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mircea cărtărescu

  • Quelques parutions récentes (septembre à novembre 2025)

    Mircea Cărtărescu, Laure Hinckel, Denoël, Bogdan-Alexandru Stanescu, Nicolas Cavaillès, Gallimard, Daniela Ratiu, Florica Courriol, Grasset, Cătălin Mihuleac, Marily Le Nir, Noir sur blanc, Mircea Eliade, Claude Levenson, L’Herne, Benjamin Fondane, Vera Gajiu, Non LieuMircea Cărtărescu, L'Aile gauche, Orbitor, traduit par Laure Hinckel, Denoël

    Présentation :

    « À Bucarest, dans les années 1960, le narrateur, nommé Mircea, crée de toutes pièces un pays imaginaire.

    Un monde de merveilles et de cauchemars, truffé de passages cachés, de tapisseries envoûtantes et de papillons prodigieux. Il nous entraîne dans un voyage mystique à travers son enfance, ses souvenirs d’hospitalisation à l’adolescence, la préhistoire de sa famille, un cirque itinérant, la police secrète, des armées de zombies, des pilotes de chasse américains, la scène jazz underground de La Nouvelle-Orléans et la mise en place du régime communiste.

    Cet univers kaléidoscopique, à la fois étrangement familier et radicalement nouveau, est une expérience dont le lecteur sort secoué et transformé.

    L’Aile gauche est le premier volume de la trilogie « Orbitor ». »

    www.denoel.fr

     

    Mircea Cărtărescu, Laure Hinckel, Denoël, Bogdan-Alexandru Stanescu, Nicolas Cavaillès, Gallimard, Daniela Ratiu, Florica Courriol, Grasset, Cătălin Mihuleac, Marily Le Nir, Noir sur blanc, Mircea Eliade, Claude Levenson, L’Herne, Benjamin Fondane, Vera Gajiu, Non LieuBogdan-Alexandru Stanescu, Abraxas, traduit par Nicolas Cavaillès, Gallimard

    Présentation :

    « Professeur d’histoire d’un naturel à la fois sombre et sentimental, Mihai Lucescu traverse une crise existentielle. Séparé de sa femme, il a quitté le foyer familial et vit seul sous les toits d’une vieille maison. Pour sortir de sa torpeur, il se livre à une longue introspection, excavant ses névroses, auscultant sa chute. Passionné par la mnémotechnie, cet art ancien qui associe un souvenir à un espace, il entreprend de bâtir un palais de mémoire. Dans cet édifice mental façonné à l’image d’un immeuble bucarestois, onze portes s’ouvrent sur autant d’anciens cinémas de la ville.
    Tour à tour spectateur et protagoniste des films projetés, Mihai revisite des scènes clefs de sa vie, tout en s’immergeant dans d’autres époques et dans des lieux aussi variés que Vienne, Paris ou New York. Scènes intimes fondatrices, figures de la diaspora roumaine, fragments d’un passé collectif ou d’époques à venir - les films défilent sans se ressembler. Seule la fascinante « Maison aux Lions » revient comme un refrain. C’est là, dans cette bâtisse presque organique, gardée par deux fauves de pierre, que régnait sa mère, artiste fantasque et écrasante dont il ne finira jamais de s’affranchir.
    Avec Abraxas, Bogdan-Alexandru Stanescu signe un roman virtuose de la mémoire et de l’enfance, de la perte et de la survivance, où se déploie une prose incisive, traversée d’arabesques visuelles et sensorielles. Une fresque intérieure vertigineuse dans laquelle se dessinent, avec une ingéniosité singulière, le mal et la mélancolie du monde, mais aussi une foi dans le pouvoir rédempteur de la littérature. »

    www.gallimard.fr

     

    Mircea Cărtărescu, Laure Hinckel, Denoël, Bogdan-Alexandru Stanescu, Nicolas Cavaillès, Gallimard, Daniela Ratiu, Florica Courriol, Grasset, Cătălin Mihuleac, Marily Le Nir, Noir sur blanc, Mircea Eliade, Claude Levenson, L’Herne, Benjamin Fondane, Vera Gajiu, Non LieuDaniela Ratiu, Un train pour la fin du monde, traduit par Florica Courriol, Grasset

    Présentation :

    « Fin des années 1940, au cœur des terres arides de la Moldavie. Un train pour la fin du monde nous plonge dans un quotidien où la famine, la sécheresse et l’occupation soviétique ont transformé la vie de Stefan, Saveta et leurs cinq enfants en un combat désespéré pour leur survie. Les rivières sont à sec, les puits taris, les villageois n’ont plus de quoi s’alimenter. Les cadavres jonchent les rues et les rumeurs de cannibalisme hantent tous les foyers.

    Dans ce décor apocalyptique, Stefan et sa fille aînée partent travailler sur un chantier dans une ville voisine afin de pouvoir acheter des billets de train, leur unique espoir d’échapper à cette terre condamnée. Pendant ce temps, Saveta reste au village avec les plus petits. Chaque jour ils subissent le rationnement, la peur des soldats russes et la menace d’un clan de charognards. Mais lorsque le moment de fuir approche et que la famille parvient enfin à monter à bord d’un «  train de la faim  », la peur ne s’évanouit pas aussi rapidement que leur maison et les biens qu’ils ont laissés derrière eux. Ce train, à la fois tunnel vers l’inconnu et microcosme du désespoir, transporte des âmes déracinées, des corps affamés, des soldats assoiffés de violence, et des espoirs plus que jamais fragiles. Dans ce monde où la mort rôde en permanence, chaque geste de tendresse, chaque miette de pain, devient alors un acte de résistance.

     Inspiré de l’histoire familiale de l’autrice – Daniela Ratiu est la petite-fille de Stefan et Saveta –, Un train pour la fin du monde est une fresque déchirante sur la survie et la résilience humaine, autant qu’un témoignage bouleversant sur la capacité à espérer. Un livre qui résonne avec la guerre actuelle en Ukraine, dont est originaire le grand-père de l’autrice. »

    www.grasset.fr

     

    Mircea Cărtărescu, Laure Hinckel, Denoël, Bogdan-Alexandru Stanescu, Nicolas Cavaillès, Gallimard, Daniela Ratiu, Florica Courriol, Grasset, Cătălin Mihuleac, Marily Le Nir, Noir sur blanc, Mircea Eliade, Claude Levenson, L’Herne, Benjamin Fondane, Vera Gajiu, Non LieuCătălin Mihuleac, Les Demoiselles de Fontaine, Traduit par Marily Le Nir, Noir sur blanc

    Présentation :

    « Avec Les Demoiselles de Fontaine, Cătălin Mihuleac a écrit le grand roman de la fraternité franco-roumaine, une histoire aussi poignante qu’irrésistiblement drôle. Il y retrace l’amitié entre un jeune officier français, Marcel Fontaine, et un étudiant roumain, Petru Negru, qui est amoureux de la culture populaire de son pays… et de la fille du consul de France à Iaşi. À travers le destin de ces deux hommes de passion, c’est toute l’histoire de la Roumanie au XXe siècle qui nous apparaît avec ses couleurs les plus sombres, mais aussi la magie des cœurs simples et l’humour des jeteurs de sorts.

    Membre de la Mission Berthelot censée moderniser une armée roumaine « excellemment désorganisée », Fontaine s’éprend de ce pays déchiré entre francophilie et russification. À la fin du conflit, il y revient pour intégrer la Mission universitaire et, pendant trente ans, il y enseignera le français, avant d’être expulsé par les autorités communistes en 1949. Ses anciennes élèves, les « demoiselles de Fontaine », seront victimes d’atroces persécutions pour espionnage, tandis que Negru, s’efforçant de s’adapter au système, comprendra que « la verticalité morale est la position la plus acrobatique du Kâmasûtra de l’intellectuel ». »

    www.leseditionsnoirsurblanc.fr

     

    Mircea Cărtărescu, Laure Hinckel, Denoël, Bogdan-Alexandru Stanescu, Nicolas Cavaillès, Gallimard, Daniela Ratiu, Florica Courriol, Grasset, Cătălin Mihuleac, Marily Le Nir, Noir sur blanc, Mircea Eliade, Claude Levenson, L’Herne, Benjamin Fondane, Vera Gajiu, Non LieuMircea Eliade, Mademoiselle Christina, Traduit par Claude Levenson, L’Herne

    Présentation :

    « Une famille isolée au bord du Danube subit l’influence maléfique d’une ancêtre disparue. Mademoiselle Christina hante les chambres des occupants, vampire à l’apparence séductrice, elle charme Egor et enlève petit à petit toute vie dans la demeure austère. Sous la lumière blafarde de la lune, les ombres trahissent la présence d’un autre monde, effrayant, celui des âmes damnées. Entre deux soupirs de Sanda, jeune fille exsangue, un silence de mort s’installe dans le récit. Egor trouvera-t-il la force de lutter contre l’enchanteresse Christina ? La jeune Simina, possédée par le mal, semble en douter.

    Mademoiselle Christina nous vient tout droit du folklore roumain. Une histoire de vampires dans un monde en proie au blasphème ; pour l’exorciser, un jeune homme tue deux fois le vampire en lui transperçant le cœur. Le dialogue entre le monde des morts et celui des vivants n’est pas éphémère. Les deux camps se livrent un siège sans merci, à ceci près que les belligérants se disputent non des fortunes mais des âmes, et que leurs armes ne sont pas des armes classiques, mais des rituels magiques.

    Ce titre a été publié dans la collection Roman en 2009. »

    www.editionsdelherne.com

     

    Mircea Cărtărescu, Laure Hinckel, Denoël, Bogdan-Alexandru Stanescu, Nicolas Cavaillès, Gallimard, Daniela Ratiu, Florica Courriol, Grasset, Cătălin Mihuleac, Marily Le Nir, Noir sur blanc, Mircea Eliade, Claude Levenson, L’Herne, Benjamin Fondane, Vera Gajiu, Non LieuBenjamin Fondane, Lettres à Marior, sous la direction de Vera Gajiu, Non Lieu

    Présentation :

    « Les Lettres à Marior viennent compléter les Correspondances familiales de Benjamin Fondane publiées récemment. Maria Rudich, dite Marior, est le grand amour de jeunesse de Fondane qui lui a dédié de nombreux poèmes. Elle a douze ans de plus que lui et, lorsqu’il la rencontre en 1919, elle est mariée et mère de quatre enfants. La relation ne sera pas aisée, mais passionnée, avec de multiples rebondissements.

    Peu de lettres de Marior ont été conservées — une rivale les aurait détruites — mais il en est un soixantaine de Fondane qui racontent une grande histoire d’amour, une éducation sentimentale. En outre elles constituent un riche témoignage sur les années bucarestoises de Fondane et ses activités multiples.

    La relation amoureuse prit fin au bout de trois ans, mais Fondane resta toute sa vie attachée à Marior, ce qui apparaît dans quelques lettres postérieures. 

    Benjamin Fondane, né à Iassy (Roumanie) en 1898, venu en France en 1924, mort à Auschwiz-Birkeneau en 1944, était poète, philosophe, essayiste, dramaturge et cinéaste. Ses livres sont publiés par les éditions Non Lieu : Ulysse, Titanic, L'Exode, Au temps du poème, Rimbaud le voyou, Théâtre complet, Rencontres avec Léon Chestov, Le Lundi existentiel, Faux Traité d’esthétique, Correspondances familiales..

    Vera Gajiu, chercheuse à l'Université de Ferrare, a soutenu une thèse sur les manuscrits de Benjamin Fondane (Universités de Vérone et Paris 8). Elle a déjà édité les Correspondances familiales de Fondane, en collaboration avec Michel Carassou. »

     

    L’Association Benjamin Fondane et les éditions Non Lieu viennent de publier le n° 12 de la revue Titanic, consacré en particulier à F. Brunea-Fox et à sa correspondance avec Fondane.


    www.editionsnonlieu.frhttp://www.editionsnonlieu.fr/spip.php?page=recherche&recherche=Titanic

  • Quelques parutions récentes

    Essai, Théâtre, Roman, Roumanie, Norman Manea, Nicolas Véron, Odile Serre, Olivier Guez, Nicoleta Esinencu, Nicolas Cavaillès, Oana Lohan, Florina Ilis, Marily Le Nir, Mircea Cărtărescu, Laure Hinckel, Points, L’Arche, Les éditions du chemin de fer, Éditions des Syrtes, Le Matricule des anges.Norman Manea, Le retour du hooligan, traduit du roumain par Nicolas Véron et Odile Serre, préface d’Olivier Guez, Points, 2021

    "Qu'est-ce qu'un hooligan ? Un déraciné, un non-aligné, un marginal ? Un exilé ?"

    « L’exil a duré dix ans. Norman Manea revient dans sa Roumanie natale où le communisme s'est effondré, mais où rien n'a vraiment changé. Entre réalité et fiction, le souvenir affleure : sa mère est morte, le communisme s’est effondré et les fantômes du passé voilent son regard. Reste la douleur lancinante d’avoir fui sa patrie véritable : sa langue maternelle.

    Né en 1936 à Bucovine, Norman Manea s'est exilé aux États-Unis en 1987. Auteur d'une dizaine de romans, il est l'écrivain roumain contemporain le plus traduit. Le Retour du hooligan a reçu le prix Médicis étranger 2006. »

     

    Essai, Théâtre, Roman, Roumanie, Norman Manea, Nicolas Véron, Odile Serre, Olivier Guez, Nicoleta Esinencu, Nicolas Cavaillès, Oana Lohan, Florina Ilis, Marily Le Nir, Mircea Cărtărescu, Laure Hinckel, Points, L’Arche, Les éditions du chemin de fer, Éditions des Syrtes, Le Matricule des anges.Nicoleta Esinencu, L'Évangile selon Marie – Trilogie, traduit du roumain par Nicolas Cavaillès, L’Arche, 2021

    « Au commencement était le Verbe

    Et l’homme accapara le Verbe...

    Et l’homme dit à la femme de se taire. »

    « L’Évangile selon MarieL’Apocalypse selon Lilith et L’Arche de Noréa célèbrent la parole de la Femme, libérée des violences subies au sein des sociétés patriarcales. Une nouvelle Bible s’écrit au travers de trois dissidentes : Marie Madeleine, Lilith et Noréa. Animée d’un souffle poétique libérateur, cette trilogie mêle souvenirs d’enfance, détournement de prières traditionnelles, et récits de femmes de différentes générations, classes et cultures. Dans cette nouvelle liturgie, Nicoleta Esinencu abat les piliers des civilisations occidentales essoufflées, en faveur d’une reconstruction du monde au féminin.

    Ce recueil est composé des textes suivants :

    • L'Évangile selon Marie (Evanghelia după Maria, traduction Nicolas Cavaillès)
    • L'Apocalypse selon Lilith (Apocalipsa după Lilith, traduction Nicolas Cavaillès)
    • L'Arche de Noréa (Arca Noreei, traduction Nicolas Cavaillès). »

     

     

    Essai, Théâtre, Roman, Roumanie, Norman Manea, Nicolas Véron, Odile Serre, Olivier Guez, Nicoleta Esinencu, Nicolas Cavaillès, Oana Lohan, Florina Ilis, Marily Le Nir, Mircea Cărtărescu, Laure Hinckel, Points, L’Arche, Les éditions du chemin de fer, Éditions des Syrtes, Le Matricule des anges.Oana Lohan, Mars violet, Les éditions du chemin de fer, 2021

    “Se barrer à vingt ans d’un pays qui sort d’une dictature atroce et ouvre ses frontières, rien d’étonnant là-dedans. Franchement ça a été la première chose réellement bandante qu’elle ait faite depuis sa naissance. Ou presque.”

    « Mars Violet est un roman total, un roman monstre. Oana Lohan, met tout ce qui fait sa vie, son éducation, la révolution, les blessures et les deuils, la fuite, l’exil ou le retour, les amours et les errances dans ce texte furieusement intime et complètement rock.

    Le pivot du livre, c’est une nuit de décembre 89 aujourd’hui entrée dans l’histoire, le soir où les Ceausescu vont tomber, le jour où la Roumanie communiste va finir, pour entrer tout à trac dans le magma du capitalisme sauvage. Mais cette Histoire avec un H majuscule a une tout autre saveur quand elle est vécue au ras des événements, quand elle est racontée à chaud par une jeune fille un peu bizarre et son groupe d’amis, partis à la recherche d’un des leurs disparu, eux-mêmes égarés dans les circonvolutions d’une nuit de révolution qui mêle la panique à l’exaltation, l’incompréhension à l’inquiétude.

    Oana Lohan tisse une toile narrative complexe où se croisent des souvenirs d’enfance, ceux de la Roumanie communiste dans laquelle elle a grandi, des souvenirs plus intimes ou formateurs, ceux de l’Europe postcommuniste où elle a poursuivi sa voie et sa soif d’expérience de la fin des années 80 à nos jours. On y croise une foule de personnages décrits en touches de couleurs vives qui dresse, au-delà du portrait autobiographique, le portrait intime et déjanté d’un pays aujourd’hui disparu, la Roumanie d’avant 89.

    Ce roman est un alcool fort que l’on déguste en gorgées avides »

     

    Essai, Théâtre, Roman, Roumanie, Norman Manea, Nicolas Véron, Odile Serre, Olivier Guez, Nicoleta Esinencu, Nicolas Cavaillès, Oana Lohan, Florina Ilis, Marily Le Nir, Mircea Cărtărescu, Laure Hinckel, Points, L’Arche, Les éditions du chemin de fer, Éditions des Syrtes, Le Matricule des anges.Florina Ilis, Le livre des nombres, traduit du roumain par Marily Le Nir, Éditions des Syrtes, 2021

    « Le Livre des nombres est un roman monumental, à la fois fresque historique, saga familiale et monographie d’un village d’Europe centrale. Il embrasse un siècle de l’histoire mouvementée de la Transylvanie, ballottée entre l’Empire austro-hongrois, la Hongrie puis la Roumanie, tragiquement secouée par l’instauration du régime communiste.

    Le lecteur est plongé dans l’entreprise d’un auteur qui tente d’écrire la chronique de sa famille. Il s’y emploie en interrogeant ses proches, en feuilletant des albums de photographies, en fouillant dans les archives de la police secrète, en lisant des Mémoires ou en écoutant des bandes magnétiques ; mais aussi en faisant appel à son imaginaire capable de toutes les transgressions. Peu à peu, devant ses yeux, se tisse ainsi l’épopée de deux familles apparentées, sur quatre générations, qui trouve des échos incessants dans le présent. Grâce à une construction littéraire magistrale, les disparus se racontent autant que les survivants ou leurs descendants. Et leur parole recompose la mémoire collective et un arbre généalogique séculaire, bien ancré dans la terre, dont les branches déploient des noms que l’Histoire n’a pas retenus.

    Née en 1968, Florina Ilis est sans doute l’écrivaine la plus douée de sa génération et l’une des grandes plumes de littérature roumaine contemporaine. Elle débute en 2000 avec un recueil de haïkus, mélange de poésie et de calligraphie.
    En 2010 paraît en français La Croisade des enfants et en 2015, Les Vies parallèles.
    Outre le prix Courrier international du meilleur roman étranger 2010 pour La Croisade des enfants, elle est lauréate de nombreux prix littéraires roumains et internationaux. »

     

    Le Matricule des anges (« le mensuel de la littérature contemporaine ») n° 223, mai 2021, contient plusieurs articles sur des livres roumains ou franco-roumains : L'Évangile selon Marie de Nicoleta Esinencu, Mars violet d’Oana Lohan, Le livre des nombres de Florina Ilis, Solénoïde de Mircea Cărtărescu, traduit par Laure Hinckel, réédité chez Points (http://jplongre.hautetfort.com/archive/2019/12/12/tout-est-reel-toujours-6197393.html#more).

  • « Tout est réel, toujours »

    Roman, Roumanie, Mircea Cărtărescu, Laure Hinckel, les Éditions Noir sur Blanc, Jean-Pierre LongreMircea Cărtărescu, Solénoïde, traduit du roumain par Laure Hinckel, les Éditions Noir sur Blanc, 2019, réédition Points, 2021

    Prix Millepages 2019

    Prix Transfuge 2019 du meilleur roman européen

    La parution d’un roman de Mircea Cărtărescu est toujours un événement. C’est évidemment le cas ici, et plus encore : Solénoïde est un monument ; pas seulement par les dimensions extérieures du livre, mais aussi et surtout par ce qu’il renferme. Un monument qui, à l’image finale de Bucarest, le lieu de tout, se mettrait en mouvement – et alors les images se précipitent dans la tête du lecteur. Ce pourrait être celle d’un torrent que l’on tente de suivre, dont on tente de scruter les flots, le courant, le fond, les obstacles, et dont on prélève le plus souvent et le mieux possible quelques décilitres d’eau pour les examiner, avant de continuer la poursuite. Ou alors celle du labyrinthe dans lequel on se perd, on se retrouve, on se reperd en tenant un fil d'Ariane dont on espère qu'il mènera vers une issue. Ou encore celle de la spirale que l’on suit en mouvements ascendants et descendants – et dans ce cas on s’approche de l’objet qui sous-tend le roman et qui lui donne son titre. L’objet, ou les objets, puisque le sous-sol de Bucarest est parsemé de plusieurs machines du même type, les solénoïdes, ces grosses bobines en forme de spirale qui créent des vibrations et qui mettent les êtres et les choses (voire une ville entière) en mystérieuse lévitation.

    roman,roumanie,mircea cărtărescu,laure hinckel,les Éditions noir sur blanc,jean-pierre longreMais ce thème central du roman n’en est, justement, qu’un aspect révélateur. Solénoïde est un roman aux multiples facettes, sorte de Recherche du temps perdu qui aurait été modelée par les mains de Lautréamont, de Raymond Roussel, des surréalistes et de Kafka (on en passe, car finalement les mains essentielles sont bien celles de Cărtărescu). Le canevas narratif est simple : un professeur de roumain qui a échoué dans un collège de banlieue et qui aurait voulu être écrivain (le double inversé de l’auteur, en quelque sorte), se raconte, en une superposition des souvenirs d’enfance et de la relation du présent dans une société minée par la dictature, la pauvreté matérielle et morale, mais dont certains membres sont sauvés par la vie mentale et par l’amour. Le rêve, les apparitions nocturnes, le surgissement de l’inconscient, tout cela est inscrit dans la vie.  « Tu ne pouvais pas planter le rêve dans le monde, car le monde lui-même était un rêve. ». C’est pourquoi « la chasse au rêve suprême, orama » est l’un des chemins à suivre, sur les traces de Nicolae Vaschide, spécialiste reconnu de la question, et ancêtre d’une belle et inaccessible collègue du narrateur. Tout se tient, vous dit-on : la réalité historique et scientifique, la fiction, le rêve… et tout cela crée le réel.

    Outre les récits de rêves, nombre de motifs peuplent ce récit grouillant d’êtres vivants, humains et animaux. Voyez les poux, tiques, sarcoptes de la gale, acariens et autres insectes microscopiques donnant une idée de l’infiniment petit au regard de la vastitude du ciel aux étoiles menaçantes, de la ville fantasmée avec ses avenues, ses dédales de rues, ses souterrains, ses couloirs, ses usines, ses machineries, ses « veines » et ses « artères », sa nudité : « Quand les monceaux de neige ont disparu, Bucarest s’est offerte aux regards comme un squelette aux os dispersés. Qui aurait cru que sa décrépitude de toujours – le baroque sinistre de sa ruine – puisse devenir deux fois plus triste et plus désespérée ? ». Récit grouillant aussi de faits et d’événements plus ou moins étranges : disparitions et réapparitions énigmatiques, manifestations de « piquetistes », secte protestant avec véhémence contre la mort et faisant résonner à l’infini un pathétique « à l’aide », acquisition d’une maison/bateau dont le narrateur n’aura jamais fini d’explorer les prolongements horizontaux et verticaux, anecdotes liées à l’école (celle de l’enfance, celle de l’âge adulte), mariage rapidement interrompu par le changement dramatiquement radical de l’épouse, puis l’amour, le véritable, trouvé avec Irina, et la naissance d’une petite fille, le rappel de livres précédents (par exemple La Nostalgie, avec l’évocation du « REM »)… Le tout passé au crible de l’humour parfois dévastateur d’un Cărtărescu jouant malicieusement avec son propre destin d’écrivain à partir de la lecture publique d’un poème (significativement intitulé La Chute), s’adonnant mine de rien à la ravageuse satire politico-psychosociale d’un régime jamais nommé mais omniprésent, qui gangrène la société, l’école, les familles, les individus dans leur comportement quotidien, et maniant d’une façon impayable et efficace le portrait-charge ; on serait tenté de tout citer en guise de preuve – et il faut lire les descriptions de salle des professeurs, ou le récit de la collecte obligatoire par les élèves des bouteilles, bocaux et vieux papiers tournant à l’épopée absurde et bouffonne…

    Roman fantastique dans tous les sens du terme, en vérité roman réaliste, roman humoristique, roman « limpide comme le jour et complètement inintelligible » comme l’est la vie, roman dont les particularités de ton, de style, de lexique sont fidèlement rendues en français grâce à un remarquable travail de traduction, Solénoïde pourrait être une tragédie, celle de la « devinette du monde », celle de la destinée humaine. S’il s’agit bien de celle-ci, elle aboutit, peut-être contre toute attente mais dans une belle perspective, au triomphe de l’amour : « La devinette du monde, enroulée, intriquée, accablante, perdurera, claire comme de l’eau de roche, naturelle comme la respiration, simple comme l’amour et […] elle se versera dans le néant, vierge et non élucidée. ». Finalement, c’est la plongée dans le bonheur, même sous la menace d’une statue géante, sorte de commandeur infernal : « Nous nous sommes enlacés, la petite entre nous deux, soudain incroyablement heureux et ne nous souciant plus d’aucune statue ni d’aucune porte. ».

    Jean-Pierre Longre

    www.editionspoints.com

    www.leseditionsnoirsurblanc.fr

    https://laurehinckel.com

    …et du même Mircea Cărtărescu vient de paraître :

    roman,roumanie,mircea cărtărescu,laure hinckel,les Éditions noir sur blanc,points,an-pierre longreMelancolia, traduit par Laure Hinckel, les Éditions Noir sur Blanc, 2021

    « Ce sont trois longues nouvelles encadrées par deux contes. Melancolia est un livre sur l’expérience de la séparation, sur ce trauma qui a marqué notre naissance et, par la suite, chacune de nos métamorphoses. L’immense écrivain Mircea Cărtărescu en fait ici l’étude à travers trois étapes de la vie : la petite enfance, l’âge de raison, l’adolescence.

    Un enfant de cinq ans, dont la mère est sortie, se persuade qu’il a été abandonné : « C’est là le point de départ de la mélancolie, de ce sentiment que personne ne nous tient plus par la main. » Isabel et Marcel, frère et sœur, vivent au sein d’une famille ordinaire comme deux enfants perdus dans la forêt profonde. Lorsque la fillette tombe malade, son frère se jure d’obtenir sa guérison en partant affronter ce qui le terrifie le plus. Un adolescent se questionne sur la différence sexuelle. Il tombe amoureux. Son corps change : mois après mois, il range dans une armoire les peaux devenues trop petites…

    Magnifiques variations sur les grands thèmes de l’auteur : le passage du temps, la poésie, le réel et l’irréel, le masculin et le féminin. »

     

     

  • Nouveautés de la rentrée 2019… Chroniques à venir…

    Roman, Poésie, Roumanie, francophone, Mircea Cărtărescu, Laure Hinckel, éditions Noir sur Blanc, Irina Teodorescu, Flammarion, Paul Vinicius, Radu Bata, Jacques André éditeurMircea Cărtărescu, Solénoïde, traduit par Laure Hinckel, éditions Noir sur Blanc, 2019

    Présentation de l’éditeur :  

    Chef-d’œuvre de Mircea Cărtărescu, Solénoïde est un roman monumental où résonnent des échos de Borges, Swift et Kafka. Il s’agit du long journal halluciné d’un homme ayant renoncé à devenir écrivain, mais non à percer le mystère de l’existence.

    Après avoir grandi dans la banlieue d’une ville communiste – Bucarest, qui est à ses yeux le « musée de la mélancolie et de la ruine de toute chose », mais aussi un organisme vivant, coloré, pulsatile –, il est devenu professeur de roumain dans une école de quartier. Si le métier le rebute, c’est pourtant dans cette école terrifiante qu’il fera trois rencontres capitales : celle d’Irina, dont il tombe amoureux, celle d’un mathématicien qui l’initie aux arcanes les plus singuliers de sa discipline, et celle d’une secte mystique, les piquetistes, qui organise des manifestations contre la mort dans les cimetières de la ville.

    À ses yeux, chaque signe, chaque souvenir et chaque rêve est un élément du casse-tête dont la résolution lui fournira un « plan d’évasion », car il ne s’agit que de pouvoir échapper à la « conspiration de la normalité ».

    http://www.leseditionsnoirsurblanc.fr

     

    Roman, Poésie, Roumanie, francophone, Mircea Cărtărescu, Laure Hinckel, éditions Noir sur Blanc, Irina Teodorescu, Flammarion, Paul Vinicius, Radu Bata, Jacques André éditeurIrina Teodorescu, Ni poète ni animal, Flammarion, 2019

    Présentation de l’éditeur :

    Carmen apprend la mort soudaine du Grand Poète, sa seule attache à la Roumanie, au moment où elle traverse un rond-point occupé par un peuple prêt à tout renverser. Alors, elle a comme un éblouissement : les souvenirs d’une autre révolution, conduite par ce poète autrefois dissident, lui reviennent, intacts.
    1989. Elle avait dix ans et écrivait des poèmes à sa « camarade maîtresse» pendant que sa mère, cachée dans la salle de bains, enregistrait des K7 audio à destination d’une amie passée à l’Ouest et que son père échangeait les savons de son usine contre des petits pains. À l’époque, tout cela lui paraissait aussi banal que la folie de sa grand-mère, surveillée depuis toujours par les autorités, ou que les ours des Carpates dont on disait qu’ils mangeaient les enfants.
    De quel genre de vague à l’âme naît une révolution ? Est-ce une impulsion animale ou poétique ? En conteuse aussi insolite qu’inspirée, Irina Teodorescu puise dans les souvenirs vifs de son enfance pour mettre en scène trois générations de femmes - et quelques animaux à leur suite - que rien ne préparait à voir la grande Histoire tout bousculer.

    https://editions.flammarion.com

     

    Roman, Poésie, Roumanie, francophone, Mircea Cărtărescu, Laure Hinckel, éditions Noir sur Blanc, Irina Teodorescu, Flammarion, Paul Vinicius, Radu Bata, Jacques André éditeurPaul Vinicius, la chevelure blanche de l’avalanche, traduit par Radu Bata, Jacques André éditeur, 2019

    Présentation de l’éditeur :

    et tu es tellement tellement belle quand tu dors que j'ai de plus en plus sommeil de toi

    Ce recueil de poèmes choisis brille de mille feux, à l’image de son auteur : entier, vrai, ébloui par la nuit, amoureux comme un soleil noir. Paul Vinicius vit avec la poésie : il sort avec elle, il veille avec elle, il partage avec elle la plus belle étreinte. Il lui boit les mots, il lui panse les blessures, il lui offre sa biographie. Ainsi, souvent, la ligne de démarcation entre Paul Vinicius et la poésie se confond avec l’horizon. Regardez bien : un œil attentif discernera l’ombre de ce grand poète roumain derrière un coucher de soleil. Poète, dramaturge, journaliste et essayiste, Paul Vinicius est diplômé de l’École Polytechnique de Bucarest et docteur ès lettres, la partie visible de son parcours surprenant, car il a exercé de nombreux métiers avant de se dévouer à l’écriture. Champion de boxe, puis karatéka, il a travaillé comme maître-nageur sur la côte de la mer Noire, détective privé, pigiste, correcteur, rédacteur pour la presse nationale et pour la maison d’édition du musée de la Littérature roumaine. Après avoir été interdit de publication en 1987 par la censure communiste, il a renoncé à sa carrière d’ingénieur et son curriculum vitae accompagne les soubresauts de la démocratie survenue en décembre 1989, à la recherche d’un nouveau départ, d’une nouvelle ivresse.

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  • Tentative d’épuisement de l’univers

    Poésie, Roumanie, Mircea Cărtărescu, Nicolas Cavaillès, éditions hochroth Paris, Jean-Pierre LongreMircea Cărtărescu, Tout, traduit du roumain par Nicolas Cavaillès, éditions hochroth Paris, 2017

    Le titre est démesurément ambitieux, mais les sept poèmes foisonnants qui composent le recueil sont à la hauteur de cette ambition et de cette démesure. Comme un condensé librement versifié des romans à venir de Mircea Cărtărescu (Totul a été publié en Roumanie en 1984), les textes explorent et fouillent, en accumulations verbales infinies et en visions inouïes, les corps, les matériaux, les paysages naturels, les villes… « Tout est là, disséminé sur une chaude couche de bouse ».

    En longues phrases aux parenthèses multiples, déclinant un lexique richissime, érudit, allusif (saluons au passage le travail du traducteur), on assiste aux pérégrinations du bonheur et du malheur survolant « la carte du monde », terre, mer ciel et êtres vivants mêlés. Une véritable Poésie, Roumanie, Mircea Cărtărescu, Nicolas Cavaillès, éditions hochroth Paris, Jean-Pierre Longretentative d’épuisement poétique de la totalité universelle. Et la vie, de la naissance à la mort comprises, de l’espoir au deuil – le deuil émouvant de ce « Victor », double et jumeau apparaissant aussi dans les romans, et qui est « la rose qui manque à tous les bouquets ». Un espoir ? Celui d’une résurrection qui n’efface pas la morbidité :

    « derrière nous cependant le monde sale et gras

    tourne en scintillant, mais comme le jaune de l’œuf cru

    en son centre, haïssant le mouvement, émettant ses rayons

    la boîte en bois vibre et ses clous rouillés craquent

    et sautent dans leurs planches moisies,

    et tu te réveilles. »

    Poésie fantastique, pourrait-on dire. Mais un fantastique surgissant du réel, d’un réel qui explose de son trop-plein.

    Jean-Pierre Longre

  • Les vertiges de la mémoire

    Roman, Roumanie, Mircea Cărtărescu, Nicolas Cavaillès, P.O.L., Jean-Pierre LongreMircea Cărtărescu, La Nostalgie, traduit du roumain par Nicolas Cavaillès, P.O.L., 2017

    Tout commence avec la mémoire, et se poursuit avec le rêve. Le rêve est d’ailleurs le titre sous lequel les cinq textes du livre parurent dans les années 1980, amputés de certains passages par la censure, puis traduits par Hélène Lenz et publiés en France en 1992 aux éditions Climats (édition maintenant épuisée). La Nostalgie est donc un livre au passé déjà chargé, aussi chargé que les histoires qui s’y développent.

    Cinq textes autonomes, donc, mais qui entretiennent entre eux des rapports plus ou moins cachés (retours de personnages, de motifs, de mystères, type de style, progressions parallèles…), rapports qui se tissent à mesure que l’on avance sur la toile narrative – le leitmotiv de l’araignée tissant sa toile et étendant ses longues pattes sur le paysage ou les personnages est l’une des marques saisissantes de l’ouvrage.

    Le « Prologue » s’ouvre sur les états d’âme d’un vieil écrivain « pleurant de solitude » et attendant la mort en essayant de « réfléchir ». « Voilà pourquoi j’écris encore ces lignes : parce que je dois réfléchir, comme celui qui a été jeté dans un labyrinthe doit chercher une issue, ne serait-ce qu’un trou de souris, dans les parois souillées d’excréments ; c’est la seule raison. ». Et l’« Épilogue » se ferme sur un autre vieillissement, universel celui-là, anéantissement et renaissance se faisant suite. Entre les deux, les cinq nouvelles cheminent parmi souvenirs et imagination, dans un réalisme fantastique qui ne laisse ni l’auteur, ni ses personnages ni le lecteur en repos.

    La « nostalgie » est une pathologie psychique liée au regret du passé, certes, mais aussi à celui d’une situation idéale inatteignable. De fait, ici, chaque récit part d’un point du passé, d’un souvenir qui se tourne vers un univers intérieur échappant à l’entendement ordinaire, voire vers un anéantissement de soi au profit d’une apothéose littéraire ; c’est le cas avec « Le Roulettiste », dont le personnage n’arrive pas à mourir. La seconde nouvelle, « Le Mendébile », tient véritablement du souvenir d’enfance, racontant les jeux plus ou moins violents d’une bande de copains à l’arrière cafardeux d’un immeuble bucarestois des années 1970, avec portraits sans concessions et rivalités sans pitié, jusqu’à la souffrance extrême. Avec « Les Gémeaux », qui ménage un suspense narratif et érotique intrigant, nous nous assistons à une progression vers une double métamorphose, un transfert à la fois intime et terrifiant : « Nous nous sommes longtemps regardés, horrifiés, sans nous parler ni nous attirer. Nous étions trop fatigués, trop abasourdis pour réfléchir encore. […] Nos gestes hésitaient, nos mouvements balbutiaient, nos mains rataient ce qu’elles faisaient. Nous nous regardions comme des êtres venus de deux mondes différents, aux bases chimiques, biologiques et psychologiques totalement autres. ». « REM », le récit le plus long, est aussi le plus complexe, mêmesi lui aussi est un récit d’enfance, celui d’une jeune femme qui déroule en une nuit à l’intention de son amant ses souvenirs de « choses qui se sont passées dans les années 1960, 1961, quand j’étais encore une petite fille. ». Jeux d’enfants chez une tante habitant aux limites de la ville, mystères liés à ces trois lettres, « REM » (la « chose » inexplicable, les Réminiscences de phénomènes dont l’étrangeté est liée à la rencontre entre la poésie de l’enfance et le gigantisme de la mémoire, entre la vie innocente et l’annonce de la mort, entre la quotidienneté du réel et l’étrangeté du songe – confrontations qui ne peuvent se résoudre que dans la création (littéraire en l’occurrence), aboutissement de la quête de ce Graal qu’est le « REM ». « Il existe des livres secrets, écrits à la main, consacrés au REM, et il existe des sectes concurrentes qui reconnaissent le REM, mais qui ont des idées on ne peut plus différentes quant à sa signification. Certains soutiennent que le REM serait un appareil infini, un cerveau colossal qui règle et coordonne, selon un certain plan et en vue d’un certain but, tous les rêves des vivants, depuis les rêves inconcevables de l’amibe et du crocus, jusqu’aux rêves des humains. Le rêve serait, selon eux, la véritable réalité, dans laquelle se révèle la volonté de la Divinité cachée dans le REM. D’autres voient dans le REM une sorte de kaléidoscope dans lequel on peut lire tout l’univers, dans tous les détails de chaque instant de son développement, de sa genèse jusqu’à l’apocalypse. ».

    Difficile d’en écrire davantage dans un simple compte rendu. Sinon que le dernier texte est comme une signature apocalyptique, celle de « l’architecte » dont l’influence musicale va s’étendre sur la « mentalité humaine » en transformation, sur le monde entier, sur « l’espace interstellaire » et « des constellations entières ». C’est ainsi que l’artiste complet (l’écrivain, comme l’architecte, le musicien ou tout autre) compose son univers vertigineux et le propose au public, qui a le choix de le suivre ou non sur les flots de son écriture et de son imagination. Avec Cărtărescu, difficile de ne pas se laisser embarquzer, même si l’on redoute la tempête, les récifs et les courants.

    Jean-Pierre Longre

    www.pol-editeur.com