Vladimir Cretulescu, Ethnicité aroumaine, nationalité roumaine. La construction discursive d'une identité nationale (1770-1878). Préface de Florin Turanu, L’Harmattan, 2021
« Vers la moitié du XIXe siècle, les Aroumains sont une population de bergers, marchands et dirigeants de caravanes, éparpillée dans toute la région des Balkans. Suite au bourgeonnement des idées nationales modernes dans le sud-est de l'Europe, ce groupe ethnique, parleur d'un idiome néolatin, est revendiqué par deux discours identitaires rivaux : l'un faisant d'eux des membres de la nation grecque, l'autre, leur attribuant la nationalité roumaine. Notre ouvrage se propose de tracer le développement du discours identitaire aroumain-roumain, qui construit les Aroumains comme des membres du peuple roumain, dès ses origines balkaniques jusqu'en 1878, l'année où le mouvement aroumain-roumain persuade les Ottomans de reconnaître le droit des Aroumains à bénéficier d'enseignement dans leur supposée langue nationale : le roumain. En mobilisant le modèle de Paul Brass, nous suivrons le processus de construction discursive qui rend l'ethnicité aroumaine assimilable à la nationalité roumaine. »
« Vladimir Cretulescu est docteur en histoire et en science politique, diplômé des universités de Bucarest et de Bordeaux. Il est lecteur des universités à la Faculté d'Histoire de l'Université de Bucarest. »
Alina Nelega, Comme si de rien n’était, traduit du roumain par Florica Courriol, éditions des femmes, 2021
« En écrivant, elle se dit qu’elle réussira à mieux comprendre – en interchangeant le personnage de Nana avec celui d’un garçon, peut-être, avec Dani ou Mits, par exemple, ce serait plus facile – ah non, ce ne serait pas plus facile. Elle devrait s’instruire davantage sur les corps et les émotions, comprendre pourquoi son ventre est serré, nœud de désirs et d’inquiétudes, elle les reconnaît bien, ils sont clairs ces mots, mais elle a peur de les exprimer. Ah, si elle pouvait courir, voler, se jeter sur le sable chaud d’une mer, écouter, éperdue, le bruit des vagues. Elle s’imagine les vagues et au dessus, la montagne. » A.N.
« Cristina traverse son adolescence dans les années 1980, durant la dernière décennie de la dictature roumaine. Élève dans un lycée de province, elle s’éprend d’une camarade de classe issue d’un milieu plus élevé et se découvre une passion pour l’écriture. Mais les diktats imposés par le régime lui barrent le chemin. Jeune adulte, elle s’efforce de naviguer entre les contraintes politiques, familiales et sociales qui pèsent sur les femmes. Elle essaie d’écrire, jonglant entre précarité, censure et autocensure. Avec un humour corrosif, les plus subtils rouages de l’oppression sont mis à nu. »
« Alina Nelega a chamboulé avec Comme si de rien n’était les habitudes littéraires roumaines par un sujet peu abordé jusque là : l’homosexualité féminine. Placé dans un cadre historique précis, mais qui s’éloigne du souvenir des Roumains – la dernière décennie du « règne » Ceausescu -, le livre se présente comme un arrêt sur image de toute la société roumaine. Il y est question de la fameuse Securitate, du contrôle de la sexualité par le Parti, de pénurie, de corruption, de relations interethniques en Transylvanie – où se déroule principalement la narration -, d’abus politiques, de révolte étouffée. Il y est question d’amour et de féminité mais surtout de liberté. »
Pompei Cocean, La Roumanie au début du troisième millénaire. Préface de Jean-Marie Miossec, L’Harmattan, 2021
« À destination d'un public francophone, cet ouvrage est une ouverture sur la Roumanie, avec la volonté d'en donner une image réelle. Le paysage naturel du pays est analysé à travers ses éléments particuliers. Le peuple roumain est présenté à la lumière de son histoire millénaire, pleine de méandres et de contradictions. Pompei Cocean s'intéresse ainsi à la dynamique des structures démographiques, aux interférences ethniques, mais également à la dérive numérique de la période actuelle, une période de transition vers une nouvelle économie et une nouvelle société. D'un point de vue géographique, la Roumanie se trouve à un véritable carrefour, entre l'Occident et l'Orient, offrant de nombreux avantages sur lesquels le pays devrait, selon l'auteur, baser sa vision de développement. »
« Pompei Cocean a effectué son activité de recherche scientifique à l'Institut de spéléologie « Emil Racovita ». Il a été doyen de la faculté de géographie et vice-président de l'Université Babes-Bolyai. Il est le fondateur du Centre de géographie régionale et des revues scientifiques Romanian Review of Regional Studies et Geographia Napocensis. »
Marin Malaicu-Hondrari, Le livre de toutes les intentions, traduit du roumain par Laure Hinckel, Inculte, 2021
« Le narrateur du Livre de toutes les intentions a quitté sa Roumanie natale pour bourlinguer sur les routes d’Espagne et du Portugal, animé par une double obsession : écrire un livre en une nuit et rassembler dans ses pages la vie de tous les grands écrivains suicidés. Qu’il sillonne le pays à bord d’une Lexus « empruntée », garde un garage à l’abandon ou loge dans une sorte de chenil délirant, ses pensées ne s’éloignent jamais vraiment des « embaumés exemplaires », qu’il s’agisse de César Pavese, Sylvia Plath, Cortázar, ou même Diane Arbus, Kurt Cobain. Une femme traverse sa vie, une certaine Iris, qui prend forme dans sa fumée de cigarette ou quand il retrouve « un bout de liste de courses, une pince à linge cassée, quelques grains de riz »…
Dans ce bref récit d’une liberté explosive, Marin Malaicu-Hondrari réussit à mêler road-trip et méditation, amour de la poésie et excès de café, composant de façon inattendue une sorte de galerie à la fois loufoque et érudite des grands suicidés de la littérature, accompagné par une musique endiablée, celle du « tacatacatac ininterrompu des touches » de sa machine à écrire et rêver. »
« Marin Malaicu-Hondrari est né à Sângeorz-Bai en 1971. Cet écrivain roumain, à la fois poète et romancier, est également traducteur de l’espagnol, avec à son palmarès de grands noms comme Roberto Bolaño, Mario Vargas Llosa ou Alejandra Pizarnik. Il a publié un recueil au titre évocateur : Le Vol de la femme au-dessus de l’homme et écrit, en collaboration avec le réalisateur Tudor Giurgiu, le scénario d’après son roman Apropierea pour le film Parking, sorti en 2019. Le livre de toutes les intentions est son premier roman (publié en 2006 en Roumanie). »
Catherine Durandin, Irina Gridan, Cécile Folschweiller, 1918. Nation et revolutions, L’Harmattan, 2022
« 1918, annus mirabilis pour les Roumains, année de l'Union, celle qui ouvre la Grande Roumanie, dont le centenaire fut fêté en grande pompe en 2018. Au-delà des commémorations, c'était l'occasion de réinterroger la complexité du moment, du déroulement, des engagements, des narrations. Car les enjeux de 1918 ne sont pas seulement militaires mais aussi politiques, idéologiques, intellectuels. Les acteurs sont roumains mais également européens. Le moment est national et révolutionnaire. Et cet avènement est aussi un écroulement - celui des empires - dont le nouvel État porte une part d'héritage. Cent ans après, onze spécialistes de la Roumanie et de la République de Moldavie revisitent avec acuité ce lieu de mémoire. Les enjeux d'hier éclairent ceux d'aujourd'hui. »
« Sous la direction de : Catherine Durandin, Cécile Folschweiller, Irina Gridan.
Avec les contributions de : Gavin Bowd, Matei Cazacu, Angela Demian, Jean-Noël Grandhomme, Lucie Guesnier, Alina Pavelescu, Fabien Schaeffer, Florin Turcanu. »