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aurélien ducoudray

  • S’entraider ? Résister ?

    Bande dessinée, francophone, Roumanie, Aurélien Ducoudray, Gaël Henry, Paul Bona, Steinkis, Jean-Pierre Aurélien Ducoudray, Gaël Henry, Paul Bona, L’ours de Ceauşescu, Steinkis, 2022

    Qu’ont-ils à voir entre eux, ces sept personnages qui, tous enlevés ou arrêtés dans des conditions bizarres, brutales ou obscures, se retrouvent enfermés dans une pièce froide et nue ? Certes, ils sont tous victimes, directement ou indirectement, consciemment ou inconsciemment, du régime de Ceauşescu qui, comme on le sait, n’admet aucune opposition. Que faire face au couple à la fois odieux et ridicule que forment Elena et Nicolae, et face aux sbires qui le servent ? Se soumettre ? Résister ? S’entraider ?

    Bande dessinée, francophone, Roumanie, Aurélien Ducoudray, Gaël Henry, Paul Bona, Steinkis, Jean-Pierre Lorsque l’histoire commence, la « révolution » gronde devant le palais présidentiel, le 21 décembre 1989, face à un dictateur dont le visage vu en gros plan se décompose à mesure que les huées augmentent. Malgré cela, il semble que la Securitate, l’impitoyable police politique, poursuit son « travail ». Apparaissent successivement, qui vont être enfermés ensemble : une jeune femme dont l’enfance a été marquée par une injustice flagrante, un jeune homme qui ne manie pas assez bien le champ lexical de la torture pour pouvoir entrer dans la police politique, un écrivain officiel et ouvertement flagorneur, un clown prestidigitateur, une femme de ménage fascinée par les innombrables et luxueuses chaussures d’Elena Ceauşescu, un policier maffieux, un rabatteur d’ours pour les chasses du « conducator ». Un échantillon aussi varié que pittoresque de la population roumaine à la fin des années 1980.

    Tous vont être chargés d’une mission, que l’on ne dévoilera pas ici. Le suspense est parfaitement ménagé, suivant un scénario habilement construit, avec une dose de folie – celle dans laquelle baignait le pays -, le tout servi par des dessins mouvants, voire mouvementés, silhouettes suggestives et visages d’une forte expressivité, chacun avec ses particularités. Ce retour sur le passé récent de la Roumanie et de la vie de son peuple, à travers quelques individualités représentatives, est à la fois historiquement utile, humainement touchant et artistiquement décapant. Et puis, disons-le, il résonne bien dans l’actualité.

    Jean-Pierre Longre

    www.steinkis.com