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roumanie - Page 10

  • Passeur de littérature

    revue,francophone,roumanie,marius daniel popescu,jean-pierre longreJournal Le Persil n° 100, puis 101-102-103, automne 2015

    Marius Daniel Popescu aime la vie quotidienne, il aime les gens qui la traversent et la peuplent, et des moindres gestes, des moindres objets, des moindres mots s’échappent sous sa plume des paysages nouveaux – par la parole, le souvenir, l’imagination. Le banal, chez lui, ne l’est jamais; de l’ordinaire naît l’extraordinaire. S’il est besoin de le prouver encore, le numéro 100 du Persil, « journal qui cultive le goût de la cuisine des mots de chaque jour », le fait à merveille. Des poèmes nouveaux, et deux extraits d’un roman à venir (et attendu), Le Cri du barbeau : l’un puisé dans un épisode de la vie actuelle – petits incidents et conversations paisibles –, l’autre dans les souvenirs des « travaux patriotiques » organisés par le « parti unique » – ramassage obligatoire de pommes de terre par les étudiants, sous la surveillance des professeurs d’université, à l’époque de la dictature en Roumanie.

    revue,francophone,roumanie,marius daniel popescu,jean-pierre longreCette centième parution, donc, qui dresse aussi la liste des 99 précédentes, avec tous les détails sur leur sommaire, contient « des textes d’un seul auteur ». Mais le numéro triple qui suit dans la foulée (101-102-103) est, comme la plupart des précédents, laissé à la disposition d’autres auteurs de la Suisse romande (Ivan Farron, Serge Cantero, Bertrand Schmid, Janine Massard, Silvia Härri, Ferenc Rákóczy, Lucas Moreno, Lolvé Tillmans, Dominique Brand, Heike Liedler, Michel Layaz) et de Sanaz Safari, écrivaine iranienne qui, grâce à David André et Marius Daniel Popescu, publie ici ses deux premiers textes écrits en français, « à l’attention d’un lectorat dont elle ignore tout ».

    revue,francophone,roumanie,marius daniel popescu,jean-pierre longreRoumanie, Suisse romande, Iran, et tous les espaces que l’écriture laisse entrevoir : Le Persil, « parole et silence », est un généreux passeur de littérature, au plein sens de l’expression.

    Jean-Pierre Longre

    www.facebook.com/journallitterairelepersil

    mdpecrivain@yahoo.fr

    lepersil@hotmail.com

     

  • Une revue d’écrivains


    Revue
     Seine et Danube, nouvelle série, n° 2, Non lieu, 2015

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    Le deuxième numéro de la revue Seine et Danube « nouvelle série », dirigée par Virgil Tanase, tient les promesses du premier (et des sept qui ont précédé il y a quelques années), aussi bien par ses qualités formelles que par l’exigence de son contenu.

    Une bonne partie du volume est consacrée à un dossier Sorin Titel (1935-1985), « grand prosateur de l’époque 1960-1980 », dont la palette d’écriture s’étend d’un relatif réalisme traditionnel à l’expérimentation personnelle. Des fragments de son œuvre (Le déjeuner sur l’herbe et Femme, voici ton fils) sont ponctués par des présentations claires et des analyses fouillées de spécialistes (Liviu Ciocarlie, Marian Victor Buciu, Nicolae Barna). Une belle incitation à (re)découvrir un écrivain à la fois roumain et « européen ».

    Suit une sélection de textes : des pages d’Édith Azam, romancière française originale, à la prose exigeante, intitulées « Caméra » ; des poèmes de Ion Mureşan naviguant entre quotidienneté et « onirisme » particulier, d’autres de Paul Vinicius, poète au verbe à la fois charnel et lyrique, de la même génération que le précédent et lui aussi l’une des grandes voix de la poésie roumaine contemporaine – tous deux ici traduits, qui plus est, par deux vrais écrivains, respectivement Nicolas Cavaillès et Radu Bata.

    Des notes critiques sur des parutions récentes (La malédiction du bandit moustachu d’Irina Teodorescu, Les vies parallèles de Florina Ilis, Le levant de Mircea Cartarescu, Pourquoi le saut des baleines de Nicolas Cavaillès, Le fil perdu de Jacques Rancière, Terminus Allemagne d’Ursula Krechel) et, toujours précisément ciblées, les « Frappes chirurgicales » de Dumitru Tspeneag, rédacteur en chef, complètent un ensemble de haute tenue littéraire, une revue construite sur et par des écrivains, pour des lecteurs qui – oui, il y en a encore, sûrement – s’intéressent à la littérature et aux liens culturels qui unissent la Roumanie et la France.

    Jean-Pierre Longre

    www.editionsnonlieu.fr

     

  • Le jeu, l’absurde, la création

    poésie,roumanie,călin torsan,jean-pierre longre,gabrielle danouxCălin Torsan, Brocs en stock, « Miniatures dont l’émaille s’écaille », traduit du roumain par Gabrielle Danoux, 2015

    Le titre choisi par la traductrice (au plus près, formellement parlant, de l’original) sonne comme celui d’un album d’Hergé. De fait, ce recueil plein de surprises (heureuses), ces textes pleins de retournements (déroutants) penchent souvent du côté du jeu : jeux de sonorités, de mots, de lettres même. Certains passages ne dépareraient pas dans un ensemble d’exercices oulipiens, tels « Le ciron devenu étalon », qui utilise la technique de la « littérature définitionnelle » illustrée par Raymond Queneau, ou « Le retour de Bob », dans lequel la recherche de l’inspiration passe par les citations de grandes œuvres du patrimoine.

    Si les auteurs célèbres sont parfois sollicités, Călin Torsan semble avoir une prédilection pour l’obscur et l’anonyme. Prédilection, par exemple, pour les écrivains et les artistes méconnus, oubliés, voire fictifs, dont les ambitions sont contrecarrées par des contraintes matérielles, par la malchance ou tout bonnement par le manque de talent – parfois même par le hasard d’une goutte de sueur (le grand Eminescu devenant un certain « Eminesou », ou l’inverse ?). D’ailleurs les détails de la vie quotidienne (la cuisine, la télévision, les transports en commun, on en passe) interfèrent abondamment dans l’existence des personnages, provoquant des réactions ou des rapprochements inattendus. Et cela jusqu’à l’absurde, à l’énigmatique, mêlant parfois le rêve et la veille, les affres du cauchemar et les plaisirs de la réalité.

    Sans oublier l’humour, omniprésent : humour noir, grivoiserie, rire burlesque, noms rigolos, comique de situation, ironie, satire… Toutes les tonalités y passent, de la franche bonne humeur à la dérision. Mais le rire est rarement gratuit. Il entre dans ce que l’on peut considérer comme le sujet principal de l’ouvrage (dont les 220 pages, soit dit en passant, contiennent de nombreux autres ouvrages en germe, esquissés, suggérés) : les processus de création artistique, littéraire, linguistique, autrement dit la manière dont l’être humain tente d’exprimer ses sentiments et ses sensations. Et si l’on peut faire ici différents  rapprochements (avec Borges, Queneau déjà cité, Kafka, Ionesco, Urmuz…), Călin Torsan se révèle comme un écrivain complet et orignal. Brocs en stock le prouve.

    Jean-Pierre Longre

    http://www.babelio.com/livres/Torsan-Brocs-en-stock/772552

    P.S.: Gabrielle Danoux a aussi traduit récemment Le collectionneur de sons d’Anton Holban, « le plus proustien des écrivains roumains ». Chronique à venir ici.

     

  • « Entre toi et moi ». Mère et fils


    Marius Chivu, La ventolière en plastique, traduit du roumain par Fanny Chartres, illustrations de Dan Stanciu, M.E.O., 2015

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                                « elle dit qu’elle est la ventolière en plastique

                                me chuchote qu’elle a des robes en kiwi

                                des pulls en bois parfumé

                                un jardin de macarons

                                et des plages de sables parlants ».

    Un poème surréaliste ? Oui, si l’on veut, mais forgé par une femme paralysée, amnésique, pour laquelle son fils aimant, aux petits soins avec elle, a écrit les beaux textes en vers livres qui composent ce recueil.

    Pas de pathos, pas de lamentations grandiloquentes, mais des paroles simples, celles que le jeune homme adresse à celle qui, encore jeune elle-même, lui adresse en retour des regards, lui fait des demandes parfois étranges, lui répercute les rêves qui hantent son sommeil… Par-dessus tout, l’amour mutuel, filial et maternel, qui s’exprime jusque dans les silences, à travers les gestes banals de la vie quotidienne, les sensations physiques, les souvenirs d’enfance.

    Dans une typographie expressive (les italiques, les caractères gras), tout s’exprime en collages de mots et de phrases dont le voisinage crée l’étincelle poétique – comme cela se passe en images avec les illustrations de Dan Stuciu –, et qui abordent les grandes préoccupations de l’existence humaine : le temps, la mémoire, la mort, la perte de soi et de l’autre, la religion, la musique, la famille, le rire et les pleurs, la souffrance, la nature, le cycle des saisons… Le travail littéraire (et, dans le cas présent, celui de la traduction) n’exclut pas l’émotion, au contraire. Il tend ici vers le témoignage d’un amour sans faille (« Pour lui montrer à quel point je l’aime / mes cheveux ont blanchi ») qui reconstruit, au-delà de la maladie et du chagrin, une personnalité bien vivante :

                                « son monde

                                est resté malgré tout ordonné et propre

                                réglé

                                pas un instant il n’a cessé de tendre

                                vers l’harmonie »

    Jean-Pierre Longre

    www.meo-edition.eu

  • Hommes entre eux

    nouvelle,francophone,roumanie,dominique ilea,anca-domnica ilea,editura tracus arte,jean-pierre longreDominique / Anca-Domnica Ilea,  Faire la paire / Perechi Nepereche, Editura Tracus Arte, Bucarest

    Dominique (Anca-Domnica) Ilea est non seulement traductrice, mais elle est aussi écrivain, qui plus est aussi bien en français qu’en roumain. Ce recueil en est un témoignage probant : six nouvelles écrites en français, complétées par leur traduction en roumain – ce qui, disons-le, n’est pas banal pour une native de Roumanie (l’inverse est plus courant). Pas banal, mais réussi : Dominique Ilea est aussi à l’aise dans sa langue d’adoption que dans sa langue maternelle.

    Deuxième originalité : le thème commun aux six récits : les amours masculines. Ainsi s’explique le titre : « Faire la paire », c’est s’aimer entre hommes ; les couples se forment peu à peu, depuis les premiers émois jusqu’aux jeux érotiques. Se rencontrent au fil des textes des hommes de toutes sortes, de tous âges, des savants, de jeunes ingénus, un chevalier, un astronaute, un prince, un policier, un philosophe, mais aussi des êtres venus d’ailleurs.

    Car il y a une troisième originalité : si les êtres d’ici-bas forment souvent entre eux des « paires » paradoxales (« Le Suspect et le Flic », « le Duc et le Montagnard »), ils s’éprennent aussi, malgré eux mais irrémédiablement, de créatures issues de divers au-delà : un « cyborg » inattendu, un fantôme entreprenant, un démon aux apparences familières mais au regard étrange… Ainsi le charme sulfureux des histoires d’amour se pimente-t-il de merveilleux et de fantastique. Et la variété des tons, la vivacité du style – en français comme en roumain – renforce encore le goût de ce piment.

    Jean-Pierre Longre

    www.tracusarte.ro

     

  • « Une bibliothèque vivante »

    revue,francophone,roumanie,benjamin fondane,jean-pierre longreCahiers Benjamin Fondane n° 18, 2015

    Janvier 1944. « Benjamin Fondane écrit des lettres de vœux à ses amis. Ce seront les dernières », puisqu’il mourra en octobre à Auschwitz-Birkenau. Trois de ces lettres ouvrent ce nouveau numéro des Cahiers Benjamin Fondane, placé ainsi sous le signe de l’émotion et de l’amitié.

    Mais l’écrivain était aussi « un lecteur singulier », comme le dit Monique Jutrin (directrice de la publication) dans son introduction ; une bonne partie du volume est consacrée aux lectures de Fondane, à sa « bibliothèque vivante » : il y est question du surréalisme (Agnès Lhermitte, Serge Nicolas), de la philosophie (Saralev Hollander, Alice Gonzi, Aurélien Demars) ; du théâtre (Eric de Lussy), de la Bible (Elisabeth Stambor).

    La seconde grande partie porte sur « Fondane et la Grande Guerre », avec des articles de Carmen Oszi, Margaret Teboul, Aurélien Demars, et aussi de Fundoianu lui-même, traduits du roumain par Carmen Oszi, Odile Serre et Aurélien Demars.

    Quelques autres études (Gisèle Vanhese sur Benjamin Fondane et Yvan Goll, Dominique Gauch sur le même et Freud), ainsi que plusieurs textes traduits du roumain par Odile Serre, des notes de Jil Silberstein et Carmen Oszi, diverses informations et une bibliographie complètent ce numéro dont la richesse scientifique n’occulte pas la sensibilité poétique de celui qui écrivait en 1944 :

    Toujours en train

    de lire un livre !

    Toujours en train

    d’écrire un livre !

    Et tout à coup la neige tranquille dans ma vitre

     

    Jean-Pierre Longre

    Site de la Société d’études Benjamin Fondane : www.benjaminfondane.com

     

  • Seine et Danube, le retour

    revue,francophone,roumanie,seine et danube,dumitru tsepeneag,virgil tanaseSeine et Danube, nouvelle série, n° 1 (7).

    Elle revient, pour le plus grand bien de la vie littéraire franco-roumaine et européenne.

    Voici des extraits de l’éditorial de Dumitru Tsepeneag :

    « Le numéro précédent, le n ° 6, est paru en juin 2005. Voici les dernières lignes (page 180) qui sonnent comme une épitaphe: « Notre revue est menacée de disparaître. Sa disparition pourra

    montrer mieux que n'importe quel discours à quoi elle servait. À peu de chose… Seulement à la survie dans la conscience des autres d'une littérature de plus en plus absente en Europe, de

    plus en plus isolée. » Que peut-on faire si on est menacé de disparition?

    Attendre… Attendre que ça arrive.

    Et si on a vraiment disparu?

    Attendre encore. Attendre de ressusciter, de renaître.

    Quoi d'autre !.. […]

    On a attendu donc dix ans pour reparaître. Pendant ce temps, on a fondé l'Association des traducteurs de la langue roumaine (ATLR) et on a lancé une revue en ligne baptisée — quelle obstination! — Seine et Danube : sans éditeur, sans papier, sans payer les collaborateurs et sans trop de lecteurs non plus. Évidemment, ça ne coûte pas cher !.. Laure Hinckel s'est dévouée pour assurer le secrétariat.

    Notre pari reste le même : démontrer que la Seine et le Danube sont assez proches, et pas seulement leurs sources. En dépit de la diversité linguistique, la littérature européenne

    a des origines communes, qu'elles soient grecques, latines ou judéo-chrétiennes. Le soi-disant communisme n'a jamais réussi à provoquer une division irréversible entre l'Ouest et l'Est. Le dit capitalisme bancaire ne réussira pas non plus. Notre projet n'a pas changé : faire une revue européenne sans complexe et sans démagogie. »

     

    Comité de rédaction : Nicolas Cavaillès, Radu Ciobotea - directeur responsable, Ciocârlie Corina, Laure Hinckel, Jean-Pierre Longre, Eric Naulleau

     

    Coordinateurs : Virgil Tanase et Dumitru Tsepeneag

     

    Correspondants : Nicolae Bârna (Bucarest), Gerhardt Csejka (Frankfurt), Jenö Farkas (Budapest), Ion Pop (Cluj), Rumiana Stantcheva (Sofia)

     

    La revue Seine et Danube est publiée avec le concours de l'Institut culturel roumain

     

    Sommaire de ce premier numéro :

    DUMITRU TSEPENEAG : Éditorial

    Hommage à Alain Paruit

    ALAIN PARUIT : Traduction inédite de sept poèmes de Virgil Mazilescu

    DOSSIER: LE THÉÂTRE DU MOT VIDE

    VIRGIL TANASE : Le chariot vide

    EUGEN SIMION : L’anglais sans maître, extrait de Le Jeune Ionesco

    PHILIPPE LOUBIÈRE : Teodor Mazilu, un théâtre de démythisation

    TEODOR MAZILU : Quatre pièces en un acte :

    Bénies soient les peines de coeur

    Une féroce harmonie conjugale

    Compétition

    Pour la galerie

    TEODOR MAZILU : Idiots au clair de lune (fragment)

    JEAN-PIERRE LONGRE: Matei Visniec poète de scène

    MATEI VISNIEC : Orient, Occident (fragment)

    MIRCEA GHITULESCU Horia Gârbea : Un théâtre de l'intertextualité

    HORIA GÂRBEA Mme Bovary c'est les autres

    MIRELA NEDELCU PATUREAU: Comment définir un cri…

    SEBASTIAN VLAD POPA: Le pittoresque global dans la dramaturgie roumaine

    JENO FARKAS ET FRANCIS COMBES : Deux poètes hongrois

    TIBOR ZALÁN: La fatigue des cadences 1

    Les fenêtres

    Sur une carte postale dans l'ombre d'Ovide

    ANDRÀS PETOCZ: Dieu s'exile

    Dieu à Vienne

    Dieu au village

    Quand, l'autre jour, Dieu

    Dieu est solitaire

    JULIEN GAILLARD : La Maison

    DANIEL POZNER: Récréations et amusements :

    Théâtres

    Spectacles divers

    SORIN MÀRCULESCU : L’hymne 82

    EMIL BOTTA: Le Théâtre

    Les Actrices

    CHRONIQUES ET ARTICLES

    GEORGE BANU

    Avec Shakespeare et Purcarete à Budapest

    ALESSANDRO BERTOCCHI

    Le montage de la scène originaire 237

    NICOLAE BÂRNA

    À la recherche d'Eugène Ionesco

    ED PASTENAGUE

    Un amoureux de la poésie roumaine

    RADU BATA Le saut de l'ange et la transgression des genres

    DUMITRU TSEPENEAG

    Frappes chirurgicales