Revue Seine et Danube, nouvelle série, n° 2, Non lieu, 2015
Le deuxième numéro de la revue Seine et Danube « nouvelle série », dirigée par Virgil Tanase, tient les promesses du premier (et des sept qui ont précédé il y a quelques années), aussi bien par ses qualités formelles que par l’exigence de son contenu.
Une bonne partie du volume est consacrée à un dossier Sorin Titel (1935-1985), « grand prosateur de l’époque 1960-1980 », dont la palette d’écriture s’étend d’un relatif réalisme traditionnel à l’expérimentation personnelle. Des fragments de son œuvre (Le déjeuner sur l’herbe et Femme, voici ton fils) sont ponctués par des présentations claires et des analyses fouillées de spécialistes (Liviu Ciocarlie, Marian Victor Buciu, Nicolae Barna). Une belle incitation à (re)découvrir un écrivain à la fois roumain et « européen ».
Suit une sélection de textes : des pages d’Édith Azam, romancière française originale, à la prose exigeante, intitulées « Caméra » ; des poèmes de Ion Mureşan naviguant entre quotidienneté et « onirisme » particulier, d’autres de Paul Vinicius, poète au verbe à la fois charnel et lyrique, de la même génération que le précédent et lui aussi l’une des grandes voix de la poésie roumaine contemporaine – tous deux ici traduits, qui plus est, par deux vrais écrivains, respectivement Nicolas Cavaillès et Radu Bata.
Des notes critiques sur des parutions récentes (La malédiction du bandit moustachu d’Irina Teodorescu, Les vies parallèles de Florina Ilis, Le levant de Mircea Cartarescu, Pourquoi le saut des baleines de Nicolas Cavaillès, Le fil perdu de Jacques Rancière, Terminus Allemagne d’Ursula Krechel) et, toujours précisément ciblées, les « Frappes chirurgicales » de Dumitru Tspeneag, rédacteur en chef, complètent un ensemble de haute tenue littéraire, une revue construite sur et par des écrivains, pour des lecteurs qui – oui, il y en a encore, sûrement – s’intéressent à la littérature et aux liens culturels qui unissent la Roumanie et la France.
Jean-Pierre Longre