span><br /><span style="background-image: initial; background-position: initial; background-size: initial; background-repeat: initial; background-attachment: initial; background-origin: initial; background-clip: initial;">- Hommage à Anne Mounic<a style="color: #000000; background-color: #ffffff; text-decoration: underline;" href="http://benjaminfondane.com/auteur-Margaret__Teboul-37-1-1-0-1.html">, Margaret Teboul</a></span><br /><br /><span style="font-family: Verdana, sans-serif; background-image: initial; background-position: initial; background-size: initial; background-repeat: initial; background-attachment: initial; background-origin: initial; background-clip: initial;">• Informations</span><br /><br /><span style="font-family: Verdana, sans-serif; background-image: initial; background-position: initial; background-size: initial; background-repeat: initial; background-attachment: initial; background-origin: initial; background-clip: initial;">• Bibliographie sélective</span><br /><span style="background-image: initial; background-position: initial; background-size: initial; background-repeat: initial; background-attachment: initial; background-origin: initial; background-clip: initial;"><a style="color: #000000; background-color: #ffffff; text-decoration: underline;" href="http://benjaminfondane.com/un_article_cahier-Bibliographie-857-1-1-0-1.html">- Bibliographie</a></span><br /><br /><span style="font-family: Verdana, sans-serif; background-image: initial; background-position: initial; background-size: initial; background-repeat: initial; background-attachment: initial; background-origin: initial; background-clip: initial;">• Collaborateurs</span></span></p>
livresrhôneroumaniehttp://livresrhoneroumanie.hautetfort.com/about.htmlUne pièce témoignagetag:livresrhoneroumanie.hautetfort.com,2023-09-12:64610602023-09-27T10:50:01+02:002023-09-12T19:27:00+02:00 La nuit, je rêverai de soleils , Mise en scène : Anca Bene....
<p style="background: white; text-align: justify;"><strong><em><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif; color: #444444;"><img id="media-6474652" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://livresrhoneroumanie.hautetfort.com/media/00/00/1724910621.jpg" alt="SOLEILS-02517-768x512.jpg" width="173" height="115" />La nuit, je rêverai de soleils</span></em></strong><strong><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif; color: #444444;">, Mise en scène : Anca Bene. Assistante mise en scène : Zoé Fairey. Création musicale et sonore : David Mambouch. Collaboration chorégraphique : Sophie Brunet. </span></strong><strong><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif; color: #444444;">Comédiens : Anna Comte, Sidonie Lardanchet, Sébastien Mortamet, Claire </span></strong></p><p style="background: white; text-align: justify;"><strong><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif; color: #444444;"> </span></strong><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif; color: #444444;">La pièce de théâtre "<em>La nuit, je rêverai de soleils</em>"* a été jouée au théâtre des Clochards Célestes à Lyon en avril 2023. <span style="background: white;">Le titre de la pièce, extraite d'un témoignage, rejoint le titre d'un ouvrage de Boris Cyrulnik** sur la résilience au traumatisme consécutif à la privation de contacts relationnels dans la petite enfance.</span></span></p><p style="background: white; text-align: justify;"><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif; color: #444444;">La pièce couvre un demi-siècle d'histoire féminine et infantile en Roumanie. C'est une plongée dans l'histoire récente qui raconte l'ampleur des conséquences désastreuses d'une politique nataliste débutée dans les années 60. C'est aussi l'histoire d'adultes, en quête de vérité, qui interrogent aujourd'hui des choix politiques opérés dans une confusion des priorités humaines. Ils ont vécu une partie de leur enfance dans des orphelinats.</span></p><p style="background: white; text-align: justify;"><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif; color: #444444;">Une création musicale attentive accompagne le jeu des quatre comédiens qui incarnent des citoyens sous emprise, dont les gestes sont automatisés, dans un univers inquiétant. </span></p><p style="background: white; text-align: justify;"><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif; color: #444444;">La mise en scène se frotte à l'épineuse question d'une juste distance entre appropriation respectueuse de témoignages authentiques, autobiographiques, et froid documentaire.</span></p><p style="background: white; text-align: justify;"><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif; color: #444444;">La création a été documentée par des recherches dans la presse, mais aussi auprès d'associations et d'institutions. Le texte relaie des paroles d'adultes, enfants d'hier (adoptés pendant la période communiste et post-communiste par des <span style="color: #444444; font-family: verdana, sans-serif; font-size: small;">familles françaises, belges, américaines) et celles des acteurs internationaux de ces placements d'enfants.</span></span></p><p style="background: white; text-align: justify;"><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif; color: #444444;">La voix de Sirmanca Beladi, rescapée de l'orphelinat de Cighid, est portée en scène. C'est au </span><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif; color: black;"><a href="https://rm.coe.int/audition-publique-sur-la-maltraitance-des-enfants-en-europe-traitement/1680a94fa8"><span style="color: #007dbc;">Parlement Européen en 2022</span></a></span><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif; color: #444444;"> que Justice Initiative a relayé son témoignage et impulsé la demande d'un procès pour une reconnaissance des traumatismes infligés aux enfants des orphelinats roumains, dont le sort fut dévoilé dans la presse internationale dans les années 90. </span></p><p style="background: white; text-align: justify;"><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif; color: #444444;">Le spectacle sera joué en octobre 2023 à Lyon pour les programmateurs de saisons théâtrales, dans le cadre de la 8ème édition du </span><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif; color: black;"><a href="https://l.facebook.com/l.php?u=http%3A%2F%2Fwww.sensinterdits.org%2F&h=AT1J6s1OfOz737IaAk8Tp9caTe8gvA-KqtcYndsV6Ml62pt4L_FKv3sIx8DVxVycbZcACBFWwTfI-kFNFO4vTCT7EEa9n5YxWbJyEdA0cEKxFbePGUOekO1ZON1lcZnq8iN1l0kqp3X61dNXOHCqgmd86Sg"><span style="color: #007dbc;">Festival Sens Interdits</span></a></span><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif; color: #444444;">. A ne pas manquer.</span></p><p style="background: white; text-align: justify;"> </p><p style="background: white;"><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif; color: #444444;">* spectacle théâtral créé à Lyon en 2023. <br /><br /></span></p><p style="background: white;"><em><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif; color: #444444;">**La nuit j'écrirai des soleils</span></em><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif; color: #444444;"> </span><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif; color: black;"><a href="https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-chemins-de-la-philosophie/boris-cyrulnik-la-nuit-j-ecrirai-des-soleils-9786626"><span style="color: #007dbc;">Boris Cyrulnik</span></a></span><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif; color: #444444;"><br /><br />- AFAOR (</span><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif; color: black;"><a href="http://orphelinsderoumanie.org/category/association-francaise-orphelins-de-roumanie-afor/"><span style="color: #007dbc;">Association des Adoptés et des Orphelins de Roumanie</span></a></span><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif; color: #444444;">)</span></p><p style="background: white;"><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif; color: #444444;"><br /></span><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif; color: black;"><a href="http://www.sensinterdits.org/labellisation/"><span style="color: #007dbc;">http://www.sensinterdits.org/labellisation/</span></a></span></p>
livresrhôneroumaniehttp://livresrhoneroumanie.hautetfort.com/about.htmlAvant-garde et singularitétag:livresrhoneroumanie.hautetfort.com,2023-08-14:64566752023-08-16T09:54:44+02:002023-08-14T19:01:00+02:00 Paul Paon / Paul Păun, Chimères , Métamorphoses, 2023 Dans la...
<p style="text-align: justify;"><strong><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif;"><img id="media-6468370" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://livresrhoneroumanie.hautetfort.com/media/01/01/2662421922.jpg" alt="Art, Poésie, essai, francophone, Roumanie, Paul Paon, Paul Păun, Librairie Métamorphoses, Jean-Pierre Longre" width="118" height="157" />Paul Paon / Paul Păun, <em>Chimères</em>, Métamorphoses, 2023</span></strong></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif;">Dans la première moitié du XXe siècle, la Roumanie fut le théâtre d’une grande effervescence culturelle, d’une intense activité avant-gardiste qui passa largement les frontières et apporta un souffle nouveau au monde de l’art. Légèrement après la génération de Tristan Tzara ou Benjamin Fondane, à côté de figures notoires comme celles de Ghérasim Luca ou Gellu Naum, Paul Păun (1915-1994) joua un rôle déterminant dans le renouveau artistique et intellectuel de cette période, dans son pays natal jusque dans les années 1950, puis en exil à l’étranger (Italie, Israël, avec des incursions en France, le pays dont il avait adopté la langue.)</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif;"><img id="media-6468371" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://livresrhoneroumanie.hautetfort.com/media/01/01/3645648354.jpg" alt="Art, Poésie, essai, francophone, Roumanie, Paul Paon, Paul Păun, Librairie Métamorphoses, Jean-Pierre Longre" width="161" height="107" />« Dessinateur, poète, écrivain, polémiste (mais aussi médecin et chirurgien) », devenu Paul Paon ou Paul Paon Zaharia après son départ de Roumanie, il fut l’un des membres fondateurs du groupe surréaliste de Bucarest (avec Ghérasim Luca, Gellu Naum, Trost, Virgil Teodorescu), et son œuvre écrite et graphique est marquée à la fois par cette appartenance et par une sensible singularité, d’où peut-être la discrétion avec laquelle elle s’est épanouie. Une exposition rétrospective, donnant une vision globale et néanmoins précise du travail de l’artiste, était donc salutaire – et la librairie Métamorphose s’est chargée de cette présentation, dont a été tiré un très beau catalogue intitulé <em>Chimères</em>, et dont la consultation donne des ouvertures infinies.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif;"><img id="media-6468372" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://livresrhoneroumanie.hautetfort.com/media/02/01/986353284.jpg" alt="Art, Poésie, essai, francophone, Roumanie, Paul Paon, Paul Păun, Librairie Métamorphoses, Jean-Pierre Longre" width="126" height="162" />Après une préface de Denis Moscovici et un parcours biographique de Monique Yaari mêlé de souvenirs (il était son oncle), et avant un bien utile tableau chronologique, quatre grandes sections composent l’ouvrage : la première et la plus importante (en longueur et en beauté), une vue significative et chronologique des dessins commentée par Radu Stern, spécialiste des avant-gardes ; puis une transcription du <em>Carnet </em>écrit par l’artiste entre 1984 et 1991, suivie de reproductions de livres, tracts, lettres et manuscrits donnant une idée fidèle de ses publications individuelles et collectives ; en troisième lieu, le rappel, documents à l’appui, d’expositions et de catalogues antérieurs (de Bucarest à Londres en passant par Tel-Aviv, Jaffa, Paris, Marseille etc.) ; enfin, des dessins, photographies et documents évoquant des souvenirs amoureux (avec des portraits de « Réni », sa femme) et amicaux (Ghérasim Luca et plusieurs autres). </span></p><p style="text-align: justify;"><em><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif;">Chimères </span></em><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif;">suscitera la curiosité, le désir, l’intérêt tant des spécialistes que du grand public, à propos d’un artiste que cachèrent partiellement et involontairement les statures de certains de ses compagnons plus célèbres. La succession de dessins, de documents et d’écrits présente le cheminement d’un novateur qui, tout en restant fidèle à l’esprit de l’avant-garde surréaliste, a créé une œuvre originale : Radu Stern analyse finement la manière dont </span><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif;">Paul Păun, « entièrement autodidacte en arts visuels », est passé de la « plastique » à ce que Trost appelle « l’aplastique », plus simplement d’images « reconnaissables » à des « images méconnaissables », dessins en mouvements, en traces et ombres entremêlées (selon un itinéraire, toutes précautions prises, à celui de Christian Dotremont avec ses logogrammes). Remarquable par sa densité et son esthétique, ce livre, plus qu’un catalogue, revêt toutes les dimensions d’une monographie artistique complète. </span></p><p style="text-align: right;" align="right"><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif;">Jean-Pierre Longre</span></p><p><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif;"><a href="https://librairiemetamorphoses.com/">https://librairiemetamorphoses.com</a></span></p>
livresrhôneroumaniehttp://livresrhoneroumanie.hautetfort.com/about.htmlComplexes destinéestag:livresrhoneroumanie.hautetfort.com,2023-06-04:64461802023-06-09T10:27:47+02:002023-06-08T23:49:00+02:00 Gabriela Adameşteanu, Fontaine de Trevi , traduit du roumain par Nicolas...
<p style="text-align: justify;"><strong><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif;"><img id="media-6451838" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://livresrhoneroumanie.hautetfort.com/media/00/00/1984342663.jpg" alt="Roman, Roumanie, Gabriela Adameşteanu, Nicolas Cavaillès, Gallimard, Jean-Pierre Longre" width="111" height="160" />Gabriela Adameşteanu, <em>Fontaine de Trevi</em>, traduit du roumain par Nicolas Cavaillès, Gallimard, « Du monde entier », 2022</span></strong></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif;">Letitia voudrait récupérer des biens immobiliers familiaux que le pouvoir communiste avait confisqués. Installée en France avec son mari Petru, ancien journaliste à Radio Free Europe, elle fait pour cela des voyages successifs à Bucarest, retrouvant des amis et de la famille, confrontant ses souvenirs à la réalité présente. Voilà le fil conducteur, le prétexte narratif d’un roman dans lequel on retrouve la protagoniste déjà présente dans les deux précédents (<em>Vienne le jour, Situation provisoire</em>), elle-même cherchant à publier ce qu’elle assume comme une « autofiction ».</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif;">On l’a connue jeune étudiante en proie aux difficultés matérielles et morales des années 1950-1960 dans ce pays, puis adulte, cherchant à oublier les contraintes de la vie conjugale et professionnelle, ainsi que les risques politiques, dans une relation amoureuse un peu compliquée… On la découvre maintenant retirée dans une bourgade française, dont elle quitte périodiquement la tranquillité pour se retrouver dans une Roumanie qui, toujours marquée par son passé, a ingurgité les ressorts et les compromissions du capitalisme débridé. Certes, il y a eu la « révolution », dont ses amis Morar, comme d’autres, déplorent la confiscation par les anciens apparatchiks et « sécuristes », et la parole et les déplacements – à condition qu’on en ait les moyens – y sont libres ; d’ailleurs, ceux qui le peuvent ne se privent pas d’aller travailler ou étudier à l’étranger, avec l’espoir d’en revenir mieux lotis (comme ceux qui, jetant une pièce dans la fontaine de Trevi, font le vœu de revenir à Rome). Les souvenirs personnels (amours, famille, amitiés) de Letitia se mêlent aux retours sur un passé collectif auquel le présent renvoie sans cesse, colorant les destinées des espoirs et des désespoirs qui en résultent, ces destinées qui se révèlent plus complexes qu’il n’y paraît, car tout n’y est jamais tout blanc ou complètement noir.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif;">L’œuvre de <a href="http://jplongre.hautetfort.com/tag/gabriela+adame%C5%9Fteanu">Gabriela Adameşteanu</a> n’est pas seulement narrative. Comme dans les fresques épiques, elle campe des atmosphères aussi diverses que le sont les époques décrites, les rues de Bucarest (l’allée Teilor ou les avenues grouillantes) et les maisons de l’allée des Tilleuls, en Touraine (en une évocation digne de Du Bellay), bien d'autres lieux encore, intimes ou publics, familiaux ou professionnels… La multiplicité des événements, les grandes disputes politiques, le foisonnement des personnages (tel que leur triple liste finale est d’une grande utilité), le fond de réalité historique sur lequel ils s’impriment en relief, l’ensemble est d’une écrivaine en pleine maturité de son art, dans la lignée de Balzac, d’un Balzac qui s’exprimerait à la première personne et qui se poserait des questions sur l’ambiguïté de son personnage : « Cette femme que Sorin observe bizarrement, l’esprit ailleurs, est-ce bien moi ? ou le personnage de mon livre ? Est-ce de ma vie que je me souviens, ou bien de celle que j’ai imaginée, à partir de la vraie ? » Disons-le : ce genre de livre, fruit d’un talent et d’un travail littéraires qui n’ont pas leur pareil, ne peut être traduit que par un écrivain, et c’est bien le cas. <a href="http://jplongre.hautetfort.com/tag/nicolas+cavaill%C3%A8s">Nicolas Cavaillès</a> a compris comment entrer et faire entrer les lecteurs dans le monde de Gabriela Adameşteanu, dont l’œuvre entre elle-même largement dans le patrimoine littéraire d’aujourd’hui. </span></p><p align="right"><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif;">Jean-Pierre Longre</span></p><p><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;"><a href="http://www.gallimard.fr/"><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif; color: #0066cc; background: white;">www.gallimard.fr</span></a></span></p>
livresrhôneroumaniehttp://livresrhoneroumanie.hautetfort.com/about.htmlLe foisonnant persil de Suisse romandetag:livresrhoneroumanie.hautetfort.com,2023-04-06:64371112023-04-13T11:32:23+02:002023-04-13T11:32:23+02:00 Le Persil Journal n° 206-207-208, février 2023 Près de...
<p style="text-align: justify;"><strong><em><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif;"><img id="media-6437928" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://livresrhoneroumanie.hautetfort.com/media/02/00/3164872283.jpg" alt="revue, Le Persil, francophone, suisse, roumanie, marius daniel popescu, jean-pierre longre" width="99" height="177" />Le Persil Journal </span></em></strong><strong><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif;">n° 206-207-208, février 2023 </span></strong></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif;">Près de Lausanne pousse toujours un florissant <em>Persil</em>, « journal inédit », c’est-à-dire composé uniquement de textes nouveaux. Le numéro de février 2023 donne « parole et silence » à des auteurs de Suisse romande, à commencer par Raluca Antonescu (comme Marius Daniel Popescu originaire de Roumanie, et autrice francophone confirmée), avec un extrait de <em>L’aile nord</em>, où la protagoniste, embauchée comme femme de ménage dans un hôtel, subit de drôles de relations avec les chambres qu’elle entretient, « coincée dans [une] absurdité implacable. » L’auteur « invité », Jacques Gélat, écrivain et scénariste, propose à la fin du numéro un récit au centre duquel l’abandon (maternel) et le désir de meurtre (filial), le manque d’amour, la velléité de vengeance et « le passage du temps » donnent sa puissance à l’écriture.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif;"><img id="media-6437929" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://livresrhoneroumanie.hautetfort.com/media/01/02/4125272486.jpg" alt="revue, Le Persil, francophone, suisse, roumanie, marius daniel popescu, jean-pierre longre" width="90" height="161" />Entre les deux, le foisonnement que l’on attend toujours du fameux journal grand format. Des proses réalistes ou non (Karine Yakim Pasquier, Odile Cornuz, Pauline Desnuelles, Philippe Veuve, Dania Miralles, Cornélia de Preux, Juliette Dezuari), du théâtre (Philippe Jeanloz), de la poésie bardée de citations (Marie Patrono, Anicée Willemin), des poèmes tendance haïkus (Philippe Fontannaz), des proses et des vers en alternance (Maud Armani)… Le tout est ponctué par un « Voyage en Suisse » photographique de Patrick Gilliéron Lopreno et par des lignes ambulantes de Marius Daniel Popescu en personne !</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif;">Trois numéros en un, beaucoup de belle matière, beaucoup de branches, beaucoup de feuilles – encore un <em>Persil </em>à dévorer. </span></p><p align="right"><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif;">Jean-Pierre Longre</span></p><p><em><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif;">Le Persil journal</span></em><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif;">, Marius Daniel Popescu, avenue de Floréal 16, 1008 Prilly, Suisse.</span></p><p><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif;">Tél. +41.21.626.18.79</span></p><p><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif;"><a href="http://www.facebook.com/journallitterairelepersil"><span style="color: black;">www.facebook.com/journallitterairelepersil</span></a> </span></p><p><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif;">E-mail : <a href="mailto:mdpecrivain@yahoo.fr"><span style="color: black;">mdpecrivain@yahoo.fr</span></a> </span></p><p><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif;">Association des Amis du journal Le persil : <a href="mailto:lepersil@hotmail.com"><span style="color: black;">lepersil@hotmail.com</span></a></span></p>
livresrhôneroumaniehttp://livresrhoneroumanie.hautetfort.com/about.htmlLe peintre et la Margueritetag:livresrhoneroumanie.hautetfort.com,2023-03-15:64333482023-03-19T18:18:09+01:002023-03-20T19:24:00+01:00 Christian Cogné, Toute fleur s’étalait plus large , Velvet, 2023...
<p style="text-align: justify;"><strong><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif;"><img id="media-6432647" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://livresrhoneroumanie.hautetfort.com/media/00/01/3474621060.jpg" alt="Roman, peinture, francophone, Christian Cogné, Velvet, Jean-Pierre Longre" width="163" height="163" />Christian Cogné, <em>Toute fleur s’étalait plus large</em>, Velvet, 2023</span></strong></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif;">« Je ne t’aime pas du tout ! Je ne t’aime pas du tout ! Pas du tout ! Pas du tout ! Je ne t’aimerai jamais ! » Ce jour-là, après l’effeuillage d’une marguerite, Petru, petit garçon issu d’un viol et à cause de cela rejeté dès sa naissance par sa mère, chuta dans un précipice en essayant de fuir cette haine. Chute réelle, chute symbolique de l’abandon dans lequel fut laissé l’enfant qui, devenu adulte, sombra dans la déchéance, l’alcoolisme et la violence, avant de rencontrer un drôle de peintre à qui il dut sa métamorphose. C’est ainsi que Petru, sous l’exigeante houlette de Sam, devint un « peintre paysagiste » prometteur. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif;">Chez lui, la passion de la peinture va de pair avec la quête libératrice de l’amour dont sa mère l’a privé. Avant de le quitter pour d’autres contrées, Sam, son maître, lui a écrit une lettre testament où il lui prodigue ses conseils : « Remonte le temps, Petru ! Fixe ta mère dans les yeux et libère-toi. Comment ? À toi de trouver le moyen. Il te faudra des années, je le crains, pour sortir du trou. […] Je te le prédis, tu retomberas et tu te relèveras tandis que tu te croiras mort. Lorsque sur la toile peinte, tu te verras apparaître et grandir au plus loin de la ligne de fuite, tu sauras que tu as gagné ta part d’éternité. Un jour, tu seras au même niveau que Vincent Van Gogh. » Programme démesuré, que Petru suit d’aventure en aventure, de rencontre en rencontre. On le voir accoudé au comptoir d’un bistrot de banlieue, racontant par épisodes à quelques habitués ses pérégrinations en France, aux États-Unis, en Roumanie, dans la ville de Braşov, d’où vient sa mère, et où « sa propre histoire s’enracinait. » Mais « sa vraie patrie était celle des métamorphoses, des formes qui en recouvrent d’autres et des traces qui se perdent en chemin. » </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif;">Tout au long du roman, la peinture, les tableaux, les fresques même, dans une mise en abyme du récit, et nécessairement les rencontres amoureuses, tout cela figure la mise en forme artistique de la Marguerite, celle qui va se construire jusqu’à l’effeuillage victorieux, jusqu’au « Je t’aime » que sa mère a toujours refusé de lui concéder. Cette Marguerite dont il aura eu la vision au moment de son sevrage alcoolique : « La Marguerite profitait de l’obscurité pour sortir de son cadre. Elle se faisait toute petite au début. Comme une femme vulnérable qui ignore dans quel milieu elle met les pieds. Puis, dans la clarté blafarde qui émanait d’elle, sa tête s’ouvrait sur une fleur géante qui se développait, se développait… Du cœur jaune de celle-ci jaillissait une créature à tête de femme et au corps de serpent. »</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif;">Dans <em>Toute fleur s’étalait plus large</em> (titre emprunté à un vers de Mallarmé), les aventures romanesques et sentimentales, les voyages et les rencontres sont les manifestations extérieures de l’inlassable quête d’amour de Petru, « sur maint charme de paysage », comme l’écrivait encore Mallarmé. L’art pictural, dans les détails duquel l’auteur n’hésite pas à entrer, comme pour nous faire participer à l’apprentissage progressif de son héros jusqu’à sa parfaite maîtrise des formes et des couleurs, jusqu’à l’accomplissement de l’œuvre, l’art pictural, donc, renferme les signes et les secrets de cette quête à laquelle nous, lecteurs, participons avec une émotion intense et un attachement profond pour un personnage qui, tout en se dévoilant, garde les mystères de son paysage intérieur. </span></p><p align="right"><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif;">Jean-Pierre Longre</span></p><p><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif;"><a href="http://www.editionsvelvet.com">www.editionsvelvet.com</a> </span></p>