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luminitza c. tigirlas

  • Quelques parutions récentes (hiver 2022-2023)

    Récit, poésie, roman, essai, Roumanie, Marina Anca, Luminitza C. Tigirlas, Cristian Fulaş, F. et J.-L. Courriol, Catherine Durandin, éditions Saint-Honoré, Jacques André éditeur, La Peuplade, L’HarmattanMarina Anca, Quand la chenille devient papillon ou la dictature roumaine vue par une adolescente libre, « enrichi par l'auteur suite aux questions des élèves de 3e lors de ses conférences », éditions Saint-Honoré, 2022

    « Dans ce récit historique, le lecteur apprendra la ténacité dont il faut faire preuve pour tenter de vivre heureux dans une dictature communiste, où la terreur et la surveillance quotidienne règnent en maître. Le ton narratif semble innocent mais les critiques portent sur l’ascension du communisme, le durcissement de la dictature, l’exécution de Ceausescu et la gravité de l’histoire de la Roumanie sont perceptibles. Prenant l'histoire de son enfance comme prétexte, l'écrivaine nous dépeint son aperçu de notre société moderne au niveau social et, bien entendu, politique. Son témoignage, écrit de manière fluide, est à la portée des collégiens qui étudient les régimes totalitaires en troisième. 

    Française d’origine roumaine, Marina ANCA est arrivée en France en 1983, protégée par l'État français eu égard à la situation politique de sa famille. Cela s'est passé six ans avant la chute du régime communiste, ce que personne n'aurait pu prédire. Après avoir fini le lycée, ses études de commerce international et obtenu un DESS en droit, l'écrivaine a travaillé dans la mode et la publicité avant de se consacrer à l’écriture. Elle signe là un témoignage autobiographique particulièrement émouvant et positif sur ces vingt-cinq ans terrifiants et nous offre un exemple d'intégration réussie. »

    https://www.blinklinebooks.com/product-page/Quand-la-chenille-devient-papillon

     

     

    Récit, poésie, roman, essai, Roumanie, Marina Anca, Luminitza C. Tigirlas, Cristian Fulaş, F. et J.-L. Courriol, Catherine Durandin, éditions Saint-Honoré, Jacques André éditeur, La Peuplade, L’HarmattanLuminitza C. Tigirlas, Eau prisonnière, Jacques André éditeur, 2022

    « Servant de matière poétique, les quatre éléments se révèlent dans leur texture, couleur, température. La poésie de Luminitza C. Tigirlas les transforme pour en faire un principe de vie grâce auquel le corps se déploie, se dresse vers la lumière qui nous console, nous revigore par un don de parole. L’eau est prisonnière, mais elle nous souffle au visage, elle est noire, épaisse et brûlante comme l’inconscient, serait-ce donc de la lave, comme cette chose qui vit et bouillonne en nous à notre insu ? L’œuvre agit du premier au dernier vers pour bouleverser l’âme, pour transmuter l’humain en objet cosmique. L’eau prisonnière ne demande qu’à être libérée, à nous venir à la bouche avec le goût de vivre et la soif d’aimer en ouvrant l’écluse imaginaire du temps. »

    Des embouchures apatrides

    attendent tes lèvres 

    pour souffler la fin de l’exode

    L’Attente exige rente à perpétuité

    Le mot de l'éditeur :

    « L'art poétique consiste à pouvoir identifier et nommer des choses qui n'existent pas ou à moitié seulement. Or ce sont ces choses-là qui gouvernent nos sentiments, orientent nos désirs et génèrent nos pulsions. Luminitza, au prénom si évident et symbolique, éclaire de son regard tantôt émerveillé, tantôt lucide et amusé, les eaux sombres et troubles de l'inimaginé pour faire apparaître d'étranges images qui sont nôtres pourtant. »

    www.jacques-andre-editeur.eu

    http://luminitzatigirlas.eklablog.com

     

     

    Récit, poésie, roman, essai, Roumanie, Marina Anca, Luminitza C. Tigirlas, Cristian Fulaş, F. et J.-L. Courriol, Catherine Durandin, éditions Saint-Honoré, Jacques André éditeur, La Peuplade, L’HarmattanCristian Fulaş, Iochka, traduit du roumain par F. et J.-L. Courriol, La Peuplade, 2022

    « Au cœur d’une vallée sauvage des Carpates, Iochka fabrique du charbon de bois. Quasi centenaire, il aime se taire, boire sec et dévaler ivre les routes sinueuses des montagnes au volant de sa vieille Trabant bleue. Mais le plus souvent, il demeure assis sur le banc cloué à l’extérieur de sa petite maison, se remémorant son existence hors norme. La guerre, les camps soviétiques, Ceaușescu, puis la camaraderie du chantier quand il est affecté à la construction d’une voie ferrée qui ne mène nulle part. Là, loin du tumulte de l’Histoire, il expérimente l’harmonie sexuelle auprès d’Ilona, l’amour lumineux de sa vie, et partage l’amitié indéfectible du contremaître, du docteur et du pope, tous trois aussi alcooliques et excentriques que lui. Avec eux, il approche le secret du temps et du bonheur.

    Dans une prose au souffle immense, Cristian Fulaș fait exister des personnages inoubliables. Iochka, roman aussi drôle que poignant, est un chant puissant dédié aux vies minuscules cassées et oubliées dans la grande course du monde. »

    https://lapeuplade.com

     

    Récit, poésie, roman, essai, Roumanie, Marina Anca, Luminitza C. Tigirlas, Cristian Fulaş, F. et J.-L. Courriol, Catherine Durandin, éditions Saint-Honoré, Jacques André éditeur, La Peuplade, L’HarmattanCatherine Durandin, Ma Roumanie communiste, L’Harmattan, 2023

    « Trente ans et plus après l'effondrement du système soviétique, ma Roumanie communiste ne m'a pas quittée. Lointaine sans doute mais très présente encore. C'est en 1967 que, jeune historienne à l'Institut National des Langues et Civilisations orientales, je découvre, lors d'un voyage d'étudiants français, un monde qui me bouscule, des petits morceaux d'un pays dont j'étudie l'histoire et la langue… Une étrange ambiance opaque, tant de non-dits, de silences, de mensonges. Et surtout, un tel contrôle politique, policier. Un encadrement étouffant pour notre groupe d'« invités ». Ma Roumanie communiste s'est imposée au fil des années. Parmi mes premiers interlocuteurs, plusieurs sont devenus des amis fidèles. Souvenirs contrastés. « Demeurent mon malaise et ma distance face au cynisme pragmatique et insolent de certains de mes contacts. L'oubli ne m'est pas possible. »

    https://www.editions-harmattan.fr

  • Mort et métamorphose

    poésie, francophone, luminitza c. tigirlas, éditions du cygne, jean-pierre longreLuminitza C. Tigirlas, Ici à nous perdre, éditions du Cygne, 2019

    Les brefs poèmes de ce recueil sont dédiés « à l’Amie disparue », mais s’adressent à tous les lecteurs qui veulent bien pénétrer la densité de textes dont les motifs sont portés par une langue « aux mots nouvellement reconquis ». Une reconquête que Luminitza C. Tigirlas mène de livre en livre, de poème en poème, depuis ses propres origines linguistiques. Nous sommes donc sous le signe du renouvellement, en particulier celui des images : c’est « le vin de paille » qui a bu, ou « le deuil [qui] s’habille », non l’inverse ; il se peut que « les cormorans rédigent des testaments » (oui, on peut y lire « corps mourants », ce qui implique bien plus qu’une simple originalité animalière), ou « tu déneiges une métaphore »…

    L’audace des paradoxes (« paroles indicibles », « voix insonores ») va de pair avec les pauses, les blancs, les silences, les respirations musicales, qui permettent au souffle de revenir (« Quel souffle me ranimera ? »), à la vie de « l’Amie » de se re-manifester « ici », quitte à « nous perdre » (« Le souffle d’un ailleurs la prend par la taille »), et de se soustraire « à l’invasion cancéreuse », de passer « de métastase en métamorphose ».

    De même que la nature, les fleurs, parfois les oiseaux répondent à l’appel du « vent floriculteur » qui les porte, de même les mots se laissent porter par leurs sonorités : « à mort » appelle « à morsure » et « Amore », « épier » appelle « expier », « digne » et « cils » appellent « cligne », etc. De la musique encore, qui au-delà du ludisme participe à l’exploration des profondeurs de la vie, de la maladie, de la mort, du manque ; et « seul l’amour n’est pas à perdre ».

    Jean-Pierre Longre

    http://luminitzatigirlas.eklablog.com 

    http://www.editionsducygne.com/editions-du-cygne-ici-a-nous-perdre.html

     

  • Quelques parutions récentes

    Roman, Essai, Revue, Roumanie, francophone, Mariana Gorczyca, Ina Delaunay, éditions Non Lieu,  Luminitza C. Tigirlas, Marina Tsvetaeva,  éditions de Corlevour, Benjamin Fondane, Société d’études Benjamin Fondane, Jean-Pierre LongreMariana Gorczyca, Cadence pour une marche érotique. Roman traduit du roumain par Ina Delaunay, éditions Non Lieu, 2019

    « En Roumanie, l'histoire d'un triangle amoureux entre une docteure, une professeure et un pianiste, tous épris de liberté durant les dernières années du régime de Ceausescu. »

    « Sur de grands mouvements musicaux se joue un roman de la séduction : séduction amoureuse, séduction artistique, séduction consumériste. Mais le séducteur n'est pas nécessairement une figure abjecte, il est ici l'élan vital. Le pianiste virtuose Tiberiu Vánky, et trois femmes de sa vie amoureuse, Renate, Ana et Margit, improvisent leurs expériences sexuelles dans une Transylvanie multiethnique et durant les dernières années grises du régime de Ceausescu. Ils s'abîmeront, se perdront et se retrouveront dans une marche effrénée pour accéder à une certaine forme de liberté. 1990 ouvre en Roumanie une perspective plus séduisante, un tempo plus joyeux, quand le peuple peut finalement respirer, rêver, passer les frontières... Les trois femmes évoluent alors dans une nouvelle harmonie : assumant une féminité plus complexe, elles se libéreront des mœurs anciennes, au contraire de Tiberiu Vánky qui restera fidèle à la fantaisie de ses aventures. Publié pour la première fois en 2010, considéré comme l'un des meilleurs romans roumains d'après la Révolution de 1989, ce livre a remporté trois prix nationaux importants. »

    www.editionsnonlieu.fr

     

     

    Roman, Essai, Revue, Roumanie, francophone, Mariana Gorczyca, Ina Delaunay, éditions Non Lieu,  Luminitza C. Tigirlas, Marina Tsvetaeva,  éditions de Corlevour, Benjamin Fondane, Société d’études Benjamin Fondane, Jean-Pierre LongreLuminitza C. Tigirlas, Fileuse de l'invisible — Marina Tsvetaeva,  éditions de Corlevour, coll. Essais, 2019

    « Inspiré par l’œuvre et la vie de la poétesse russe Marina Tsvetaeva, l’essai de Luminitza C. Tigirlas couronne ce qu’on peut appeler une Trilogie, initialement intitulée « Parfaire le sacré sans pardonner l’amour », texte un peu volumineux pour voir le jour dans un seul livre. Sa publication a été possible en trois volets qui interrogent le sacrifice de l’amour au nom de la création et dans le silence du sacré, commencée avec Rilke-Poème. Élancé dans l’asphère (L’Harmattan, 2017) et poursuivie dans l’ordre de leur publication par l’essai Avec Lucian Blaga, poète de l’autre mémoire, (éditions du Cygne, avril 2019). »

     « Le fil est une voix créatrice d’hérésies, elle monte au-dessus du métier de la fileuse de l’invisible — Marina Tsvetaeva (1892-1941). Sa nécessité rythmique d’être poète est celle de vivre, d’accomplir sa mission « d’oreille de la voix ». Se disant « murée vive », Marina exhorte le monde à la vérité de la perte et au franchissement poétique du Mur qui l’exile à l’intérieur d’elle-même. La poétesse s’appelle tour à tour Ariane, Maroussia, Tatiana, Sonetchka, Anna, Frère féminin, Rilke, Pasternak, Dieu-Diable, Noyé, Musique, Mère-Morte, Meurtrimère… Vide, Âme, Dieu… Poète de l’être à l’âme toute nue, Marina Tsvetaeva se fonde et se refonde dans une exposition poétiquement hérétique et, pourquoi pas, lyriquement croyante. Son exigence particulière pour le sacré fait ériger en vers « la vérité céleste contre la vérité terrestre ». Le vide, l’âme, le mystère et le sacrifice en tant qu’il est la « passion de la mort » nous interpellent au cœur des œuvres lues au cours de cet essai dans leur reflet de l’amour de l’amour en même temps que son refus. Passionnément, le désir d’amour de Marina est désir de mort. »

     

    TABLE

    Liminaire 9

    I Au métier du hors-âme 13

    II Brisures et éclatement d’un « Dieu-Diable » 43

    III Brûlure du Vide à vif du poème 59

    IV Saule-Sapho, frère féminin 95

    V Être unique et ne pas rencontrer l’Homme 123

    VI Au monde — du son irrecevable 149

    VII Où sont les mots à ne pas finir ? 167

     

    http://luminitzatigirlas.eklablog.com/fileuse-de-l-invisible-marina-tsvetaeva-a163982130

    https://editions-corlevour.com

     

     

    Roman, Essai, Revue, Roumanie, francophone, Mariana Gorczyca, Ina Delaunay, éditions Non Lieu,  Luminitza C. Tigirlas, Marina Tsvetaeva,  éditions de Corlevour, Benjamin Fondane, Société d’études Benjamin Fondane, Jean-Pierre LongreCahiers Benjamin Fondane n° 22. « Pourquoi l'art - Chimériques esthétiques ». Société d’études Benjamin Fondane, 2019

     

    Sommaire du numéro



    Éditorial
    - Éditorial 


    • Chimériques esthétiques 
    - Critique et esthétique : de Gourmont à Fondane, Agnès Lhermitte
    - Fondane, Gourmont et Le Mercure de France, Vincent Gogibu
    - Réflexions liminaires sur le Faux Traité d’esthétique de 1925, Serge Nicolas 

    • Poésie et philosophie 
    - Présence de Chestov et de Nietzsche dans Ulysse, Alice Gonzi
    - Fondane théâtralement opposé à Valéry 

    • Cinéma et théâtre 
    - Correspondante inédite avec Jean Paulhan, Benjamin Fondane
    Rapt : un défi cinématographique, Carmen Oszi
    - Lucas Gridoux acteur de théâtre et de cinéma, Eric de Lussy 

    • Peinture 
    - En compagnie de Benjamin Fondane, Marina Levikoff
    - Fondane et Chagall, Saralev Hollander 

    • L’écrivain et le social 
    - Démocratie et art (inédit), Benjamin Fondane, traduit par Aurélien Demars
    - Devant l’Histoire, Evelyne Namenwirth
    - L’écrivain et son temps, Monique Jutrin
    - À propos d’une citation de Victor Hugo, Monique Jutrin
    - Les années 33-37 pour Benjamin Fondane, Margaret Teboul
    - À propos des hussards sabre au clair, Margaret Teboul 

    • Notes 
    - Fragment d’une lettre à Ion Călugăru, B. Fundoianu, traduit du roumain par Carmen Oszi
    - Dialogues au bord du gouffre, Gisèle Vanhese
    - Paysages, compte rendu, J-P Longre 

    • Informations 
    - Informations 

    • Bibliographie sélective 
    - Bibliographie sélective 

    • Collaborateurs

    www.benjaminfondane.com

  • « Dans le silence du sacré », « ça crée »

    Essai, poésie, théâtre, francophone, Roumanie, Moldavie, Lucian Blaga, Luminitza C. Tigirlas, éditions du Cygne, Jean-Pierre LongreLuminitza C. Tigirlas, Avec Lucian Blaga. Poète de l’autre mémoire, éditions du Cygne, 2019

    Le livre commence avec la Ballade de Maître Manole que la bunica (la grand-mère) de l’auteure lui racontait dans son enfance ; il continue avec Lucian Blaga, dont on connaît bien la poésie, moins bien la philosophie ou le poème dramatique Manole, Maître bâtisseur. Ainsi le titre se justifie-t-il par une sorte d’intimité entre l’écrivain roumain et Luminitza C. Tigirlas. Son propos est de « questionner l’énigme » de ce Maître Manole qui enferma son épouse dans la muraille du monastère dont il avait dirigé la construction, questionnement qui prend « la liberté de certains détours par la position subjective d’analysante » (ce qui permet d’explorer « l’autre mémoire » suggérée par le sous-titre).

    N'entrons pas ici dans le détail de l’analyse. Disons simplement que celle-ci est fouillée, semée de références à Freud et à Lacan, mais aussi à beaucoup d’autres penseurs, philosophes et écrivains (Sophocle, Platon, Ovide, Apulée, Kierkegaard, Goethe, Nietzsche, Dostoïevski, Rilke, Heidegger, Marguerite Yourcenar, Paul Celan, on en passe…). Mais l’érudition n’est pas sèche. La poésie des paysages, de la langue maternelle, des souvenirs personnels, celle du silence et de la parole, cette poésie court en filigrane dans la trame des pages.

    Et sans qu’il y ait conflit avec ce qui précède, le psychanalyse nourrit ici l’étude thématique issue d’une lecture personnelle. Les thèmes de l’amour et de la mort, des mythes fondateurs, du sacrifice, de l’eau (« inséparable de l’humus natal »), du sacré (« ça crée ? ») – tout cela se combine dans une exploration approfondie de l’œuvre de Lucian Blaga et, d’une manière plus large, de l’écriture fondée sur la mémoire. Luminitza C. Tigirlas décompose parfaitement le cheminement de la création et de ses « avancées fécondes » : « La mise en scène d’un personnage tel le maître d’œuvre Manole avec la désignation de son acte par un édifice réel, le Monastère d’Argeş, est présentée comme un miracle. De là ont pris vie différents genres populaires – légende, mythe, ballade – pour nourrir ensuite des exégèses ou inspirer des compositeurs ou écrivains modernes, comme le fit Lucian Blaga. ». Voilà qui incite à la lecture.

    Jean-Pierre Longre

    http://luminitzatigirlas.eklablog.com

    https://www.editionsducygne.com/editions-du-cygne-avec-lucian-blaga.html

    https://www.editionsducygne.com

  • Détours et mystères des mots

    Poésie, francophone, Moldavie, Roumanie, Luminitza C. Tigirlas, Éditions du Cygne, Jean-Pierre LongreLuminitza C. Tigirlas, Noyer au rêve, préface de Xavier Bordes, Éditions du Cygne, 2018

    Luminitza C. Tigirlas, née en Moldavie, est psychanalyste et poète. Deux activités qui, sous-tendues par un plurilinguisme dû à ses origines (son premier mode d’expression fut le roumain en caractères cyrilliques imposés par l’occupant russe) et à son adoption de la langue française, se complètent l’une l’autre dans la production de textes dont la profondeur et l’originalité sont inséparables du travail formel.

    Le lecteur pénètre dans un monde où se côtoient et se superposent les souvenirs, les résurgences de l’inconscient, les images de la nature, les sensations, les affleurements sensuels, les allusions mythiques – tout en suivant le double fil conducteur annoncé par le titre du recueil, le « noyer » et le « rêve », un fil entrelacé d’images originales et intimes :

                                 « dans mon enfance toutes les noix

                                 s’échappaient de la lune ».

    La nature (l’arbre, bien sûr, les feuilles, le vent, l’herbe, le soleil, la rosée, les fleurs…) s’épanouit sur les pages au gré des mots issus du tréfonds, « ces termes enduits de nouvelles couleurs » :

                                « enfin j’ai pu me pencher sur ma série de mots

                                peints et pendus au soleil ».

    ou encore :

                                « tes lettres verdoyantes sont lues

                                tes lettres embrunies me font :

                                chut ! ».

    Entre ses « trois langues », l’auteure « lance des mots instables » dans « la précarité du silence troué » avec leurs formes et leurs sonorités (« Des obus des rebuts des abus » / « dans la soufflante sifflante refusant de s’éparpiller », sans parler de l’ambiguïté du mot « noyer », substantif ou verbe…) et crée sa « langue personnelle », dans laquelle la musique joue sa partition sonore et rythmée, jusqu’à inventer et développer une gamme nouvelle fondée sur des syllabes à découvrir au milieu des vers.

    Divisé en trois sections, trois parties autonomes qui, réunies, forment un tout cohérent (« à noix et à nu », « faiseuse de vagues », « flotteurs d’anneaux en écho »), Noyer au rêve demande à être lu et relu : les découvertes poétiques qu’on y fait se méritent et se révèlent, toujours nouvelles, comme lorsqu’on découvre une nouvelle langue.

    Jean-Pierre Longre

     
     
  • Entre poésie et psychanalyse

    Essai, poésie, francophone, Moldavie, Rainer Maria Rilke, Luminitza C. Tirgilas, L’Harmattan, Jean-Pierre LongreLuminitza C. Tigirlas, Rilke-Poème. Élancé dans l’asphère, L’Harmattan, 2017

    Le titre du livre l’annonce : il y est question de Rainer Maria Rilke, de l’élan de son écriture, de sa correspondance, et surtout de sa poésie, du « Dieu inexorable de la création », de « l’implication totale par le Verbe ». L’étude est approfondie, s’appuyant sur des références à toute épreuve : littéraires (Maurice Blanchot), philosophiques (Nietzsche, Heidegger), psychanalytiques (Lacan), poétiques (Hölderlin, Jaccottet)… Ce ne sont là que des exemples parmi d’autres ; entre un « Prologue » et « Une possible touche finale », on avance en suivant un cheminement qui permet de découvrir et d’explorer, dans la complexité de leur déroulement, les thèmes importants de l’œuvre de Rilke : la poésie bien sûr, qui ne va pas sans la musique, l’amour (et le désamour), la mort (qu’il faut apprendre à aimer en aimant la vie), le rêve, l’ange, la chute, le jour, la nuit…

    Une analyse exigeante, donc, dans la perspective psychanalytique, mais pas seulement : tout part de l’auteure elle-même, de sa Moldavie natale, de son « immersion » dès l’enfance, grâce à sa mère, dans la poésie de Rilke, et de l’expérience personnelle qu’elle en fait tout au long de sa vie, avec les questions qu’elle se pose, par exemple : « Suis-je finalement toujours la fillette étourdie autant par le sacre des roses de notre jardin en Moldova, que par la légende du Dieu-Poète ? » Que ce soit dans son pays d’origine ou dans le sud de la France, en Camargue notamment, le poète « légué par [sa] mère » l’accompagne fidèlement, la sollicite à tout instant. Rilke impose sa présence, son « travail de poète », sa sensibilité extrême, rendant sa pureté à la pesante parole humaine.

    Jean-Pierre Longre

    www.editions-harmattan.fr

    https://luminitzaclaudepierre.com

    Des poèmes de Luminitza C. Tigirlas: voir ICI

    Biographie de L. C. Tigirlas

    D’origine roumaine, née en Moldova orientale, annexée par la Russie, je fus prise dans l’histoire de son déracinement et de sa survie face à l’assimilation linguistique dans l’URSS. Française d’adoption depuis janvier 2000. Psychanalyste trilingue à Saint Priest (Rhône). Ma langue ravine sur des traces traumatiques — l’exil de l’idiome maternel roumain serti dans le cyrillique étranger.
    Après des études universitaires en lettres modernes à Chișinău, République de Moldova, j’ai été journaliste (1980-1999) en arts et littérature ; cofondatrice-rédactrice en chef de « Réverbérations », revue de psychanalyse (roumain-français). Auteur en roumain de poèmes, essais et recueils de nouvelles.
    Depuis 1996, je me suis formée en France. Titulaire d’un Doctorat soutenu en 2004 et d’un DESS (2001) en psychopathologie et psychologie clinique de Paris 7, je pratique la psychanalyse en français, mais aussi en roumain et en russe, les deux langues de mon enfance en Moldova.