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récits

  • Avec vue sur la vie

    Nouvelles, récits, Roumanie, Ciprian Apetrei, Alina Marin, Angela Nache Mamier, Mon édition, Jean-Pierre LongreCiprian Apetrei, L’Homme à sa fenêtre, traduit du roumain par Alina Marin et Angela Nache Mamier, Mon édition, 2021

    Faisant mine de s’adresser à un ami depuis longtemps silencieux, l’auteur définit brièvement son livre : « De ta présence si discrète ne restera que ce livre composé des missives que tu m’as envoyées sous formes de nouvelles, des tableaux et des anti-tableaux allégoriques, aux significations philosophiques. » Et c’est un fait : les textes qui composent ce volume, dans leur diversité de tons et de sujets, suivent un chemin au long duquel le réalisme et le merveilleux, le visuel et le verbal, l’humour et la philosophie se succèdent et se mêlent.

    Nouvelles, récits, Roumanie, Ciprian Apetrei, Alina Marin, Angela Nache Mamier, Mon édition, Jean-Pierre LongreIl y a là des souvenirs personnels, des évocations du pays d’origine – Bucarest, Făgăraş, « l’élève Popescu » ou Gheorghe « le Repenti ». Il y a des anecdotes savoureuses telles que celle du fonctionnaire qui roucoule au téléphone au lieu de s’occuper du public ; ou du jeune homme timide qui devient un insatiable don juan ; ou d’une baguette de pain qui réapparaît comme par magie ; ou encore d’une pittoresque dispute dans le RER B, où circulent apparemment « marraine la bonne fée et sa sœur. » Car le merveilleux et même le fantastique côtoient le quotidien ; on est transporté dans l’Olympe pour assister aux amours d’un dieu et d’une fée, on apprend l’histoire de « la Reine aux longs doigts », on pénètre avec un druide, un cerf, un lion ailé et « une princesse cavalière » dans « la forêt des mauvaises pensées. »

    Photographe et philosophe, Ciprian Apetrei ne se contente pas de raconter. Les histoires qui naissent sous sa plume, soutenues par un regard lucide et une pensée structurée, sont aussi celles d’un « rêveur, dubitatif, sensible, distrait et curieux. » Dans un style fluide, qui s’adapte aux situations décrites et aux sujets traités, il donne à imaginer et à réfléchir, en livrant çà et là quelques sentences poétiques, du genre : « L’amour se nourrit de distances appropriées et discrètes », ou « Les gens détestent rester seuls avec eux-mêmes ». Avec L’Homme à sa fenêtre, nous sommes en bonne compagnie et nous renouvelons sensiblement notre vue sur la vie.

    Jean-Pierre Longre

    www.facebook.com/mon.edition.nimes

  • Mémoire et « moments forts »

    Récits, francophone, Roumanie, Cornelia Petrescu, Edilivre, Jean-Pierre LongreCornelia Petrescu, L’Écho de la lumière, Edilivre, 2018

    Les six textes en prose de ce nouveau livre de Cornelia Petrescu (qui a publié plusieurs ouvrages en roumain et en français) révèlent des souvenirs personnels ou collectifs filtrés et poétisés par la mémoire. Si le premier, qui donne son titre au recueil, est un « texte imaginaire » symbolisant la remontée à la source et composé de visions oniriques et fantastiques, les suivants sont fondés sur des « faits réels » entrant dans l’histoire individuelle, de soi ou des autres.

    Les récits sont liés au passé récent de la Roumanie, alors que le pays et ses habitants tentaient de vivre sous le joug de la dictature. On suit les malheurs de cette vieille dame dont la chèvre a commis un sacrilège politique, ce qui a valu à sa propriétaire 18 ans de prison pour « profanation de la direction du Parti »… Le grotesque et le dramatique se confondent… Il y a aussi le sort tragique de ces étudiants de Timişoara « qui ont défilé pour apporter leur soutien à la Perestroïka de Gorbatchev [et qui] ont été exécutés en prison. ». Ou encore les retombées de la catastrophe de Tchernobyl que les lois de la « Securitate » n’ont rien fait pour arranger.

    À côté de cela, de fraîches questions enfantines (par exemple sur les secrets que renferme le cocon du ver à soie) et les belles descriptions de paysages, comme ceux de la Dobrogea en fleurs. Et si l’on sent bien que la langue utilisée par l’auteure n’est pas sa langue maternelle, la « roumanité » de son propos, dans la forme et dans le fond, n’est pas étrangère à la poésie de ces récits tragiques.

    Jean-Pierre Longre

    www.edilivre.com

    www.cornelia-petrescu.info