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Livres Rhône Roumanie - Page 12

  • « Entre toi et moi ». Mère et fils


    Marius Chivu, La ventolière en plastique, traduit du roumain par Fanny Chartres, illustrations de Dan Stanciu, M.E.O., 2015

     poésie,roumanie,marius chivu,fanny chartres,éditions m.e.o.,jean-pierre longre

                                « elle dit qu’elle est la ventolière en plastique

                                me chuchote qu’elle a des robes en kiwi

                                des pulls en bois parfumé

                                un jardin de macarons

                                et des plages de sables parlants ».

    Un poème surréaliste ? Oui, si l’on veut, mais forgé par une femme paralysée, amnésique, pour laquelle son fils aimant, aux petits soins avec elle, a écrit les beaux textes en vers livres qui composent ce recueil.

    Pas de pathos, pas de lamentations grandiloquentes, mais des paroles simples, celles que le jeune homme adresse à celle qui, encore jeune elle-même, lui adresse en retour des regards, lui fait des demandes parfois étranges, lui répercute les rêves qui hantent son sommeil… Par-dessus tout, l’amour mutuel, filial et maternel, qui s’exprime jusque dans les silences, à travers les gestes banals de la vie quotidienne, les sensations physiques, les souvenirs d’enfance.

    Dans une typographie expressive (les italiques, les caractères gras), tout s’exprime en collages de mots et de phrases dont le voisinage crée l’étincelle poétique – comme cela se passe en images avec les illustrations de Dan Stuciu –, et qui abordent les grandes préoccupations de l’existence humaine : le temps, la mémoire, la mort, la perte de soi et de l’autre, la religion, la musique, la famille, le rire et les pleurs, la souffrance, la nature, le cycle des saisons… Le travail littéraire (et, dans le cas présent, celui de la traduction) n’exclut pas l’émotion, au contraire. Il tend ici vers le témoignage d’un amour sans faille (« Pour lui montrer à quel point je l’aime / mes cheveux ont blanchi ») qui reconstruit, au-delà de la maladie et du chagrin, une personnalité bien vivante :

                                « son monde

                                est resté malgré tout ordonné et propre

                                réglé

                                pas un instant il n’a cessé de tendre

                                vers l’harmonie »

    Jean-Pierre Longre

    www.meo-edition.eu

  • Hommes entre eux

    nouvelle,francophone,roumanie,dominique ilea,anca-domnica ilea,editura tracus arte,jean-pierre longreDominique / Anca-Domnica Ilea,  Faire la paire / Perechi Nepereche, Editura Tracus Arte, Bucarest

    Dominique (Anca-Domnica) Ilea est non seulement traductrice, mais elle est aussi écrivain, qui plus est aussi bien en français qu’en roumain. Ce recueil en est un témoignage probant : six nouvelles écrites en français, complétées par leur traduction en roumain – ce qui, disons-le, n’est pas banal pour une native de Roumanie (l’inverse est plus courant). Pas banal, mais réussi : Dominique Ilea est aussi à l’aise dans sa langue d’adoption que dans sa langue maternelle.

    Deuxième originalité : le thème commun aux six récits : les amours masculines. Ainsi s’explique le titre : « Faire la paire », c’est s’aimer entre hommes ; les couples se forment peu à peu, depuis les premiers émois jusqu’aux jeux érotiques. Se rencontrent au fil des textes des hommes de toutes sortes, de tous âges, des savants, de jeunes ingénus, un chevalier, un astronaute, un prince, un policier, un philosophe, mais aussi des êtres venus d’ailleurs.

    Car il y a une troisième originalité : si les êtres d’ici-bas forment souvent entre eux des « paires » paradoxales (« Le Suspect et le Flic », « le Duc et le Montagnard »), ils s’éprennent aussi, malgré eux mais irrémédiablement, de créatures issues de divers au-delà : un « cyborg » inattendu, un fantôme entreprenant, un démon aux apparences familières mais au regard étrange… Ainsi le charme sulfureux des histoires d’amour se pimente-t-il de merveilleux et de fantastique. Et la variété des tons, la vivacité du style – en français comme en roumain – renforce encore le goût de ce piment.

    Jean-Pierre Longre

    www.tracusarte.ro

     

  • « Une bibliothèque vivante »

    revue,francophone,roumanie,benjamin fondane,jean-pierre longreCahiers Benjamin Fondane n° 18, 2015

    Janvier 1944. « Benjamin Fondane écrit des lettres de vœux à ses amis. Ce seront les dernières », puisqu’il mourra en octobre à Auschwitz-Birkenau. Trois de ces lettres ouvrent ce nouveau numéro des Cahiers Benjamin Fondane, placé ainsi sous le signe de l’émotion et de l’amitié.

    Mais l’écrivain était aussi « un lecteur singulier », comme le dit Monique Jutrin (directrice de la publication) dans son introduction ; une bonne partie du volume est consacrée aux lectures de Fondane, à sa « bibliothèque vivante » : il y est question du surréalisme (Agnès Lhermitte, Serge Nicolas), de la philosophie (Saralev Hollander, Alice Gonzi, Aurélien Demars) ; du théâtre (Eric de Lussy), de la Bible (Elisabeth Stambor).

    La seconde grande partie porte sur « Fondane et la Grande Guerre », avec des articles de Carmen Oszi, Margaret Teboul, Aurélien Demars, et aussi de Fundoianu lui-même, traduits du roumain par Carmen Oszi, Odile Serre et Aurélien Demars.

    Quelques autres études (Gisèle Vanhese sur Benjamin Fondane et Yvan Goll, Dominique Gauch sur le même et Freud), ainsi que plusieurs textes traduits du roumain par Odile Serre, des notes de Jil Silberstein et Carmen Oszi, diverses informations et une bibliographie complètent ce numéro dont la richesse scientifique n’occulte pas la sensibilité poétique de celui qui écrivait en 1944 :

    Toujours en train

    de lire un livre !

    Toujours en train

    d’écrire un livre !

    Et tout à coup la neige tranquille dans ma vitre

     

    Jean-Pierre Longre

    Site de la Société d’études Benjamin Fondane : www.benjaminfondane.com

     

  • Seine et Danube, le retour

    revue,francophone,roumanie,seine et danube,dumitru tsepeneag,virgil tanaseSeine et Danube, nouvelle série, n° 1 (7).

    Elle revient, pour le plus grand bien de la vie littéraire franco-roumaine et européenne.

    Voici des extraits de l’éditorial de Dumitru Tsepeneag :

    « Le numéro précédent, le n ° 6, est paru en juin 2005. Voici les dernières lignes (page 180) qui sonnent comme une épitaphe: « Notre revue est menacée de disparaître. Sa disparition pourra

    montrer mieux que n'importe quel discours à quoi elle servait. À peu de chose… Seulement à la survie dans la conscience des autres d'une littérature de plus en plus absente en Europe, de

    plus en plus isolée. » Que peut-on faire si on est menacé de disparition?

    Attendre… Attendre que ça arrive.

    Et si on a vraiment disparu?

    Attendre encore. Attendre de ressusciter, de renaître.

    Quoi d'autre !.. […]

    On a attendu donc dix ans pour reparaître. Pendant ce temps, on a fondé l'Association des traducteurs de la langue roumaine (ATLR) et on a lancé une revue en ligne baptisée — quelle obstination! — Seine et Danube : sans éditeur, sans papier, sans payer les collaborateurs et sans trop de lecteurs non plus. Évidemment, ça ne coûte pas cher !.. Laure Hinckel s'est dévouée pour assurer le secrétariat.

    Notre pari reste le même : démontrer que la Seine et le Danube sont assez proches, et pas seulement leurs sources. En dépit de la diversité linguistique, la littérature européenne

    a des origines communes, qu'elles soient grecques, latines ou judéo-chrétiennes. Le soi-disant communisme n'a jamais réussi à provoquer une division irréversible entre l'Ouest et l'Est. Le dit capitalisme bancaire ne réussira pas non plus. Notre projet n'a pas changé : faire une revue européenne sans complexe et sans démagogie. »

     

    Comité de rédaction : Nicolas Cavaillès, Radu Ciobotea - directeur responsable, Ciocârlie Corina, Laure Hinckel, Jean-Pierre Longre, Eric Naulleau

     

    Coordinateurs : Virgil Tanase et Dumitru Tsepeneag

     

    Correspondants : Nicolae Bârna (Bucarest), Gerhardt Csejka (Frankfurt), Jenö Farkas (Budapest), Ion Pop (Cluj), Rumiana Stantcheva (Sofia)

     

    La revue Seine et Danube est publiée avec le concours de l'Institut culturel roumain

     

    Sommaire de ce premier numéro :

    DUMITRU TSEPENEAG : Éditorial

    Hommage à Alain Paruit

    ALAIN PARUIT : Traduction inédite de sept poèmes de Virgil Mazilescu

    DOSSIER: LE THÉÂTRE DU MOT VIDE

    VIRGIL TANASE : Le chariot vide

    EUGEN SIMION : L’anglais sans maître, extrait de Le Jeune Ionesco

    PHILIPPE LOUBIÈRE : Teodor Mazilu, un théâtre de démythisation

    TEODOR MAZILU : Quatre pièces en un acte :

    Bénies soient les peines de coeur

    Une féroce harmonie conjugale

    Compétition

    Pour la galerie

    TEODOR MAZILU : Idiots au clair de lune (fragment)

    JEAN-PIERRE LONGRE: Matei Visniec poète de scène

    MATEI VISNIEC : Orient, Occident (fragment)

    MIRCEA GHITULESCU Horia Gârbea : Un théâtre de l'intertextualité

    HORIA GÂRBEA Mme Bovary c'est les autres

    MIRELA NEDELCU PATUREAU: Comment définir un cri…

    SEBASTIAN VLAD POPA: Le pittoresque global dans la dramaturgie roumaine

    JENO FARKAS ET FRANCIS COMBES : Deux poètes hongrois

    TIBOR ZALÁN: La fatigue des cadences 1

    Les fenêtres

    Sur une carte postale dans l'ombre d'Ovide

    ANDRÀS PETOCZ: Dieu s'exile

    Dieu à Vienne

    Dieu au village

    Quand, l'autre jour, Dieu

    Dieu est solitaire

    JULIEN GAILLARD : La Maison

    DANIEL POZNER: Récréations et amusements :

    Théâtres

    Spectacles divers

    SORIN MÀRCULESCU : L’hymne 82

    EMIL BOTTA: Le Théâtre

    Les Actrices

    CHRONIQUES ET ARTICLES

    GEORGE BANU

    Avec Shakespeare et Purcarete à Budapest

    ALESSANDRO BERTOCCHI

    Le montage de la scène originaire 237

    NICOLAE BÂRNA

    À la recherche d'Eugène Ionesco

    ED PASTENAGUE

    Un amoureux de la poésie roumaine

    RADU BATA Le saut de l'ange et la transgression des genres

    DUMITRU TSEPENEAG

    Frappes chirurgicales

     

  • Marius Daniel Popescu. « Parole et silence », écriture toujours

    Mars 2015. Rencontre lecture avec l’écrivain Marius Daniel Popescu

    MD Popescu

    Le 3 mars 2015, après avoir participé à une séance de séminaire sur la littérature roumaine d’expression française organisée par l’Université de Lyon (Lyon 2, Lyon 3 et l’ENS), Marius Daniel Popescu était invité par l’association Rhône Roumanie et leConsulat Général de Roumanie à Lyon, avec le partenariat de la librairie Passages, à une soirée de lecture et de discussion organisée dans les locaux du Consulat Général.

    Né en 1963 en Roumanie (Craiova), Marius Daniel Popescu réside en Suisse (Lausanne) où il est conducteur de bus et écrivain de langue française. Il est l’auteur, notamment, de deux recueils de poèmes, 4×4 poèmes tout-terrains (1995) et Arrêts déplacés(2004), publiés chez Antipodes (Suisse), et de deux romans publiés chez José Corti : La Symphonie du loup (2007) et Les Couleurs de l’hirondelle (2012). Il est d’autre part le créateur et l’animateur du journal littéraire Le Persil. Ses écrits ont reçu diverses récompenses importantes, dont le Prix Robert Walser.

    La rencontre avec cet écrivain atypique, passionné, fut à la fois dense, pleine de vivacité et d’échanges animés. Marius Daniel Popescu lut avec une vigueur quasiment théâtrale des poèmes représentatifs de son art de la transfiguration du réel, ainsi que de substantiels passages de ses romans, donnant ainsi des échantillons de son style caractérisé par l’attention enthousiaste aux moindres détails de la vie, aux faits et gestes des gens dans leur existence quotidienne, aux souvenirs personnels, à la sonorité des mots et des phrases, dans une langue qu’il a apprise avec obstination er d’une manière personnelle en arrivant en Suisse, en 1990. Après des séries de questions posées par des spectateurs (roumains et français) fort intéressés et de réponses directes, parfois vives, toujours sincères et concrètes, l’écrivain lut en avant-première un extrait de son prochain roman, dont la publication est aussi prévue chez José Corti . Le public nombreux (une quarantaine de personnes) ne pouvait pas sortir indifférent de ce dialogue riche et plein d’enseignements originaux sur le travail littéraire de l’écrivain.

    Jean-Pierre Longre

    N.B. Des comptes rendus des ouvrages de Marius Daniel Popescu figurent dans la rubrique «livres  » du site de Rhône Roumanie : http://rhone.roumanie.free.fr et sur http://jplongre.hautetfort.com/tag/marius+daniel+popescu

     

    « Parole et silence », écriture toujours

    Le Persil, numéros 94-95 et 96.

    Marius Daniel Popescu (voir ci-dessus) n’est pas seulement poète et romancier, il est aussi, rappelons-le,  journaliste. Le Persil, « journal inédit, à la fois parole et silence », est toujours publié sous son égide et sa responsabilité, même si les pages en sont ouvertes depuis longtemps à d’autres auteurs.

    Les deux derniers numéros l’attestent, chacun dans son domaine thématique.  Le numéro double 94-95 (décembre 2014) poursuit l’enquête amorcée en 2013 sur les maisons d’édition de la Suisse romande. Daniel Vuataz et Vincent Yersin ont repris la route « entre Genève, La Chaux-de-Fonds, Fribourg et Sion » pour faire de nouvelles rencontres, photos, interviews d’éditeurs et d’éditrices qui, quels que soient leurs domaines spécifiques, ont au moins un but en commun : faire vivre la littérature. Mentionnons au passage les éditions Héros-Limite, dont la dénomination reprend le titre d’un recueil de Ghérasim Luca. Descriptions, entretiens, extraits de textes et « fiches d’identité » donnent une idée précise de la richesse éditoriale (du point de vue littéraire en tout cas) de la Suisse romande.

    Le numéro 9 (mars 2015), réalisé par Daniel Maggetti et Daniel Vuataz,  est consacré au grand écrivain « classique » de la Suisse francophone, Charles-Ferdinand Ramuz. Il contient les six textes de « gymnasiens » primés au concours « Ramuz », ainsi que ceux de plusieurs jeunes auteurs s’exprimant sur leur célèbre prédécesseur. Un beau numéro, qui rappelle si nécessaire, et paradoxalement, que la littérature suisse de langue française ne se réduit pas à Ramuz…

    J.-P. Longre

    http://www.facebook.com/journallitterairelepersil

    Le persil journal, Tél.  0041.21.626.18.79.

    E-mail : mdpecrivain@yahoo.fr

    Association ses Amis du journal Le persil lepersil@hotmail.com