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Une immigration fertile

Essai, Histoire, francophone, Roumanie, Moldavie, Bruno Teissier, BiblioMonde Éditions, Jean-Pierre LongreBruno Teissier, Ces Roumains qui font la France. Deux siècles d’immigration en provenance de Roumanie et de Moldavie, BiblioMonde Éditions, 2020

La France moderne s’est constituée, au fil des siècles et des années et pour une part importante, grâce à des immigrés de différentes origines, de différentes classes, qui ont enrichi de leur savoir-faire, de leur mentalité, de leur sens artistique, de leur histoire familiale et sociale le patrimoine national. C’est l’idée qui sous-tend la collection « Le puzzle français », dont Ces Roumains qui font la France est le second volume, après un premier consacré aux Allemands.

Certes, l’immigration roumaine et moldave, qui comme l’écrit l’auteur « n’est pas significative avant le milieu du XIXe siècle », n’est pas la plus nombreuse. Mais « les Français d’origine roumaine sont d’une grande diversité sociale, culturelle, linguistique, religieuse, politique… », et cette diversité, dont l’une des dominantes est la francophonie, est d’un apport décisif. Le grand public connaît bien sûr quelques noms fameux, ceux de Tzara, Brancuşi, Cioran, Ionesco, voire celui de l’actuelle ministre des sports, Roxana Maracineanu. L’un des mérites de ce livre est de replacer ces noms (et les autres) dans une perspective historique, chaque chapitre étant inauguré par une page précisant le contexte général, à commencer par les liens politiques, universitaires et culturels privilégiés tissés dès le XIXe siècle entre les deux (ou trois) pays. Un autre mérite est d’entrer dans les détails, révélant l’origine roumaine ou moldave de telle ou telle personnalité connue, ou réhabilitant telle ou telle personnalité méconnue. On n’établira pas ici de liste exhaustive, mais il est question par exemple des origines de Gérard Philippe, de Marin Karmitz, de Vladimir Cosma, question aussi des artistes de toutes disciplines (Grigorescu, Enesco, Panaït Istrati, Paul Celan), d’écrivains contemporains tels Ghérasim Luca, Dumitru Tsepeneag, Matéi Visniec, Liliana Lazar, d’hommes politiques comme Robert Badinter, Serge Moscovici, Jean-François Copé, mais aussi de Bernard Natan, qui a joué un rôle majeur dans la société cinématographique Pathé, des nombreux militants qui ont participé à la Résistance, telle Olga Bancic, seule femme du groupe Manouchian, de bien d’autres encore, dont on peut faire ou approfondir la connaissance au hasard des pages, ou en se reportant aux index.

L’abondance des noms aurait pu rendre la lecture de l’ensemble fastidieuse. Ce n’est pas le cas, car les chapitres, parsemés d’illustrations, sont bâtis comme des récits à caractère historique ou biographique, chacun d’entre eux étant consacré à un thème ou à une appartenance (les aristocrates, les Juifs, les Tsiganes, les options politiques, les artistes etc.) et mettant en relief les personnalités les plus intéressantes. Il n’est évidemment pas question, en un peu plus de cent pages, d’épuiser le sujet (certaines figures peuvent souffrir de schématisations ou de partis-pris purement historiques), et on pourrait ajouter quelques noms à une liste déjà longue. Mais libre aux lecteurs, après cela, de s’intéresser de plus près à l’un des sujets abordés ou à l’un des personnages évoqués. Et de retenir l’idée que la diaspora roumaine et moldave a grandement participé à la construction de notre pays, et continue à le faire. 

Jean-Pierre Longre

www.bibliomonde.fr  

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