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francophone - Page 2

  • La Roumanie en BD

    Bande dessinée, voyage, francophone, Roumanie, Romain Dutter, Bouqué, Paul Bona, Steinkis, Jean-Pierre LongreRomain Dutter (scénario), Bouqué (dessin), Paul Bona (couleurs), Goodbye Ceauşescu, « Un road-trip documentaire dans la Roumanie post-communiste », Steinkis, 2021

    Entre juillet 2018 et mai 2019, Romain Dutter et Paul Bona ont effectué cinq séjours en Roumanie, et en ont rapporté une bande dessinée à la fois drôle et sérieuse, pleine de sympathie et de réalisme. Une visite du pays où l’amitié pour les habitants l’emporte sur l’image touristique (qui n’est toutefois pas négligée), où le cliché caricatural s’efface devant la véritable connaissance du pays.

    Bande dessinée, voyage, francophone, Roumanie, Romain Dutter, Bouqué, Paul Bona, Steinkis, Jean-Pierre LongreSix chapitres rythment cette visite. Après le premier (« Goodbye Ceauşescu ») qui résume l’histoire de la Roumanie (certaines de ses légendes aussi), les cinq suivants sont consacrés à de grandes étapes géographiques : les bords de la Mer Noire, de Constanţa au Delta du Danube, Bucarest, son éclectisme et sa vie animée, Timişoara, ville multiculturelle d’où est partie la « Révolution » de 1989, la Transylvanie, sa diversité ethnique et sa richesse historique, la Moldavie, sa campagne sereine et ses magnifiques monastères. Rien n’échappe à l’observation bienveillante des voyageurs qui, s’adressant au lecteur, espèrent que « cette lecture vous a plu et qu’elle vous a permis de renouveler la perception que vous aviez de la Roumanie et de sa population, de déconstruire certains clichés. »

    Bande dessinée, voyage, francophone, Roumanie, Romain Dutter, Bouqué, Paul Bona, Steinkis, Jean-Pierre LongreLe but est atteint, puisque l’essentiel est dit et montré, paysages et monuments, mentalités et coutumes, charmes et imperfections, contrastes entre villes et campagnes, entre traditions et modernité, relations entre les communautés (Roumains, Hongrois, Tziganes…). Quelques documents photographiques et quelques considérations révélatrices de la manière dont les Roumains voient la France et les Français ponctuent cet ouvrage qui, pour ceux qui ne connaissent pas encore ce séduisant pays, est une prometteuse invitation au voyage, et pour les autres une belle invitation à y retourner.

    Jean-Pierre Longre

    www.steinkis.com  

  • Rencontrer Panaït Istrati… et d’autres

    : Revue, francophone, Roumanie, Panaït Istrati, Jean-Pierre LongreLe Haïdouc, Bulletin d’information et de liaison de l’association des Amis de Panaït Istrati, n° 29-30-31, 2021

    Le sous-titre du Haïdouc est bien modeste : « Information » et « liaison », certes, mais aussi, et de plus en plus, études à caractère historique, littéraire, biographique, comme en témoigne ce triple numéro inauguré par une image de Vasile Pintea évoquant trois figures majeures : Maxime Gorki derrière lequel, en traits estompés, Panaït Istrati et Nikos Kazantzaki, qui rêvaient de rencontrer l’écrivain russe. D’ailleurs la publication est  ponctuée par de nombreuses illustrations, dont dix sont tirées de l’édition Moray des Vagabonds de Gorki, comme le précise dans son éditorial Christian Delrue, président de l’association, « pour ajouter par l’image à la résonance qu’a pu avoir la lecture des récits de Gorki sur Istrati. »

    Deux enquêtes fournies, détaillées, documentées et complémentaires inaugurent la série d’articles de ce numéro. D’abord, par Ioannis Dimitrakakis, « Nikos Kazantzaki et Maxime Gorki, une rencontre qui n’a pas eu lieu », où l’universitaire grec montre, grâce à des recoupements et des témoignages précis, que Kazantzaki n’a pas pu être présent lors de la rencontre entre Istrati et Gorki, et que l’écrivain grec a donné une « version inventée de la réalité qui se perpétue jusqu’à nos jours. » Comme une suite du feuilleton, Christian Portemont, dans « Les lettres manquantes », faisant appel à la correspondance entre Maxime Gorki et Romain Rolland, ainsi qu’aux témoignages de Nina Berberova et aux arguments de Sergueï Feodossiev, confirme que Kazantzaki n’a pas réalisé son rêve de rencontrer Gorki, ou en tout cas « a fait simplement œuvre de romancier » en jouant le jeu du « mentir-vrai ».

    L’un des plus grands écrivains de notre époque, Mircea Cărtărescu, a écrit une postface à  une édition allemande de Kyra Kyralina parue en 2016. Inutile de dire que ce texte, traduit du roumain par Laure Hinckel et ici reproduit, est un apport majeur, non seulement pour les renseignements qu’il donne sur Istrati, mais aussi et surtout pour les enjeux qu’il induit et les questions qu’il pose sur les raisons du succès de l’ouvrage. Succès « dû à sa valeur intrinsèque ou à son contexte ? […] Ou bien tient-il à l’exotisme des sujets abordés ? En définitive, l’œuvre d’Istrati appartient-elle à la haute littérature ou est-ce un échantillon de plus de littérature « populaire »? » Littérature, « texte magique », « immense talent narratif », « éthique, métaphysique, esthétique » ? Voilà des questions fondamentales posées par un écrivain sur un écrivain.

    Autres articles importants : « Les dernières pérégrination de Panaït Istrati », traduit par Martha Popovici et présenté par Mugur Popovici, est un texte de Mihai Nasta, dont le père, Marius Nasta, soigna en 1933 Panaït Istrati malade de la tuberculose. Voilà « un émouvant témoignage sur l’amitié que sa famille a portée pour le pèlerin du cœur les dernières années de sa vie. » Puis Mariana Perişanu présente les Œuvres I et II de Panaït Istrati (version roumaine), « premier volet d’un travail d’envergure. » Cette « édition monumentale » « s’ouvre par l’introduction d’Eugen Simion », que Mariana Perişanu analyse en détail, et est complétée par une « ample » chronologie et par des notes et commentaires très utiles pour les lecteurs roumains.

    D’autres rubriques importantes étoffent le tout, parmi lesquelles les « Débris de gloses errantes » où Denis Taurel rétablit la vérité sur le lieu de décès d’Istrati, le « regard croisé » de Christian Delrue sur Pêcheur d’éponges de Yánnis D. Yérakis (Cambourakis, 2020), et une consistante notice bibliographique, toujours de Christian Delrue, sur L’Ascension de Nikos Kazantzaki.

    Pour qui veut compléter, conforter ou tout simplement inaugurer sa connaissance de Panaït Istrati, mais aussi s’ouvrir à des questionnements littéraires et historiques et même s’aventurer hors des sentiers battus (comme tout « Haïdouc » qui se respecte et comme Istrati l’a toujours fait), Le Haïdouc est un instrument indispensable, tout comme le site Internet de l’association et les échanges qui ont lieu entre ses membres.

    Jean-Pierre Longre

    On peut s’abonner à trois numéros pour 30,00 € ou recevoir gratuitement les deux numéros annuels en adhérent à l’Association des Amis de Panaït Istrati pour 25,00 € en écrivant à l’adresse postale de l’association:

    Les Amis de Panaït Istrati, c/o Christian Delrue, 179 rue Duguesclin, 69003 Lyon – France 

    ou à l’adresse électronique: amisdepanaitistrati@orange.fr

    Sites: 

    www.panait-istrati.com

    www.facebook.com/IstratiHaidouc

    Sommaire du n° 29-30-31 :

    Éditorial : « En passant par l’URSS et la Grèce pour revenir en Roumanie », par Christian Delrue, p. 3

    « Nikos Kazantzaki et Maxime Gorki : une rencontre qui n’a pas eu lieu », par Ioannis Dimitrakakis, p.4

    « Les Lettres manquantes », par Christian Portemont, p.18

    « Kyra Kyralina ou l’aspiration à l’absolu », par Mircea Cărtărescu, p.27

    « In Memoriam, le professeur Mihai Nasta », par Mugur Popovici, p.31

    « Les dernières pérégrinations de Panaït Istrati », par Mihai Nasta, p.32

    « Panaït Istrati, Œuvres I et II, premier volet d’un travail d’envergure », par Mariana Perișanu, p.35

    Du côté des universités et de la recherche, p.39

    Présence d’Istrati, p.41

    Brèves et variées, p.44

    Activités de l’association, p.45

    Débris de gloses errantes : « Istrati est mort chez lui le 16 avril 1935, Strada Paleologu numéro 3 au cinquième étage », par Denis Taurel, p.46

    Regards croisés : Yánnis D. Yérakis, par Christian Delrue, p.47

    Notices bibliographiques, p.49

    Nos collaborateurs et nos amis publient, p.52

    Départs : In memoriam Frédéric Jacques Temple (1921-2020), Jean Hormière (1948-1996), Frédéric Ranson (1962-2011, p.54

    Comité d’honneur, p.55

    Informations pratiques, p.56

     

     

  • Fondane inédit

    revue, francophone, roumanie, benjamin fondane, jean-pierre longreCahiers Benjamin Fondane n° 24, « Découvertes », 2021

    Le titre l’annonce : ce numéro des Cahiers nous fait « découvrir » des textes inédits, traduits de l’œuvre roumaine de Fondane, dont se dévoilent ainsi des pans entiers.

    La première « découverte » est celle de la version roumaine du Festin de Balthazar, Festinul lui Baltazar (1922), ici donnée dans une traduction d’Hélène Lenz, et suivie de deux analyses : « Deux monologues de Balthazar », où Agnès Lhermitte explore les frontières entre poésie et théâtre, montrant par exemple comment un « monologue lyrique » comme celui de Balthazar « comporte une virtualité épique et une virtualité dramaturgique » ; dans la seconde analyse, « Benjamin Fondane et l’auto sacramental », Serge Nicolas part de La Cena del Rey Baltazar de Calderón (1634) pour montrer comment Fondane, adaptant cette œuvre en écrivant le Festinul, « fait figure de précurseur » en 1922, de même que plus tard, en réécrivant la pièce en français, il se trouve « profondément engagé dans les expériences artistiques de son époque », sans cacher ses « préoccupations métaphysiques ».

    La deuxième « découverte » est celle d’une correspondance entre Benjamin Fondane et André Spire, commentée par Monique Jutrin, qui évoque à cette occasion, entre autres, l’antisémitisme des années 1920, et aussi l’intérêt de Fondane pour le travail de traduction, dans une perspective toute moderne (mettant notamment l’accent sur « l’importance du rythme »). Suit un dossier sur le cinéma, comprenant quelques articles retrouvés dans lesquels Fondane « a fait découvrir la poésie de l’écran » et qui sont commentés par Till R. Kuhnle. Puis deux textes sur Oscar Wilde publiés en 1921, traduits et commentés par Carmen Oszi : Fondane y « contribue à la réception roumaine de cet écrivain », le « réhabilite » même, tout en empruntant à André Gide, qu’il admirait.

    Dans un texte publié en 1922, traduit par Tatiana-Ana Flureianu, Fondane n’hésite pas à comparer Creangă et Mallarmé : « Creangă est un artiste – et même un artiste qui joue avec les mots – ce qui permet de le rapprocher de Mallarmé. On peut trouver la comparaison de mauvais goût, cependant elle me hante depuis longtemps. » Enfin, Evelyne Namenwirth propose une « relecture de Baudelaire et l’expérience du gouffre », « livre inachevé » laissé en « héritage » par le poète incarcéré : « Il sait ce qui l’attend mais souhaite que lui survive ce livre, présentement à l’état de tapuscrit. » « C’est bien malgré lui qu’il « abandonne » son bien pour nous le confier. Nous ne pouvons donc qu’imaginer un dialogue sans fin, faisant fi des années qui nous séparent, le temps aboli, une fraternité s’installant. » C’est bien ce type de dialogue qu’assurent, à leur manière à la fois savante et fraternelle, les Cahiers Benjamin Fondane.

    Jean-Pierre Longre

    Sommaire du numéro

    • Editorial
    - Éditorial
    - Lettre inédite de Jean Grenier à Jean Paulhan (mars 1944)

    • Théâtre
    - Le Festin de Balthazar (1922), B. Fundoianu, traduit par Hélène Lenz
    - Deux monologues de Balthazar, Agnès Lhermitte
    - Benjamin Fondane et l’auto sacramental, Serge Nicolas

    • Correspondance
    - Lettre à André Spire, Benjamin Fondane
    - Carte postale à André Spire
    - Ilarie Voronca, André Spire
    - Autour d’une correspondance,, Monique Jutrin

    • Cinéma
    - Cinéma : articles retrouvés, Eric de Lussy
    - À travers quelques articles de presse de 1929, Till R. Kuhnle

    • Articles traduits du roumain
    - Oscar Wilde, B. Fundoianu
    - Oscar Wilde selon Fondane : la vie et l’art, Carmen Oszi
    - Creanga, B. Fundoianu
    - Creanga, un artiste original, Tatiana Fluieraru

    • Relecture de Baudelaire et l’expérience du gouffre
    - Baudelaire et l’expérience du gouffre, réception d’un héritage, Evelyne Namenwirth

    • En mémoire
    - Lettre à Lucy Zultak
    - Claude Vigée
    - Cédric Demangot

    • Informations

    • Bibliographie sélective

    www.benjaminfondane.com  

  • Souvenirs choisis

    Marius Daniel Popescu, Le Persil n° 187, juin 2021

    revue, autobiographie, francophone, suisse, roumanie,  le persil, marius daniel popescu, jean-pierre longre Marius Daniel Popescu, dans un élan permanent d’altruisme littéraire, ouvre habituellement les pages de son Persil à toutes sortes d’écrivains, de Suisse romande ou d’ailleurs, confirmés ou débutants, connus ou méconnus. Une fois n’est pas coutume : le numéro 187 est consacré uniquement à des textes inédits de sa propre plume. Et l’on n’est pas déçu. Dans la ligne de La symphonie du loup et de Les couleurs de l’hirondelle, mais aussi de ses Arrêts déplacés, les quatre récits d’inégale longueur qu’il nous offre ici fouillent dans les souvenirs d’un « tu » qui ne dévoile pas son identité, que l’on devine tout de même, des récits dont, la plupart du temps, l’action se déroule dans « le pays du parti unique » ou dans ce qu’il est devenu, et dont on devine aussi le nom…

    revue, autobiographie, francophone, suisse, roumanie,  le persil, marius daniel popescu, jean-pierre longre « Promotion d’un pion » évoque le travail d’été d’un étudiant en sylviculture qui, pour gagner de l’argent, s’est fait engager pour trois mois au « Bureau de Tourisme pour la Jeunesse », accueillant des vacanciers venus visiter la belle ville de l’Église Noire entourée de montagnes et cherchant, pour une somme modique, à loger dans un foyer d’étudiants. Nous sommes au temps du « parti unique », des petites et grandes compromissions, de l’appauvrissement du peuple : « La crise du pays transforme les individus en marchands de corruption, les denrées alimentaires de base sont devenues monnaie d’échange et objet de favoritisme. » C’est le règne des petits chefs auxquels « tu » résiste obstinément, se voyant agir comme s’il était spectateur de lui-même : « Tu vis une sorte de pièce de théâtre dans laquelle tu as le rôle de réceptionniste d’un hôtel minable, tu t’entends parler ». Le récit se termine par une aventure désopilante aux limites du tragique, comme la Roumanie de naguère en avait le secret.

    Dénouement d’un humour aussi surprenant pour le récit suivant, qui commence pourtant d’une manière dramatique, puisque le « parti unique » a décidé de détruire la maison du grand-père, qui demande à son petit-fils de l’aider à déménager ses meubles – ce qui se fera avec l’aide clandestine d’un oncle et d’un ami chauffeur : « Cet homme faisait souvent des transports illégaux, il était de mèche avec des policiers du parti unique, le pays était devenu un pays au noir. » Mais où entreposer les meubles ? C’est à ce propos que le même « tu » trouve une idée à la fois pratique, drôle et poétique, à l’occasion de Noël. Le lecteur découvrira ce garde-meubles original.

    Le troisième texte, dont l’action se déroule après la chute du « parti unique », est paradoxalement le plus triste, puisqu’il relate la mort soudaine d’un ami survenue dans le « Musée d’Art de la Ville » : « Tu le connais depuis tes études universitaires en sylviculture, tu le connaissais depuis trente-six ans. Il n’a pas pu se faire opérer, dans ton pays de là-bas les médecins demandent des pots de vin pour des bricoles et pour des choses importantes ». Mais c’est l’occasion de quelques réflexions sur la mort (« La mort a une faiblesse, elle nous unit, elle est toujours embarrassée par les liens qu’elle crée entre nous »), sur l’amitié et sur la complicité rieuse – car au-delà de l’idée de la mort, le rire bien arrosé ponctue la vie et même la littérature : allusion au « persil » (plante ou journal littéraire) : « Les bières, elles étaient pour ta soif, il fallait que le persil soit arrosé régulièrement. » Malgré cela, malgré les blagues et les facéties, l’ami « est parti dans l’au-delà ».

    Dans le quatrième texte, très bref, nous revenons dans « le pays d’ici », celui où vit maintenant l’auteur, avec une belle histoire de solidarité et de générosité. Et c’est une confirmation de ce qui court, en filigrane ou en clair, tout au long de la prose de Marius Daniel Popescu : la générosité, humaine et verbale (les deux vont ensemble). Les descriptions précises, le soin mis à entrer dans le détail des gestes, des objets, des relations humaines, le souci de tout dire, d’emplir la page de mots précis relèvent de l’intérêt pour les autres et du désintéressement fertile qui président aux publications – périodiques ou livresques – de l’auteur, ainsi que de l’ardeur existentielle : « La vie nous offre plein de mauvaises surprises, il faut survivre à tout, il faut toujours être capable de partir de zéro. »

    Jean-Pierre Longre

    www.facebook.com/journallitterairelepersil  

    Le persil journal, Marius Daniel Popescu, avenue de Floréal 16, 1008 Prilly, Suisse.

    Tél.  +41.21.626.18.79.

    E-mail : mdpecrivain@yahoo.fr

    Association des Amis du journal Le persil lepersil@hotmail.com

  • L’enfant et l’homme-oiseau

    Roman, francophone, Roumanie, Sylvie Germain, Albin Michel, Jean-Pierre LongreLire, relire... Sylvie Germain, Le vent reprend ses tours, Albin Michel, 2019, Le livre de poche, 2021

    Nathan, enfant inattendu, venu au monde comme un intrus, un « fantôme », a été élevé non sans soins, mais sans véritable amour, par sa mère Elda. En grandissant, il se met à fuir les autres, pris d’une sorte de bégaiement qui le laisse « bouche entrouverte, les yeux embués, l’air ahuri », et qui en fait la risée de ses congénères. Or au cours de sa dixième année, sa mère remarque que son « trouble » disparaît. « L’enfant timoré et bredouillant est même devenu plus ouvert, presque bavard et enjoué par moments, utilisant des mots insolites, des tournures biscornues ou inhabituelles, citant des vers dont elle n’était pas sûre qu’il en saisît toujours le sens. ». L’explication de cette renaissance ? Il a rencontré Gavril, « saltimbanque monté sur des échasses », débiteur de syllabes incongrues, tripatouilleur de mots et de poèmes qu’il murmure à travers une espèce de tube qu’il nomme « poèmophone », homme-orchestre, joueur d’ « olifantastique » et autres instruments étranges…

    Une amitié complice naît entre eux, et alors commencent pour Nathan les « années Gavril », homme au passé tourmenté, qui a connu les dictatures, la violence, l’exil, et qui vivote de boulots précaires tout en versant du côté de la joie de vivre et de la fantaisie avec ses spectacles de rue. Sa fréquentation assidue bien qu’irrégulière a permis au garçon d’échapper « à l’ennui, à la routine, et surtout à la solitude et à l’inquiétude », et de développer son imagination, de « dynamiser ses pensées, ses rêves ».

    roman,francophone,roumanie,sylvie germain,albin michel,jean-pierre longreDe nombreuses années plus tard, en 2015, alors que la morne vie de Nathan ne s’est pas remise de ce qu’il croyait être la mort de son « homme-oiseau » dans un accident de moto dont il se juge responsable, il apprend que Gavril, qui était resté en vie, vient de disparaître de l’hôpital où il végétait, et qu’il est mort noyé dans la Seine. Taraudé par le remords de n’avoir rien su, à cause d’un mensonge, pense-t-il, de sa mère, il entame une longue enquête rétrospective sur son vieil ami, grâce notamment aux enregistrements effectués par l’assistante sociale qui l’avait pris sous son aile. Son ascendance mi allemande mi tsigane, sa vie en Roumanie, l’oppression, le pénitencier, la fuite en France… Et voilà Nathan parti sur les traces de Gavril dans son pays d’origine : Timişoara et les villages du Banat, Bucarest, l’ « enfer carcéral » de Jilava, le Bărăgan, le delta du Danube… Autant de découvertes qui entrent en résonance avec ce que les deux amis avaient vécu ensemble.

    La mémoire des événements rapportés ou vécus libère celle des mots et de la poésie. Car c’est elle, la poésie, qui, transcendant les joies et les souffrances de la vie, est le vrai fil conducteur du roman de Sylvie Germain. Depuis le bégaiement involontaire de l’enfant jusqu’au bégaiement « volubile » du poète roumano-français Ghérasim Luca (lui aussi mort, comme son ami Paul Celan, noyé dans la Seine), depuis les désarticulations verbales que Gavril opérait sur les textes de Rimbaud, Apollinaire, Ronsard, Queneau, Prévert, Mallarmé, Hugo (on en passe) jusqu’au souvenir de Benjamin Fondane et aux vers d’Ana Blandiana, c’est, par « les voix des poètes morts », le fond véritable de la vie humaine qui passe à travers la respiration du langage, et c’est « l’espoir oublié » qui renaît.

    Jean-Pierre Longre

    www.albin-michel.fr

    www.livredepoche.com

  • La vie par les mots

    Poésie, francophone, Roumanie, Horia Badescu, Éditions Petra, Jean-Pierre LongreHoria Badescu, Celui qui reste debout, Éditions Petra, 2021

    La poésie de Horia Badescu est à la fois dense et lucide, fluide et paradoxale, et ce nouveau recueil le confirme en trois mouvements. Le premier, « Été indien », mène « au bout de l’horizon », par un chemin où « le silence qui bouillonne de paroles » nous laisse voir « la lumière sombre de l’hiver », sentir le sable brûlant, attendre l’automne ou « un éclair d’été », tout en sachant qu’au-delà de l’amour « le néant marchande notre peau » :

                       « Aime-moi comme si la mort était toute proche,

                       aime-moi avec la mort dans tes yeux ! »

    Dans le second mouvement, « Vivre jusqu’à lundi », les vers proposent un itinéraire au fil de la semaine, de la naissance du jour et de l’enfant jusqu’à l’acceptation du poids de l’existence (« Il faut vivre »). En chemin, c’est l’amour qui illumine les jours et les nuits, et de l’union entre les corps et la nature naît un érotisme vibrant, chantant par exemple

    « les chênes forts

    de ses cuisses

    et le pré affamé

    de son ventre »,

    avec çà et là quelques accents éluardiens (de ceux de Capitale de la douleur) :

                                « une lumière pure enveloppe

                                Le noyau du monde ».

    Le troisième mouvement, qui a donné son titre au recueil, est celui qui dénonce le plus obstinément la violence de la mort et qui exprime le plus fermement la lutte pour la dignité (« Notre orgueil rester jusqu’à la fin debout ») et contre le néant :

                                « Ne demande jamais

                                comment tu mourras ».

    Et même s’il faut s’y résigner,

                                « dans ce siècle terrible

                                il n’est pas indifférent d’apprendre

                                comment la mort en toi va pénétrer ! »

    C’est au vrai poète qu’il est donné de « rester debout ». Car il a pour lui le langage des mots, et « seul le mot, le mot seul reste vivant ». Dans sa fructueuse recherche esthétique et existentielle, Horia Badescu nous ouvre « la cage des mots », et peut nous dire :

                                « Les mots je vous les offre

                                et je me donne à vous

                                comme à celui qui m’attend au bout

                                du chemin. »

     

    Jean-Pierre Longre

    www.editionspetra.fr

     

  • Une musicienne trop méconnue

    Essai, musique, histoire, francophone, Roumanie, André Paléologue, Cécile Lauru, Les cahiers de la société historique et archéologique des VIIIe et XVIIe arrondissements, Jean-Pierre LongreAndré Paléologue, Cécile Lauru. Le destin d’une compositrice française, de Nantes aux Carpates, Les cahiers de la société historique et archéologique des VIIIe et XVIIe arrondissements, numéro spécial, 2021

    Née à Nantes en 1881, Cécile Lauru connut une destinée hors du commun. Très tôt intéressée par la musique grâce à sa mère, qui lui fit d’abord apprendre le violoncelle, admise entre autres aux cours d’harmonie de Charles Tournemire, elle surmonta les obstacles qui, à son époque, barraient aux femmes la carrière de compositrice (voir par exemple les désaccords horrifiés de Gabriel Fauré, et même les sarcasmes de Maurice Ravel…). Ayant fréquenté par hasard les milieux franco-allemands, elle passa dix ans comme enseignante et éducatrice de la Princesse Impériale à la cour de Guillaume II, où elle ne manqua pas de pratiquer la musique, composant notamment des lieds sur des poèmes de la princesse Féodora, publiant et faisant jouer plusieurs de ses compositions. Jeune femme toujours active, elle fonda et dirigea un « foyer » français à Berlin, jusqu’à la guerre de 1914 qui l’obligea à « plier bagage ».

    Essai, musique, histoire, francophone, Roumanie, André Paléologue, Cécile Lauru, Les cahiers de la société historique et archéologique des VIIIe et XVIIe arrondissements, Jean-Pierre LongreMais la rencontre de Vasile Georgescu Paleolog, le coup de foudre réciproque et le mariage changèrent l’orientation de sa vie. Son mari roumain, homme d’affaires, critique d’art, essayiste, était un ami de Constantin Brancuşi, spécialiste de son œuvre, et Cécile put ainsi fréquenter l’avant-garde de l’époque, artistes, hommes de lettres, musiciens, en particulier Erik Satie et le « groupe d’Arcueil ». « En 1921, selon les critères de l’époque, Cécile Lauru Paleolog était une femme comblée : mariée à un homme d’affaires de « bonne condition », mère de trois garçons en pleine forme, douée d’un potentiel créatif reconnu et admiré de son entourage… ». Elle suit son mari dans ses voyages professionnels, puis la famille part s’installer en Roumanie. Dépaysement total pour Cécile, qui va trouver une activité d’ethnomusicologue et continuer à créer, nourrissant ses compositions du « chant de l’Église orthodoxe » et du « folklore musical villageois », et qui durant cette période va composer, « dans un parfait esprit de liberté et de création », ses plus grandes œuvres. Puis c’est à nouveau Berlin pour l’éducation de ses enfants (1930-1940), l’expulsion par le régime nazi, le retour en Roumaine (Bucarest), avec « la musique comme dernier refuge » face aux brimades du régime totalitaire, la possibilité de revenir en France où elle meurt accidentellement en 1959.

    Essai, musique, histoire, francophone, Roumanie, André Paléologue, Cécile Lauru, Les cahiers de la société historique et archéologique des VIIIe et XVIIe arrondissements, Jean-Pierre LongreAndré Paléologue, historien, petit-fils de Cécile Lauru, était bien placé pour écrire l’histoire de cette musicienne trop méconnue, qui mérite amplement une réhabilitation, elle qui a tenté une « synthèse sonore européenne ». Son ouvrage, fortement documenté, illustré de photos probantes, raconte certes en détail la vie particulièrement remplie de sa grand-mère (qui soit dit en passant avait un caractère bien trempé), en s’appuyant en partie sur les 586 pages manuscrites de ses Souvenirs. Mais il va au-delà : il révèle tout un pan de la musique européenne du XXe siècle, sans se priver de faire quelques apartés, par exemple sur le piano qui a suivi la musicienne dans toutes ses pérégrinations, ni de poser quelques questions ou d’émettre quelques réflexions, par exemple sur la correspondance des arts (musique, littérature, peinture, sculpture…), ou sur le fait de savoir si l’on peut « circonscrire l’espace d’une musique spécifiquement roumaine » (question qui taraudait V. G. Paleolog), ou encore si l’on peut créer, comme le tenta Georges Enesco, une « musique moderne et nationale. » Ainsi, ces pages suscitent l’intérêt à plusieurs titres (biographique, musicologique, historique, critique), et mettent en lumière non seulement l’existence d’une grande figure artistique, mais beaucoup de questions relatives à la vie culturelle européenne.

    Jean-Pierre Longre

    http://sha8-17.e-monsite.com

    http://www.cdi-garches.com/evenement/cecile-lauru-la-vie-romanesque-et-la-carriere-dune-compositrice-francaise-a-lest-de-leurope

    https://www.youtube.com/watch?v=ka6rdA9xE2s  

  • L’apprentissage et les projets de Roxana

    Récit, francophone, Roumanie, Denis Audureau, N'co éditionsDenis Audureau, Vivre en CAmpagnonnage, N'co éditions, 2021

    Présentation:

    Née en 1994 en Roumanie, Roxana arrive à Troyes à 19 ans, après une enfance auprès de parents modestes et de son frère, Adrian qui s’est engagé dans l’agriculture. La jeune fille réussit son CAP Menuisier avec les Compagnons du Devoir, hésite à partir pour le Tour de France, apprend le métier grâce à divers contrats de courte durée et finit par être adoptée. En parallèle, elle nourrit un projet qui lui tient à cœur mais qu’elle doit réaliser en équipe : la transformation d’un corps de ferme désaffecté des Monts du Lyonnais en lieu intergénérationnel d’habitat partagé. Comment gagner la confiance et entretenir sa motivation tout en menant à bien ses missions professionnelles ? Comment concilier sa vie personnelle et son goût pour les traditions avec les sollicitations trépidantes de la vie en France ? Comment vivre avec les autres sans perdre de vue ses objectifs ?

    Denis Audureau, né en 1955, a grandi dans le milieu paysan du bocage vendéen. Il fera son Tour de France avec les Compagnons du Devoir du Tour de France dans les années 70. Autodidacte, après une carrière particulièrement consacrée à la retransmission — activités diverses auprès de jeunes et d’adultes —, à la retraite, il prend la plume pour raconter le parcours d’une jeune fille à la personnalité attachante.

    L’histoire de Roxana est un peu celle de tous les jeunes qui, à l’heure actuelle, jonglent avec les possibilités parfois impossibles à accorder dans une société lancée toujours plus vite vers un avenir sans repères évidents.

    L’auteur profite de cette aventure contemporaine pour laisser libre cours à sa vision d’une société tournée vers l’humain, respectueuse de la nature et consciente de ses responsabilités, notamment dans le secteur agricole.

    www.nco-editions.fr

    https://www.librairie-compagnons.com/2907-romans-vivre-en-campagnonnage.html

    https://www.facebook.com/vivreencampagnonnage

    Et pour échanger avec l’auteur :  vendeen.auteur@gmail.com

  • Le miracle des poésettes

    Poésie, francophone, Radu Bata, Éditions Unicité, Jean-Pierre LongreRadu Bata, Le fou rire de la pluie, Éditions Unicité, 2021

    Il est méfiant, Radu Bata, et il a bien raison. À la fin de ce nouveau recueil de poésettes (qui se multiplient comme des petits pains tout chauds), il conseille à l’auteur (lui-même, donc) de mettre un « point final » à son histoire, car « il se trouvera toujours quelqu’un / pour te la réécrire / comme bon lui semble ». Un peu comme cela se passe avec les contes de fées et leurs multiples versions.

    C’est pourquoi je ne me permettrai pas d’ajouter un énième commentaire, une vaine  glose à l’oeuvre d’un artisan du verbe qui, tout en ne se voulant pas poète, ne cesse de « tricoter des lettres », de « composer des chants de sirènes », de faire de sa vie quotidienne un champ poétique, de magnifier « la puissance de la pensée / [qui] peut te téléporter partout / dans l’espace-temps / qui fleurit ton cerveau », tout en avouant modestement : « Je ne parle jamais sérieusement / sauf dans mon sommeil », en rendant de discrets hommages, par exemple, dans un même texte, à Rimbaud (« le bateau ivre ») et à Prévert (« pour écrire un poème »), ou, dans un autre, à ses deux langues familières : « le vieux danube fait l’amour / à la syntaxe de la seine / malgré la géographie / leur enfant est beau et libre / comme une marianne amoureuse / d’un château des carpates ».

    Pas de commentaires, donc, mais uniquement de la poésie, dans laquelle on entre comme dans un tableau, « se faire une place / entre les branches d’un arbre / comme entre les bras de l’être aimé », grâce à laquelle on se défend contre la vie et le monde : « nous vieillissons / plus vite que nos ombres / sous les tirs groupés / des parvenus au sommet / qui nous poussent à déménager / sur la face cachée / de la lune », de la poésie capable d’« adoucir la fêlure » : « le poète est bâti / comme une armoire / - une armoire à pharmacie / toujours prêt à caresser / les migraines de l’existence / à tamponner l’égarement / à traiter les infections / avec des herbes sauvages / et de l’affection / à décongestionner les routes / de l’imaginaire / avec un mot mentholé / à amortir dans la neige / les chutes sentimentales / du haut de l’été / à soigner la solitude / avec des flamants roses / et la peur avec des rouges-gorges ». Bref, si l’on veut se faire du bien, il faut aller voir tomber la pluie miraculeuse des poésettes, et rire avec elle.

    Jean-Pierre Longre

    www.editions-unicite.fr

  • Si grande Roumanie…

    Essai, illustrations, francophone, Roumanie, Christine Colonna-Cesari, éditions Piatnitsa, Jean-Pierre LongreChristine Colonna-Cesari, Ils sont fous ces Roumains !, L’eldorado roumain,  éditions Piatnitsa, 2021

    Ceux qui connaissent un tant soit peu la Roumanie voudraient balayer tous les clichés négatifs que l’ignorance médiatique répand en France sur le pays et ses habitants, et ils le font tant bien que mal. Christine Colonna-Cesari, qui s’est installée à Bucarest parce qu’elle y trouve « une société à dimension humaine », « une énergie particulière, un sentiment de tolérance et de sécurité », un rare sens de l’accueil, une sympathie hors pair et une belle « qualité de vie », s’est employée à réhabiliter les Roumains en décrivant leur pays sous l’angle de la grandeur. C’est un fait qu’ils en ont un « sens inné », synthétisé par l’expression « Mare de tot ».

    C’est ainsi qu’en de brefs chapitres dûment renseignés, magnifiquement illustrés, clairement rédigés à partir de rencontres et de visites fructueuses, elle décline ce qu’il y a de plus grand, beau, original dans un pays qui regorge de sites, de monuments, d’objets, de personnalités hors du commun. Il y a les lieux notoires, comme le « Cimetière joyeux » de Săpânța, les sculptures de Constantin Brâncuşi à Târgu-Jiu, le gigantesque Palais du Parlement à Bucarest, les anciennes mines d’or de Roşia Montană (remises récemment en mémoire à cause des visées prédatrices de multinationales), les musées ethnographiques en plein air tels que le Musée du Village de Bucarest ou ceux de Cluj et de Sibiu, le marché d’Obor… Il y a aussi l’art et l’artisanat : la fameuse blouse roumaine, ou « la grande coupole vitrail de Râmnicu Vâlcea », peinte à la main. Mais Christine Colonna-Cesari nous fait aussi découvrir ou redécouvrir « le plus grand orgue d’Europe de l’Est » construit en 1839 pour l’église Noire de Braşov, ou « la vallée des Fées », lieu de rêve pour les enfants créé par Răzvan Vasile, et beaucoup d’autres choses. Des personnages aussi, tels Mircea Tudor avec « ses scanners de transport uniques au monde », Mariana Mihuţ avec ses peintures naïves ou Verginia Vedinas, juriste de grande envergure…

    On ne peut évidemment pas rendre compte de tous les sujets de grandeur abordés dans ce luxueux et luxuriant volume, qui ne prétend pas non plus tout recenser. L’autrice a beau écrire que ce n’est ni « un livre d’histoire » ni un « guide touristique », nous avons là un panorama écrit et visuel d’une grande originalité et d’un bel esthétisme, qui revêt des dimensions géographiques et historiques. Avis donc aux visiteurs : suivez les recommandations faites ici, parcourez le pays avec ce livre en main, véritable hymne à une Roumanie que vous ne vous lasserez pas d’arpenter.

    Jean-Pierre Longre

    http://www.editionspiatnitsa.com  

    « Voici la Roumanie sous un jour nouveau. Voici comment les Roumains n'ont pas peur, d'être Mare de tot ! les plus grands, les plus forts.
    Découvrez les records, les talents, la gentillesse, le sens de la grandeur, de l'accueil et de l'innovation, chez le plus joli peuple d'Europe, qui ne craint pas de bâtir toujours plus haut.
    La Roumanie c'est le plus grand laser du monde, la plus haute église en bois du monde et la plus haute cathédrale orthodoxe du monde, les Thermes écologiques les plus grandes du monde, la terre la plus fertile du monde, la plus grande réserve d'or d'Europe, les plus belles blouses brodées main du monde. »

    224 pages, 188 photos, 31 reportages

  • Parutions récentes

    Essai, Histoire, roman, francophone, Roumanie, Gabriel Leanca, L’Harmattan, Sylvain Audet-Gainar, Micmac à Bucarest, Ex AequoL’entrée de la Roumanie dans la grande guerre. Documents diplomatiques français (28 juillet - 29 décembre 1914) réunis, présentés et commentés par Gabriel Leanca, éditions L’Harmattan, 2020

    "La politique du Quai d'Orsay à l'égard de l'Europe du Sud-Est dans les six premiers mois de la Grande Guerre est simple : celle-ci vise à amener les petits États de cette région à se solidariser avec l'Entente. Le cas de la Roumanie témoigne d'une situation complexe, devant laquelle se sont trouvés les diplomates français. Du côté de la Bulgarie plane également l'incertitude à l'égard de la guerre. La diplomatie française comprend qu'elle doit s'entremettre entre la Russie et la Roumanie pour faciliter le dialogue entre les deux voisins et proposer une stratégie cohérente de l'Entente pour les Balkans. L'entrée en guerre de la Roumanie est la suite des initiatives franco-russes qui ont débuté précisément en 1914."

    https://www.editions-harmattan.fr

     

     

    Essai, Histoire, roman, francophone, Roumanie, Gabriel Leanca, L’Harmattan, Sylvain Audet-Gainar, Micmac à Bucarest, Ex AequoSylvain Audet-Gainar, Micmac à Bucarest, éditions Ex Aequo, 2020 

    "Arthur Weber, futur papa, se retrouve malgré lui impliqué dans des affaires d'assassinats... ses origines mystérieuses auraient-elles un lien avec ces crimes ?

    Octobre 2018.
    Né en Roumanie de père inconnu pendant le communisme, Arthur qui a passé toute sa vie en France habite depuis deux ans à Bucarest où il file le parfait amour avec Iulia.
    Alors que le jeune homme se prépare, non sans quelque difficulté, à devenir père, il connaît toute une série de déboires. Accusé tout d’abord d’avoir commis plusieurs assassinats, il peine à prouver son innocence tandis que la découverte d’une curieuse note rédigée par sa mère quelques mois après sa naissance l’oblige à se confronter au mystère de ses origines.
    Qui était son géniteur ? Qui est celle ou celui qui cherche à lui faire porter le chapeau de tous ces crimes ? Ces deux affaires-là ont-elles un lien entre elles ?
    Dans tous les cas, cette double enquête, dont Arthur se serait bien passé, le contraint à se plonger dans une des périodes les plus troubles de l’histoire de sa mère mais également de la Roumanie, à avancer à tâtons dans un labyrinthe aux impasses et aux embûches innombrables et surtout, à devoir faire équipe avec une bande de détectives amateurs particulièrement loufoques.

    Faisant suite aux aventures d’Arthur Weber dans Du Rififi à Bucarest, ce roman propose au lecteur de poursuivre la découverte de la Roumanie sous des angles inédits, son histoire trouble et mouvementée, sa culture foisonnante mais également sa capacité stupéfiante à la résilience et son sens irrépressible de l’humour.

    À PROPOS DE L'AUTEUR

    Sylvain Audet-Găinar est né en 1980 et a fait des études de Lettres à Lyon, à Strasbourg et à Bucarest. Fasciné par la Roumanie, il y a vécu et enseigné le français pendant de longues années. Après avoir traduit plusieurs polars roumains, il a fini par se lancer dans l’écriture de ses propres romans. Son premier ouvrage a paru en 2020 sous le titre Du Rififi à Bucarest."

    https://editions-exaequo.fr

  • Un recueil poétique français traduit en roumain

    Poésie, francophone, Roumanie, Gérard Blua, Valeriu Stancu, CronEditGérard Blua, Urme, Ultimă călătorie poetică, traducere şi postfaţă Valeriu Stancu, CronEdit, 2020

    Une belle destinée pour le recueil Traces, Ultime cheminement poétique, paru en 2018 aux éditions Campanile.

    Voir http://jplongre.hautetfort.com

     

    Aceasta,

    Pentru tine care ai ochii merci inchişi,

    Pentru tine care-i deschizi, dar nu vezi,

    Pentru tine care vezi, dar nu previşti,

    Pentru tine care previşti, dar nu cauţi,

    Pentru tine care cauţi, dar nu găseşti,

    Pentru tine care găseşti, dar nu înţelegi,

    Pentru tine care înţelegi,,

             Dar care închizi ochii.

    (Quatrième de couverture)

     

     

    Ceci,

    A toi qui as les yeux toujours fermés,

    A toi qui les ouvres mais ne vois pas,

    A toi qui vois mais ne regardes pasd,

    A toi qui regardes mais ne cherches pas,

    A toi qui cherches mais ne trouves pas,

    A toi qui trouves mais ne comprends pas,

    A toi qui comprends,

             Mais qui fermes les yeux.

     

    (Poème « Ultimes traces », initialement paru en 1975 dans La Revue Moderne).

     

  • Une immigration fertile

    Essai, Histoire, francophone, Roumanie, Moldavie, Bruno Teissier, BiblioMonde Éditions, Jean-Pierre LongreBruno Teissier, Ces Roumains qui font la France. Deux siècles d’immigration en provenance de Roumanie et de Moldavie, BiblioMonde Éditions, 2020

    La France moderne s’est constituée, au fil des siècles et des années et pour une part importante, grâce à des immigrés de différentes origines, de différentes classes, qui ont enrichi de leur savoir-faire, de leur mentalité, de leur sens artistique, de leur histoire familiale et sociale le patrimoine national. C’est l’idée qui sous-tend la collection « Le puzzle français », dont Ces Roumains qui font la France est le second volume, après un premier consacré aux Allemands.

    Certes, l’immigration roumaine et moldave, qui comme l’écrit l’auteur « n’est pas significative avant le milieu du XIXe siècle », n’est pas la plus nombreuse. Mais « les Français d’origine roumaine sont d’une grande diversité sociale, culturelle, linguistique, religieuse, politique… », et cette diversité, dont l’une des dominantes est la francophonie, est d’un apport décisif. Le grand public connaît bien sûr quelques noms fameux, ceux de Tzara, Brancuşi, Cioran, Ionesco, voire celui de l’actuelle ministre des sports, Roxana Maracineanu. L’un des mérites de ce livre est de replacer ces noms (et les autres) dans une perspective historique, chaque chapitre étant inauguré par une page précisant le contexte général, à commencer par les liens politiques, universitaires et culturels privilégiés tissés dès le XIXe siècle entre les deux (ou trois) pays. Un autre mérite est d’entrer dans les détails, révélant l’origine roumaine ou moldave de telle ou telle personnalité connue, ou réhabilitant telle ou telle personnalité méconnue. On n’établira pas ici de liste exhaustive, mais il est question par exemple des origines de Gérard Philippe, de Marin Karmitz, de Vladimir Cosma, question aussi des artistes de toutes disciplines (Grigorescu, Enesco, Panaït Istrati, Paul Celan), d’écrivains contemporains tels Ghérasim Luca, Dumitru Tsepeneag, Matéi Visniec, Liliana Lazar, d’hommes politiques comme Robert Badinter, Serge Moscovici, Jean-François Copé, mais aussi de Bernard Natan, qui a joué un rôle majeur dans la société cinématographique Pathé, des nombreux militants qui ont participé à la Résistance, telle Olga Bancic, seule femme du groupe Manouchian, de bien d’autres encore, dont on peut faire ou approfondir la connaissance au hasard des pages, ou en se reportant aux index.

    L’abondance des noms aurait pu rendre la lecture de l’ensemble fastidieuse. Ce n’est pas le cas, car les chapitres, parsemés d’illustrations, sont bâtis comme des récits à caractère historique ou biographique, chacun d’entre eux étant consacré à un thème ou à une appartenance (les aristocrates, les Juifs, les Tsiganes, les options politiques, les artistes etc.) et mettant en relief les personnalités les plus intéressantes. Il n’est évidemment pas question, en un peu plus de cent pages, d’épuiser le sujet (certaines figures peuvent souffrir de schématisations ou de partis-pris purement historiques), et on pourrait ajouter quelques noms à une liste déjà longue. Mais libre aux lecteurs, après cela, de s’intéresser de plus près à l’un des sujets abordés ou à l’un des personnages évoqués. Et de retenir l’idée que la diaspora roumaine et moldave a grandement participé à la construction de notre pays, et continue à le faire. 

    Jean-Pierre Longre

    www.bibliomonde.fr  

  • L’amitié, la littérature, l’histoire

    correspondance,francophone,roumanie,panaït istrati,romain rolland,daniel lérault,jean rière,gallimard,jean-pierre longrePanaït Istrati – Romain Rolland, Correspondance 1919-1935, édition établie, présentée et annotée par Daniel Lérault et Jean Rière, Gallimard, 2019

    Les publications de correspondances d’écrivains ont-elles un intérêt ? Non, si elles sont uniquement l’occasion de donner lieu à des anecdotes biographiques, voire à de vaines indiscrétions. Oui, si elles donnent à lire des lettres qui reflètent de fortes personnalités, qui portent témoignage de l’Histoire et qui relèvent de la vraie littérature.

    Cette édition de la Correspondance 1919-1935 entre Panaït Istrati et Romain Rolland, qui « fera date », comme l’écrit Christian Delrue dans Le Haïdouc de l’été 2019, répond à tous ces critères. D’autant plus que nous avons affaire à un ouvrage très élaboré, une véritable édition scientifique, dans laquelle on peut puiser à satiété. Les notes, références, explications concernant le contexte, comme les annexes (extraits divers, lettres complémentaires, analyse graphologique etc.), renforcent l’authenticité d’un ensemble qui ne comporte « aucune suppression, aucun ajout, aucune modification », reprenant « les autographes originaux ».

    Les éditeurs précisent en outre : « Vocabulaire, orthographe, syntaxe ont été conservés en gardant un souci de lisibilité et d’homogénéité. ». C’est là un aspect primordial de ce volume, pour ce qui concerne Panaït Istrati : on peut relever, de moins en moins nombreuses au fil du temps, les erreurs, les maladresses, les « fautes » d’un homme né en Roumanie, qui a beaucoup voyagé et qui a appris le français sur le tard, seul avec ses modèles ; et les conseils encourageants de Romain Rolland, qui n’hésite pas à lui envoyer de petits tableaux de fautes à éviter (« Ne pas dire… mais… »), tout en s’enthousiasmant pour le « don de style », le « flot de vie » de son correspondant. Pour qui veut étudier l’évolution linguistique et littéraire d’un écrivain qui s’évertue (et qui parvient admirablement) à passer de sa langue maternelle à une langue d’adoption, c’est une mine. « On ne saura jamais combien de fois par jour je hurle de rage, et m’ensanglante la gueule et brise mes dents en mordant furieusement dans cet outil qui rebelle à ma volonté », écrit-il à son « maître » (les ratures sont d’origine, attestant la fidélité au texte initial). Mais la volonté servira la « Nécessité » d’écrire, et on mesure à la lecture combien Istrati a progressé, et combien cette progression a servi la vigueur de son expression.

    Correspondance, francophone, Roumanie, Panaït Istrati, Romain Rolland, Daniel Lérault, Jean Rière, Gallimard, Jean-Pierre LongreAutre aspect primordial : l’Histoire, dont les troubles et les soubresauts provoquèrent une querelle politique et une brouille d’envergure entre deux personnalités de fort tempérament. Pour le rappeler d’une manière schématique, les voyages qu’Istrati fit en URSS lui révélèrent une réalité bien différente de celle qu’il imaginait, lui dont l’idéal social et politique le portait pourtant vers le communisme. Sa réaction « consterne » un Romain Rolland resté fidèle à son admiration pour le régime soviétique. « Rien de ce qui a été écrit depuis dix ans contre la Russie par ses pires ennemis ne lui a fait tant de mal que ne lui en feront vos pages. ». Le temps a montré qui avait raison… Certes, tout n’est pas aussi simple, et l’un des avantages de cette correspondance est de montrer que, sous les dehors d’un affrontement rude et apparemment irrémédiable, certaines nuances sont à prendre en compte. Il y aura d’ailleurs une réconciliation en 1933, même si chacun campe sur ses positions à propos de l’URSS (pour Romain Rolland « le seul bastion qui défend le monde contre plusieurs siècles de la plus abjecte, de la plus écrasante Réaction », pour Panaït Istrati « lieu des collectivités nulles, aveugles, égoïstes » et du « soi-disant communisme »). Malgré cela donc, le pardon et l’amitié l’emportent, peu avant la mort d’Istrati.

    Évidemment, il n’y a pas que cela. Il y a les enthousiasmes et l’idéalisme du scripteur en formation devenu auteur accompli, qui contrastent souvent avec la lassitude d’une gloire des Lettres accablée par le travail, les visites, les sollicitations. Il y a, racontées avec la vivacité d’un écrivain passionné, des anecdotes semées de savoureux dialogues et de descriptions pittoresques. Il y a les échanges sur la vie quotidienne, la santé, les rencontres, les complicités, les amitiés, les amours… Et les projets littéraires, les péripéties liées à la publication des œuvres, les relations avec d’autres artistes – tout ce qui fait la vie de deux êtres qui ont en commun la passion généreuse de la littérature. Chacun peut y trouver son compte.

    En 1989, parut chez Canevas éditeur une Correspondance intégrale Panaït Istrati – Romain Rolland, 1919-1935, établie et annotée par Alexandre Talex, préfacée par Roger Dadoun. Une belle entreprise, qui cependant se voulait trop « lisible », effaçant les maladresses de l’auteur débutant, les scories, repentirs, ratures… Fallait-il s’en tenir à cette version fort louable, mais partielle et édulcorée ? Non. Daniel Lérault et Jean Rière ont eu raison de s’atteler à une tâche difficile, pleine d’embûches, mais qui a donné un résultat d’une fidélité scrupuleuse et d’une grande envergure historique et littéraire.

    Jean-Pierre Longre

     En complément :

    Le Haïdouc n° 21-22 (été 2019), « bulletin d’information et de liaison de l’Association des amis de Panaït Istrati » est consacré à cette Correspondance. Et l’un des numéros précédents (n° 14-15, automne 2017 – hiver 2018) contient un texte éclairant de Daniel Lérault et Jean Rière sur leur publication. Voir www.panait-istrati.com

    Voir aussi:

    Observator Cultural, Bucarest, 13 août 2020.
     

     

    www.gallimard.fr

    www.panait-istrati.com

    www.association-romainrolland.org

  • Queneau et Cioran

    essai, littérature, francophone, anglophone, Raymond Queneau, Cioran, jean-pierre longre, black herald pressJean-Pierre Longre, Richesses de l'incertitude. Queneau et Cioran / The Riches of Uncertainty. Queneau and Cioran. Bilingual book - ouvrage bilingue, translated from the French by Rosemary Lloyd. Black Herald Press, 2020.

    Voir: article de Mircea Anghelescu:

    J.P.Longre.jpg(Observator Cultural)

    Article de Dominique et Daniel Ilea: 

    https://revue-traversees.com/2020/06/20/deux-ecrivains-a-la-loupe

    https://www.litero-mania.com/deux-ecrivains-a-la-loupe/

     

    Bizarre. Lorsque je lis Cioran, je pense souvent à Queneau, et lorsque je lis Queneau, je pense parfois à Cioran. Il s’agit peut-être là d’un phénomène tout simple : pour un familier de Queneau, le risque est de laisser son esprit en être occupé même lorsqu’il lit d’autres auteurs ; pour un familier aussi de la littérature d’origine roumaine, préoccupé entre autres par Cioran, le risque est de laisser à celui-ci le champ un peu trop libre dans des lectures diverses, notamment queniennes… Bref, il me fallait tenter d’élucider la question pour mieux m’en débarrasser, en naviguant entre Exercices de style et Exercices d’admiration.

    How strange. Reading Cioran often puts me in mind of Queneau, and reading Queneau sometimes puts me in mind of Cioran. Perhaps this is really quite a simple phenomenon: for anyone who is familiar with Queneau, there is a risk of letting your mind be taken over by him even when you read other authors, and for anyone familiar with literature from Romania, and preoccupied with such writers as Cioran, the risk is that you will give him too much leeway in your various readings, especially the works of Queneau… In a word, I felt I needed to clarify the question the better to clear my mind of it, as I navigated between Exercises in Style and Exercises in Admiration.

    www.blackheraldpress.com

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