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ghérasim luca

  • Un « portrait littéraire » et un triptyque poétique

    Luminitza G. Tigirlas        

    Gherasim Luca, ZÉros en Lucaphonie, Éditions du Cygne, « Portraits littéraires », 2024

    L’évidence de la paix nous enfante, Al Manar, 2024

     

    Essai, poésie, Luminitza G. Tigirlas, Gherasim Luca, Éditions du Cygne, Al Manar, Jean-Pierre LongreLuminitza G. Tigirlas vient de publier deux ouvrages bien différents l’un de l’autre, mais dont le point commun est la poésie.

    Gherasim Luca, ZÉros en Lucaphonie. Présentation : « LUCAPHONIE est le nom que je donne à un univers poétique qui fascine comme le chant du serpent et dont on ne sort pas le même, car avec Gherasim Luca on se laisse aspirés dans le tourbillon langagier qu’il dirige en maître, tourbillon qui forme-déforme tout une glèbe phonétique vocalement et graphiquement. C’est le terrain d’un jeu-ravinement de vie et de mort avec le langage que le poète mène seul à seul, dans des corps à corps sensuels jusqu’à l’animalité du cri et souvent dans la fureur de l’ironie. C’est le Trou de sa dette de nom, de père et de perte. À dix-sept ans Salman Locker de Bucarest s’autoproclama Gherasim Luca (1913-1994). Une lignée de suppléance s’invente au cours des années pour le poète, orphelin du (Z)Eros qui fait Un avec le Trou d’obus où fut déchiqueté son père.
    L’aboutissement auquel tend le poème proféré L’Autre Mister Smith, poème qui m’interpelle tout particulièrement, serait celui d’arracher le nom (de) Gherasim Luca au vrai-Gherasim Luca dans le combat entre les deux entités… »

    Essai, poésie, Luminitza G. Tigirlas, Gherasim Luca, Éditions du Cygne, Al Manar, Jean-Pierre LongreL’évidence de la paix nous enfante. « Dire le désir de paix qui nous habite, dans le monde tourmenté qui est le nôtre. » Recueil en trois parties : « ante-bellum : les frontières saignent » ; « la paix envoie des perce-neige au front » ; « j’ai vu la terre pondre la faim ».  Deux extraits : « De tant d’hivers je perce le paillage / il me faut m’enfuir de moi comme d’une terre à une autre / sinon j’attire les semailles /sinon ma graine risque de germer / ma graine de tangage sans oubli ». « Striures de l’autre langue / sur la face du mot qui s’ouvre / infinie matière du souffle ».

    Au centre des deux ouvrages, comme au centre de tout : le langage.

    Jean-Pierre Longre

    www.editionsducygne.com

    https://editmanar.com

    D’autres œuvres de Luminitza G. Tigirlas : http://livresrhoneroumanie.hautetfort.com/tag/luminitza+c.+tigirlas

    Un ouvrage de Gherasim Luca : http://jplongre.hautetfort.com/tag/gh%C3%A9rasim+luca

  • Revues de printemps

    Entre France et Roumanie (en passant par la Suisse), quelques numéros de revues viennent de paraître, que l’on ne peut que recommander.

     

    • Le n° 19 des Cahiers Benjamin Fondane (2016) est consacré d’une part à des « relectures du Mal des fantômes, d’autre part à un dossier sur « Fondane lecteur », toujours sous la direction de Monique Jutrin.

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    Sommaire :

    Voir www.benjaminfondane.com/les_cahiers-la_liste-0-1-1-0-1.html

    Sur Le bal des fantômes, cliquez ICI 

     

    Le Persil, que Marius Daniel Popescu et ses amis publient sans relâche, et dans les vastes pages duquel ils laissent libre expression à des poètes, des écrivains, des artistes de tous horizons.

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    • N° 106-107-108 (automne 2015) : « Parce qu’à deux, c’est mieux. Textes courts et arts graphiques ». (« De l’encre à l’encre, des mots aux traits »). « Quarante-huitb auteurs et artistes qui font la paire et dialoguent librement entre texte et image ».
    • • N° 109-110-111 (hiver 2015-2016) : « Atelier d’écriture à la Fondation du Levant de Lausanne », avec les « contributions de trois écrivains consacrés : Bertl Galland, Daniel Abimi et Jean Chauma ».
    • N° 115-116-117-118 (mars 2016) : « Poésie », « numéro quadruple qui contient de la poésie sous toutes ses formes, inédite et écrite par soixante-huit auteur-e-s de Suisse romande réuni-e-s à l’occasion du Printemps de la Poésie ».

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    Voir : www.facebook.com/journallitterairelepersil

     

    Revue Europe n° 1045 (mai 2016) : Numéro consacré à Ghérasim Luca

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    Présentation :

    « Né en 1913 à Bucarest, Ghérasim Luca parlait roumain, français, allemand et yiddish. En 1962, dix ans après son installation à Paris, il notait pour lui-même cette proposition paradoxale et forte : « Je suis l'Étranjuif ». Il attendit en effet la fin des années quatre-vingt pour abandonner son statut d'apatride, obligé qu'il était de régulariser ses papiers d'identité. Son suicide, le 9 février 1994 dans la Seine, est venu comme rappeler non seulement qu'il se considérait comme définitivement « hors la loi », mais aussi qu'il avait toujours dansé sur la corde. Ses œuvres pleines de sa vie et sa vie entièrement consacrée à ses œuvres en témoignent toujours puisque sa danse continue à entraîner, à encourager et même à enflammer ici et ailleurs, à la fois douloureusement et de manière jubilatoire, en inventant multiplement « une littérature impossible de tous côtés ». Ghérasim Luca est bien un de nos grands intempestifs ! Surréaliste roumain, fabricant de « cubomanies » et de livres d'artistes méticuleusement réalisés, ami de Victor Brauner, de Wifredo Lam et de quelques autres peintres majeurs, poète sonore ou plutôt « récitaliste » faisant de la voix un prolongement du corps, Ghérasim Luca ne peut en réalité s'accorder avec une telle addition que d'aucuns compléteront forcément… sans jamais pouvoir en faire le tour.  Car ses œuvres et sa vie sont placées sous le signe d'un perpétuel débordement. Elles font un tourbillon dans le fleuve de notre devenir, tant du point de vue du poème que plus généralement des arts et du langage.

    « Le plus grand poète français, mais justement il est roumain, c'est Ghérasim Luca », disait Gilles Deleuze. À ses yeux, Luca était de ceux qui inventent «  des vibrations, des rotations, des tournoiements, des gravitations, des danses ou des sauts qui atteignent directement l'esprit ». Amour, humour, politique, éthique et poétique étaient indissociablement liés chez ce forgeur sauvage et subtil qui écrivait : « tout est irréalisable dans l'odieuse / société de classes, tout, y compris l'amour / la respiration, le rêve, le sourire / l'étreinte, tout, sauf la réalité / incandescente du devenir ».

    Serge Martin, Ghérasim Luca, Pierre Dhainaut, Thierry Garrel, Monique Yaari, Bernard Heidsieck, Bertrand Fillaudeau, Charles Pennequin, Patrick Beurard-Valdoye, Joël Gayraud, Sebastian Reichmann, Nicole Manucu, Anne Foucault, Jean-Jacques Lebel, Iulan Toma, Vincent Teixeira, Dominique Carlat, Sibylle Orlandi, Charlène Clonts, Laurent Mourey, Patrick Fontana, Alfredo Riponi, Alice Massénat. »

    CAHIER DE CRÉATION / ÉCRIVAINS ROUMAINS

    Gabriela Adameşteanu, Dan Lungu, Florina Ilis, Norman Manea, Marius Daniel Popescu, Nora Iuga.

    Cahier conçu par Jean-Yves Potel et Gabrielle Napoli.

    Voir : www.europe-revue.net/sommaire-mai.html

    Voir aussi: http://livresrhoneroumanie.hautetfort.com/archive/2016/05/16/l-or-des-mots-5801407.html 

  • L’or des mots

    Poésie, francophone, Roumanie, Ghérasim Luca, José Corti, Jean-Pierre LongreGhérasim Luca, La paupière philosophale, José Corti, 2016  

    Chez Ghérasim Luca, la parole poétique plurielle et singulière, fragmentaire et fluide. On le constate dans tous les recueils à la fois issus du surréalisme et tendus vers la poésie sonore, l’expérimentation et la performance, composés de textes dans lesquels les mots sont plus que des mots : des objets saturés de sons et de sens, répartis dans leurs vers comme des notes sur leurs portées.

    Le titre du recueil est celui de la première partie : La paupière philosophale – et c’est déjà tout un programme incluant la manipulation verbale et le jeu sonore. On découvre dans les poèmes (où pullulent les allitérations en « p ») la volonté de « muer le vil métal / en pot-au-feu d’or mental » et de se couler dans une « peau fine / paupière finale / fatale / philosophale ».

    Suivent neuf autres mini-recueils consacrés à des pierres précieuses. Non pour les décrire, mais pour tirer de leurs noms, en formules délicates, les riches sonorités qu’ils contiennent (l’opale « avec les pôles d’une pile », le lapis-lazulis « sur la piste du lis », la chrysophrase (chrysoprase ?), « cristal du sophisme / et sopha du phonème », la turquoise, « truc coi et oisif », l’émeraude « comme la mère d’une robe » – ce ne sont que quelques exemples). Avec cela, le poète ne rechigne pas à chanter des refrains enfantins (« turlututus et turlurettes ») ni à se jouer de mots rares comme « ulex », « saphène », « sarrussophone », « thrips », « cynips » et autres termes spécialisés.

    Dans une langue épiée, espionnée, triturée, malaxée, remâchée, La paupière philosophale opère une extraction à la fois douloureuse et jubilatoire de l’or des mots.

    Jean-Pierre Longre

    www.jose-corti.fr

    www.jose-corti.fr/auteursfrancais/luca.html